Alors que le tunnel routier du col de Tende a récemment rouvert à la circulation en alternat depuis fin juin, plusieurs voix s’élèvent quant à la nouvelle ampleur du flux routier. Le maire de Fontan, Philippe Oudot, adressait récemment un message de vigilance à l’attention des usagers de la route dans la vallée [lire notre édition du mardi 8 juillet]. L’association Roya Expansion Nature (REN) tire également la sonnette d’alarme sur une thématique plus large.
Si elle reconnaît que ce rétablissement est majoritairement bien accueilli par les habitants de la vallée, elle met en garde contre les effets à long terme d’un projet de doublement des voies, prévu dans une phase ultérieure.
"Nous sommes actuellement dans une période transitoire", indique l’association environnementale, qui redoute un "appel de trafic" massif lorsque les deux tubes — un dans chaque sens — seront en service.
D’après elle, ce scénario est explicitement évoqué dans l’étude d’impact de 2007 et entraînera une dégradation de la qualité de vie dans la vallée: pollution, bruit, dangers accrus et une RD6204 de moins en moins accessible pour les habitants.
Un "alternat mieux optimisé" contre "l’escalade financière"
L’association REN s’interroge par ailleurs sur la nécessité de réaléser le tunnel historique. Selon ses membres, celui-ci répondait déjà aux normes de sécurité pour une circulation unidirectionnelle et pourrait être conservé comme voie de secours ou d’usage doux, sans nécessiter d’importants travaux techniques et coûteux. "Un alternat, mieux optimisé, pourrait devenir une solution durable", avance l’association, en évoquant la possibilité de réduire les temps d’attente grâce aux aménagements réalisés sur la route d’accès.
L’association dénonce également une forme "d’escalade financière" autour d’un projet qualifié de "Grand Projet Inutile", estimant que les fonds publics investis pourraient être réorientés vers la modernisation de la ligne ferroviaire, qu’elle juge en grande souffrance.
Les premiers jours de circulation post-réouverture confirment, selon REN, ses craintes: vitesse excessive et nuisances sonores sont déjà au rendez-vous. L’organisation s’inquiète surtout de la pression future des transporteurs et cimentiers pour obtenir une levée de l’interdiction actuelle des poids lourds de plus de 19 tonnes, inscrite dans un arrêté préfectoral de 2017. "La RD6204 n’est pas adaptée à ce type de trafic", rappelle-t-elle.
Enfin, REN interpelle directement le conseil départemental, principal investisseur dans les travaux de réfection de la route depuis 2020. Elle demande qu’une petite partie des budgets soit dédiée à des aménagements concrets pour limiter les impacts de la réouverture: ralentisseurs, zones 30km/h, radars pédagogiques (voire répressifs en cas d’incivilité), dispositifs de détection des poids lourds, capteurs de pollution de l’air et analyses de la qualité de l’eau.
"Nous sommes à disposition pour en discuter", conclut l’association.
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