"Les meilleurs seront devant !" Le pilote français Jean-Eric Vergne met les doigts dans la prise du 5e Monaco E-Prix

Après une saison 2021 « frustrante », Jean-Eric Vergne a redémarré plus fort. En tête du championnat du monde FIA Formule E avant la course monégasque dont le départ sera donné ce samedi à 15 h, le Français veut conduire à nouveau l’équipe DS Techeetah vers les sommets.

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Gil Léon Publié le 29/04/2022 à 08:45, mis à jour le 30/04/2022 à 10:39
Jean-Eric Vergne: "Il ne faut pas se laisser submerger par la magie de Monaco". Photo DPPI

Il a entamé la semaine en soufflant sa 32e bougie d’anniversaire, lundi. Peut-être qu’il la finira en s’offrant un somptueux cadeau... Déjà vainqueur du Monaco E-Prix en 2019, la saison de son deuxième titre de champion survolté - après 2018 -, Jean-éric Vergne se verrait bien doubler la mise sur les tablettes rouges et blanches, ce samedi. Sevré de succès depuis plus d’un an, le seul Français du paddock Formule E a retrouvé le chemin du podium à Mexico (3e) puis à Rome (2e de la course 2). De quoi commencer à oublier cet exercice 2021 loin d’avoir répondu aux attentes (10e du classement pilotes). De quoi, aussi, et surtout, aborder l’imminent épisode 6 avec une courte tête d’avance. En position de force pour accélérer l’opération reconquête de l’écurie DS Techeetah...

Jean-Eric, l’autre dimanche, à Rome, on vous a senti plus déçu d’être passé de justesse à côté de la victoire que content d’avoir pris les commandes du championnat pilotes. Vrai ou faux?

Quand on part en pole position au volant d’une auto performante, forcément, on veut gagner. Si le succès ne se trouve pas au bout du chemin alors que vous avez tous les atouts en main, ressentir une certaine déception, ça me semble normal. Il ne s’agissait que de la cinquième course d’une saison qui en compte quinze. Aujourd’hui, c’est beaucoup trop tôt pour penser au championnat, pour jouer les épiciers. À quoi bon se réjouir de mener la danse lorsque les écarts s’avèrent aussi ténus? Occuper la tête de la hiérarchie provisoire où la 4e place à 5 points du leader, maintenant, c’est pareil, ça ne garantit rien. Un pilote, il se bat d’abord pour finir le plus haut possible. Pour la victoire. Elle nous a échappé à Rome. Donc on va essayer de rectifier le tir à Monaco.

Deux podiums et 60 points au compteur, vous auriez quand même signé pour un tel début de saison avant le top départ, non?

C’est le tableau de marche que l’on avait prévu, en effet, même si nous ne possédons pas de boule de cristal. Compte tenu du nouveau format de qualifications beaucoup plus juste mis en place cette année, on savait que notre travail allait être récompensé. En 2021, tout le boulot accompli au simulateur avant chaque course tombait à l’eau quand sonnait l’heure de la qualif’. En tant que membre du top 5 du championnat, vous étiez condamné à balayer la piste dans le groupe 1, donc à partir en fond de grille. Extrêmement frustrant! Ce changement de système nous a tous regonflés, moi le premier. Désormais, si vous arrivez avec une voiture efficace, si vous figurez aux avant-postes lors des essais libres, vous récolterez les fruits de votre job ensuite.

Cette 10e place finale au championnat 2021, vous l’avez ruminé un peu, beaucoup ou pas du tout?

Franchement, ce championnat, je l’ai zappé dès le lendemain de la dernière course. Il fallait vite l’oublier, le jeter à la poubelle. Allez expliquer à votre famille, aux amis, aux partenaires le pourquoi du comment d’un règlement... Pourquoi vous vous retrouvez à batailler en fond de peloton après avoir gagné la course précédente. Les gens, ils s’en foutent de la règle du jeu. Ils veulent voir le pilote qu’ils supportent obtenir des résultats, prouver sa valeur. L’an dernier, si on ne m’expédie pas dans le décor lors de la dernière course, je serai monté sur le podium du championnat au lieu de finir 10e. Ce fut tellement aléatoire. On avait l’impression de jouer à la roulette russe... Là, croyez-moi, les classements reflètent vraiment le potentiel des uns et des autres. Et à la fin, nul doute que les meilleurs seront devant.

