Cette enfant des Moulins réalise son premier court-métrage à Nice, on vous raconte son parcours inspirant

Avec l’association Éveil ton art, dont elle est adhérente, Délinda Rémy, une enfant du quartier des Moulins, à l’ouest de Nice, a réalisé son premier court-métrage, Neyla. Elle raconte son parcours, de la chimie analytique à la mise en scène.

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Claire Camarasa (ccamarasa@nicematin.fr) Publié le 04/02/2025 à 20:00, mis à jour le 05/02/2025 à 09:23
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Neyla, c’est le nom que Délinda Rémy a souhaité donner à son film et à son personnage principal. Un prénom d’origine arabe et latine qui signifie "jour de la naissance". La naissance de cette réalisatrice en herbe qui vient d’accoucher de son premier court-métrage, à l’aube de ses 30 ans. Mais avant Neyla, il y a tout une histoire à raconter. Et elle commence en 2013, quand Délinda adhère à l’association Éveil ton art (AETA).

"J’avais 17 ans et j’ai croisé la route de l’association lors d’un concours de chant, se rappelle cette brune aux yeux de biche. J’y ai ensuite suivi des cours de chant et d’expression scénique."

À cette époque-là, Délinda fait des études de chimie, même si "le théâtre est un rêve d’enfant". Une licence professionnelle de chimie analytique en poche, elle est prise en intérim dans une entreprise monégasque où elle restera un peu plus de trois ans. "Ils ont eu l’occasion de me donner un CDI mais ils ne l’ont pas fait, se souvient-elle. Alors que j’étais très consciencieuse et que je me donnais à fond."

"Mettre en avant l’association Éveil ton art"

Le chapitre sur la chimie définitivement clos, Délinda se lance dans sa passion.

"Je suis partie à Paris avec mes économies et j’ai fait des stages, raconte-t-elle. Puis j’ai intégré le Centre des arts de la scène où j’ai passé deux ans."

Durant cette période, elle entend beaucoup parler de courts-métrages. Et décide de monter son projet en 2023 en revenant à Nice.

"Il était important pour moi de mettre l’association Éveil ton art en avant, poursuit Délinda. Hanen [1] m’a toujours poussée en me disant que rien n’était impossible."

Elle poursuit: "Je me suis découverte et l’association m’a été d’une grande aide dans ma construction de femme. Elle met ses artistes sur le devant de la scène et ça nous donne de l’assurance."

Délinda réfléchit à un scénario, réalise des stages avec de jeunes danseuses de l’AETA pour y trouver ses actrices. "Kamila est apparue comme une évidence, sourit-elle. Même si elle est à l’opposé du personnage principal, Neyla, elle a la même détermination et la même passion pour la danse."

Car l’histoire se passe au cœur des Moulins. Neyla, une jeune fille du quartier, perd sa maman à l’âge de 8 ans et tombe dans la délinquance. C’est sa passion pour la danse qui va la sauver.

"Plusieurs histoires de l’association ont été mélangées, indique Hanen Gani, la directrice de l’EATA. Cela fait référence à deux parcours bien précis."

"J’ai dû apprendre dans les livres"

En plus du casting, il faut aussi gérer toute la partie administrative et trouver le financement de ce projet.

Après quelques péripéties, un dossier de demande de subventions égaré et une absence de financement, le projet suit son cours. "Il était hors de question de ne pas le faire, affirme Hanen. Nous avons donc beaucoup financé de notre poche."

Restait à composer l’équipe de tournage. "J’ai dû apprendre dans les livres ce qu’il fallait faire pour tourner un film", s’amuse Délinda.

Au moment de ses recherches, elle joue dans une comédie musicale où elle rencontre Luca Goudon, réalisateur de pub spécialisé dans l’alimentation. Et tente de le convaincre de participer à son aventure.

"Je n’avais pas le temps, rembobine celui qui a fini par craquer pour le projet mais aussi pour sa réalisatrice. Je me suis finalement chargé de toute la partie technique. C’est un monde très différent de la publicité."

Le tournage démarre en octobre 2023. Parmi les lieux utilisés, on trouve la tour 14 des Moulins, le foyer Buenos-Ayres, l’association SOS Réussite scolaire, l’AnimaNice Bon-Voyage et le complexe sportif Mercantour.

S’il a duré une semaine, il a fallu y ajouter des dizaines d’heures de travail supplémentaires pour tout ajuster jusqu’à la dernière minute. "Je ne regrette pas du tout d’avoir quitté mon ancien travail, lance la jeune réalisatrice. J’étais au mauvais endroit."

Le début d’une carrière prometteuse pour Délinda. "Avec Luca, nous avons lancé une chaîne YouTube, nous voulons tous les deux être acteurs, souffle-t-elle. Il ne faut jamais s’interdire de rêver. On n’est jamais trop ambitieux."

1. Hanen Gani, cofondatrice et directrice de l’association Éveil ton art.

Tapis rouge pour l’avant-première

Le film a été présenté en avant-première à Megarama, il y a quelques jours, à une poignée de privilégiés. « Nous avons projeté des interviews en introduction pour présenter le projet, explique Hanen Gani, la directrice de l’association Éveil ton art. Le film, qui dure une quinzaine de minutes, a ensuite été diffusé. » Elle ne cache pas être « fière de tout ce qu’on a fait ». Car l’ambition était aussi de montrer « qu’on sait faire de belles choses dans les quartiers ». « Rien n’est impossible à qui s’en donne les moyens, peu importe d’où tu viens, martèle-t-elle. Ce film est un message d’espoir. »
L’idée est aussi de faire vivre le film, pas encore disponible pour le grand public, après d’autres associations ou d’établissements scolaires. « J’ai déjà eu plusieurs demandes de diffusion », se réjouit Hanen. Cette première diffusion a rencontré un vif succès et une interrogation, quasi unanime : « Y aura-t-il un Neyla 2 ? » La réponse est oui.

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