Chiffres, anecdotes... A la découverte de la tour de la direction de course du circuit de Monaco

Quatre étages d'acier, surmonté d'un très vaste espace réservé aux invités avec une vue imprenable sur la Piscine et la ligne de départ et même plus loin jusqu'à la sortie du tunnel.  Le poids d’un Airbus A380, soit 540 tonnes posées sur un châssis d’une centaine de tonnes… Bienvenue à la direction de course du circuit de Monaco.

Un bâtiment unique au monde qu’arpente quotidiennement Ronan Le Gallou, directeur technique des évènements à l'Automobile Club de Monaco dans lequel se côtoient les officiels, l’Automobile Club de Monaco, mais aussi la FIA. Pour y rentrer, il faut montrer patte blanche, autorisation autour du cou.

Dans les premiers étages, des bureaux. Plutôt calmes en ce jeudi. Seule animation, la "salle de contrôle" où des dizaines de caméras sont braquées sur le circuit. Ambiance studieuse et concentrée.

Pour Ronan Le Gallou, ce bâtiment dont il connaît les moindres recoins, c’est un peu sa seconde maison, en période de courses. Son boulot ? "Gérer le montage et le démontage du Grand Prix" qui nécessitent pas moins de 200 personnes. Le circuit, il le connaît par cœur : "Je m’occupe des bâtiments, de la partie piste, du rail, du grillage, de toute la sécurité".

Demandez-lui ce que vous voulez, Ronan Le Gallou est incollable. Il connaît même le nombre de boulons nécessaires à l’installation d’une plateforme. Des boulons qui sont, par ailleurs, usinés et changés chaque année. Question de sécurité. Quant au nombre de kilomètres de câbles nécessaires à son fonctionnement, même chose, la bête n’a pas de secret pour lui: "Il y a quarante kilomètres de câbles dans la tour. "

Une planification colossale

Chantier millimétré et chronométré à la minute, la tour de direction de courses est la structure montée en premier lieu. Elle se dresse chaque année depuis 2016 sur le circuit. Un ouvrage colossal qui nécessite un travail d’une semaine nuit et jour depuis son entrepôt de stockage sur le site de la Brasca à Eze. "Tous ses modules sont hors gabarit, on doit les transporter de nuit : pour entrer et passer dans les rues de Monaco, c’est plus facile", explique Ronan Le Gallou. "Un beau bébé", selon ce dernier.

Une savante imbrication de plusieurs modules, montée à la vitesse grand V par une dizaine d’ouvriers de l’Automobile Club.

Pour le montage de cette tour, le principal ennemi, ce n’est pas la finance mais plutôt la météo : "On peut travailler quand il fait froid mais on ne peut pas travailler sous la pluie, lorsqu’il y a des orages. Nous avons un calendrier extrêmement serré, si on perd une nuit, c’est la catastrophe !" En d’autres termes, le moindre grain de sable peut venir enrayer la machine et "cela se répercute du début à la fin sur la planification". Et là, parler de retard est inenvisageable. 

"Ce bâtiment n’est qu’un bout du puzzle. Tout est imbriqué, explique-t-il. On monte une partie de la tour, on s’arrête pour faire autre chose, puis on revient finir le travail… Il faut que toutes les entreprises puissent travailler, en même temps, tout autour du chantier."

Faire face aux imprévus 

Cette année, tout s’est bien passé mais en 2023, petit problème : "Mes ouvriers n’arrivaient pas à monter l’une des plateformes de la terrasse. Il y a eu un problème de repérage, ils avaient inversé deux structures. Quand l’entreprise est arrivée pour vérifier, il manquait une attache. Il a fallu aller chercher une grue de 200 tonnes pour aller récupérer la pièce. " Problème réglé. Merci la grue et le grutier.

Mais les péripéties ne s’arrêtent pas là : "Le bâtiment est alimenté par deux sources électriques, lors du montage, une personne a donné un coup dans le câble, il est allé se coincer sous la charpente. Quand vous avez un bâtiment de 500 tonnes, même si la structure est rigide, elle descend. Nous avons du lever la structure pour récupérer le câble. Un beau challenge"

A côté de ce travail de montage, il lui faut parer à tous les imprévus durant une course, comme une grue de 60 tonnes qui tombe en panne sur le circuit dans un virage. "C’est déjà arrivé", rigole l’expert. "Dans ce cas, on prend deux camions, on tire dessus et on l’enlève".

Une gestion des imprévus qui peut peser sur des nuits parfois très courtes. Lorsqu’on lui demande s’il dort bien la nuit, Ronan Le Gallou confesse en rigolant : "Pas vraiment ! "