Malgré une dette publique "excessive", l'action en faveur de la transition écologique reste "vitale" et "urgente" pour combler les "retards préoccupants" et les résultats "insuffisants" de la France, a exhorté ce mardi 16 septembre la Cour des comptes.
"Le statu quo n'est pas une option (...) Il est vital de répondre à l'urgence écologique", a déclaré lors d'une conférence de presse à Paris le premier président de cette institution, Pierre Moscovici.
Pour lui, "une action rapide, ordonnée et planifiée constitue le seul chemin rationnel", au moment où "nous avons une dette excessive".
Alors que l'écologie semble passée "un peu au second plan", selon Pierre Moscovici, "il faut remettre la lutte contre le changement climatique au rang des premières préoccupations" de l'État.
"Il n'y a pas d'opposition entre une meilleure gestion des finances publiques et les politiques de transition écologique", a-t-il souligné. Et elles ne doivent pas être considérées "comme une victime ou une variable d'ajustement".
Les Sages de la rue Cambon ont publié leur premier rapport annuel sur la transition écologique, avec de multiples recommandations.
Ne pas opposer situation budgétaire et action environnementale
Les magistrats constatent une situation "dégradée" pour l'environnement. Une action "urgente", "vigoureuse" et mieux planifiée est nécessaire face à l'accélération du réchauffement climatique, à l'effondrement de la biodiversité et aux pollutions et pour affronter des coûts, qui ne vont faire qu'augmenter "avec le retard pris dans la conduite des transformations".
La Cour des comptes préconise de fixer des objectifs sectoriels et chiffrés de réduction de l'empreinte carbone au sein de la Stratégie nationale bas carbone (SNBC), notamment pour les émissions de gaz à effet de serre liées à la consommation des Français. Les émissions dues aux biens importés seraient intégrées.
La Cour aimerait renforcer le rôle du Secrétariat général à la planification écologique (SGPE), aujourd'hui "fragilisé".
Par ailleurs, "il apparaît indispensable de mieux articuler les programmations climatiques et des finances publiques". La Stratégie pluriannuelle des financements de la transition écologique, présentée pour la première fois à l'automne 2024, pourrait être transmise au Parlement "au printemps de chaque année, en amont de la procédure budgétaire".
Des efforts "plus suffisants" en matière de baisse de gaz à effet de serre
Les politiques publiques déjà engagées en matière de transition écologique "produisent des résultats positifs, mais encore fragiles et parfois insuffisants", souligne la Cour.
Concernant les gaz à effet de serre, les données 2024 indiquent que les efforts "ne sont désormais plus suffisants pour remplir les objectifs climatiques" de la France, soit 55% de réduction d'ici à 2030 et la neutralité carbone d'ici à 2050.
"Le coût de la transition écologique" est "bien inférieur à celui de l'inaction" et va s'accentuer, projettent les Sages.
Une inaction très (très) coûteuse
Citant un rapport en juin de la Banque de France, la Cour rappelle qu'un statu quo des politiques menées face au dérèglement climatique conduira à une perte de 11,4 points de croissance du PIB pour la France d'ici à 2050.
Selon les dernières estimations, "les besoins annuels estimés pour couvrir tous les volets de la transition écologique représentent le double des financements actuellement mobilisés, acteurs privés et publics confondus", lit-on dans le rapport. Ces besoins s'élèvent à plus de 200 milliards d'euros par an.
Pour satisfaire ces besoins, la Cour des comptes recommande d'associer financements publics et privés. Si "le désinvestissement public n'est pas concevable", souligne M. Moscovici, la rentabilité de tels investissements doit être mieux démontrée.
"Investir tôt et massivement dans la transition écologique est un impératif environnemental autant qu'une décision rationnelle et économiquement pertinente", explique-t-on dans le rapport. Car "chaque euro investi en prévention permet d'économiser jusqu'à trois euros de dommages évités".
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