À un moment, avez-vous songé à tirer un trait sur la Formule E?

Si le championnat était reparti sur les mêmes bases, vous ne me verriez pas ici aujourd’hui. La refonte du système de qualifications a été déterminante. Elle a agi comme un coup de boost, cet hiver. Je n’ai jamais travaillé autant entre deux saisons. Avec l’envie de remettre les pendules à l’heure, ou l’église au milieu du village, comme on dit.

Il y a un an, à Monaco, votre coéquipier, Antonio Félix Da Costa, avait fait carton plein: pole position et victoire. Dans quel état d’esprit abordez-vous l’édition suivante? Un brin revanchard?

Je me rappelle de cette chasse à la pole. J’avais fini 4e à 4 centièmes. Après, pendant la course, l’auto fonctionne bien mais je loupe mon "Attack Mode" (surplus de puissance temporaire, ndlr). Une faute qui me coûte cher. Je réussis quand même à remonter de la 8e à la 4e place lors des cinq derniers tours. Demain (ce samedi), si l’auto s’avère aussi performante, j’espère bien pouvoir jouer la gagne. Ceci dit, il ne faut pas se laisser submerger par la magie et l’histoire de Monaco. Si je ne dois décrocher qu’une victoire dans l’année, je choisis celle-là, bien sûr. Mais en fin de compte, mieux vaut remporter le titre que l’E-Prix de Monaco. Voyons ce que le scénario à venir nous réserve. Si le succès est possible sans tenter le diable, on fonce! Sinon, gardons la tête froide et pensons à engranger des gros points. Pour moi, le mot-clé, c’est constance.

En 2022, les Formule E empruntent le tracé du Grand Prix de Monaco sans aucune modification. Bonne décision?

Ah oui! Pour les organisateurs, c’est plus simple. Pas besoin d’ajouter une chicane ici ou là. Et pour nous, c’est plus sympa. L’an dernier, je ne sais pas pourquoi il y avait cette espèce de mur. Je préfère la piste F1. La grande. La vraie. L’unique.

Pensez-vous que la pole est aussi prépondérante en Formule E qu’en F1?

Elle ne l’est pas parce que nous, on se double plus facilement. En F1, vous pouvez rouler une seconde au tour plus vite que le gars qui vous précède sans jamais parvenir à le dépasser. En Formule E, on peut très bien remporter la course en partant 5e. Avec la pleine puissance, on peut gagner une place sans problème. Encore faut-il qu’il vous reste ensuite suffisamment d’énergie pour tenir le rythme et la distance...

Justement, le tracé F1 est-il plus énergivore?

Difficile à dire. Il y a du relief à Monaco, d’accord. Mais la balance s’équilibre toujours. Après avoir consommé plus en montée, vous économiserez plus dans la descente suivante. À partir du moment où la durée de la course est en nombre de minutes et non en nombre de tours, chacun doit résoudre le même problème. Établir la meilleure stratégie pour faire la différence.

La Formule E Gen 3, qui entrera en piste l’an prochain, vient d’être dévoilée à Monaco. Vous avez hâte de la prendre en main?

Oui, je suis impatient de mesurer la différence, les progrès. Cette nouvelle auto va permettre à la discipline de faire un grand bond en avant. La puissance augmente. On pourra régénérer beaucoup plus d’énergie. La taille des batteries diminue. La voiture est plus légère. Tout va dans la bonne direction.

Vous allez affûter cette Gen3 en parallèle du développement de l’Hypercar Peugeot 9x8 dont le baptême du feu en championnat du monde d’Endurance se profile à l’horizon. Durant les prochains mois, il y aura assez de jours pour tout faire?

Mes semaines sont toujours bien remplies. Certains disent que les pilotes se la coulent douce, ont la belle vie. Moi, j’ai l’impression d’avoir un boulot à temps plein. Tenez, la semaine dernière, j’ai piloté la Peugeot et préparé l’E-Prix de Monaco au simulateur. Les missions s’enchaînent. Bien sûr que le calendrier ne va pas s’alléger avec l’arrivée de la Gen3 et les premières courses d’endurance sur la 9x8. Mais pas question de se plaindre. C’est ma vie, elle me plaît. Comme n’importe quel pilote, plus je roule, mieux je me porte!

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