Cet homme a une solution (parfois) plus efficace que Pôle Emploi pour retrouver du travail
Paul Landowski a une devise: "Le contact d'abord, le CV ensuite". Avec son "Café contact" de l'emploi soutenu par la Région Paca, il met en relation patrons et chômeurs depuis dix ans. Et ça marche
Jérémy ColladoPublié le 11/11/2016 à 12:00, mis à jour le 12/03/2020 à 11:52
Paul Landowski, au milieu, a créé le "Café contact" de l'emploi il y a dix ans pour lutter contre le chômage.DR
"Le principe est clair", précise-t-il. "On fait se rencontrer des chefs d'entreprise avec des chômeurs, en privilégiant le contact". L'échange a souvent lieu dans un bistrot, un restaurant, ou plus récemment au Hard Rock Café, à Marseille, où plusieurs centaines de personnes ont passé des entretiens express. "C'est toujours une histoire d'offre et de demande", résume Christian Estrosi, qui vante des initiatives concrètes qui déjouent les pronostics des "énarques et des technocrates qui pensent qu’on a tout essayé contre le chômage".
Tout part d'un constat d'échec: Pôle Emploi offre trop souvent un chemin de croix pour ceux qui veulent retrouver un emploi. Temps d’attente interminable, entretiens qui ne débouchent sur rien, solutions loin d’être personnalisées: débordé, Pôle Emploi ne parvient pas à remplir ses objectifs. Selon un rapport de la Cour des Comptes publié en juillet 2015, Pôle Emploi n'offre une issue qu'à 13% des chômeurs qui passent entre ses mains. Il faut dire qu'un conseiller s'occupe en moyenne de 120 à 150 "profils", contre 60 il y a encore six ans. Dans le Var et les Alpes-Maritimes, c'est en moyenne un conseiller pour... 584 chômeurs!
"Pôle Emploi, c'est l'institution", résume Paul, qui ne se voit pas comme un concurrent, mais plus comme une solution "alternative". L'institution, d'ailleurs, ne leur apporte pas de candidats. Ce sont surtout les médias qui attirent ces chômeurs en quête d'une solution, parfois de dernière minute. "Chez nous, les portes et les fenêtres sont grandes ouvertes".
"Au lieu d'envoyer des CV, j'ai dit aux employeurs de venir me rencontrer"
Paul, lui, s'enorgueillit d'avoir suscité 181 rencontres en dix ans, réunissant 20.000 candidats et 2.500 employeurs. Résultat: "100% d'entretiens" et 8 % de retour à l'emploi. Pas mal. "Je préfère parler d'histoires humaines plutôt que de chiffres", prévient Paul, qui a débuté en 2006. Soit bientôt dix ans en arrière.
"A l’époque, au lieu d’envoyer des CV sans réponse, j’ai dit aux employeurs de venir me rencontrer au café Brant, à Strasbourg", rembobine le bonhomme. "Deux ou trois sont venus et se sont dit que c’était original". France Bleu commence à parler de l’initiative. Paul reconduit l’opération en janvier 2007. Cette fois, quinze entreprises mordent à l’hameçon. 100 personnes en recherche d’emploi se rendent sur les lieux. A tel point qu’après plusieurs mois, Paul retrouve du travail dans une boîte d’informatique embarqué pour les transports poids lourds. "J'avais une expérience de commercial mais à 46 ans, je n’étais plus vraiment sexy".
Christian Estrosi à Marseille pour tirer un premier bilan du partenariat avec Alexandre Jardin.DR.
Un deuxième CDD après, où il s’occupe de trouver des nouveaux clients pour donner des boulots aux détenus de la prison de Mulhouse, et Paul fait du "Café contact" son job à plein temps. "C’est mathématique: c’est dans l’action et par l’action que ça marche. Un type au chômage qui crée un outil pour aider les autres à trouver du travail, c’est qu’il y a un problème, non?", s’interroge Paul.
Avec l’appui du Fonds social européen (FSE), il obtient un premier financement en 2009. Et devient salarié à plein temps de son entreprise. Les commandes affluent. De Paris. Il organise même un "Café contact" au café du Théâtre, près de l’Esplanade de la Défense.
"En France, on est vraiment formatés"
Aujourd’hui, son mouvement s’implante dans le Sud avec l’appui d’Alexandre Jardin, qu’il rejoint dans le mouvement "Bleu-Blanc-Zèbre". "On est détachés des codes traditionnels. On est pas dans le coaching, on est à la renverse", remarque Paul. "Ce qui marche, c’est d’être authentique. En Allemagne, certains contrôleurs de train sont des types aux cheveux longs, des punks en costume. Ici, jamais de la vie. En France, on est vachement formatés. Nous, on déformate. Mais on ne vend pas du rêve. On a un outil qui fonctionne, qui vient du terrain et de la société civile. Le comble, c'est qu'on est sollicités par les politiques…"
En l’occurrence Christian Estrosi qui, avec la région Paca, a signé un partenariat avec les Zèbres en échange de dix actions concrètes. Un premier "Café contact" a eu lieu à Marseille le 19 octobre, avec 18 employeurs présents et 300 entretiens. Trois autres vont suivre. Puis deux sont prévus à Nice courant 2017. Le prochain se déroulera à Avignon le 24 novembre.
"Plus de la moitié des candidats qui vont dans ces événements n'ont pas eu d'entretien depuis six mois. Pour retrouver du boulot, il faut déjà obtenir des entretiens…", philosophe Paul. Qui se fixe déjà la prochaine étape: "On aimerait trouver un mécène privé de taille national qui nous finance. Je lance d’ailleurs un appel. Et si c’était un laboratoire qui vend des anxiolytiques? En fait, nous, on est un médicament social…"
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