Comment aider son enfant à surmonter un traumatisme?

Accident, deuil ou divorce, les conséquences psychologiques sur un enfant peuvent être importantes. Comment l’aider à faire face tout en développant sa propre résilience ? Emilie Perreard, psychopraticienne à Mougins livre son analyse.

La rédaction Publié le 11/03/2025 à 14:30, mis à jour le 11/03/2025 à 14:30

Cassandre et ses parents vivent des nuits chaotiques depuis quelques semaines. La fillette de 10 ans ne parvient pas à s'endormir. Elle se relève sans arrêt, demande à être rassurée. Le papa, résigné, finit inexorablement par s'asseoir près d'elle en attendant qu'elle tombe enfin dans les bras de Morphée. Mais quelques heures plus tard, ce sont les cauchemars de la fillette qui tirent toute la famille du sommeil.

Ces épisodes ont débuté peu de temps après le décès brutal de la tante de Cassandre dans un accident de la route. Si les parents eux-mêmes, choqués et touchés par cette perte, ont des difficultés à l'évoquer, ils sont conscients de son impact sur le sommeil et le bien-être de leur fille.

L'impact du traumatisme

On peut parler d'épreuve traumatisante lorsqu'un événement bouleverse le sentiment de sécurité et le bien-être émotionnel d'un enfant. Dans le cas de Cassandre, perdre un membre proche de sa famille de façon brutale a engendré un choc intense. L'incompréhension se mêle à un sentiment d'irréalité et à une profonde tristesse. Les cauchemars et le besoin de réassurance chaque soir témoignent de l'angoisse générée par cette perte soudaine. Cassandre est également touchée par la douleur qu'elle décèle chez sa mère.

Le traumatisme a un impact immédiat sur toutes les sphères de la vie de l'enfant. Le monde de Cassandre semble avoir basculé. Il n'est plus ni sûr, ni stable. Personne n'y est plus en sécurité. Tout peut arriver. Particulièrement à ses parents, qu'elle peine à quitter chaque matin.

Des manifestations diverses

Comme Cassandre, face à une épreuve traumatisante, certains enfants développent un sentiment général d'insécurité et une angoisse de séparation, craignant que d’autres proches ne disparaissent soudainement. Ces enfants éprouvent de l'anxiété pendant les journées d'école. Leur concentration en classe est souvent perturbée, car leurs inquiétudes occupent généralement leurs pensées. Ils ne se sentent apaisés qu'une fois chez eux, entourés de leur famille. Même le moment du coucher, parce qu'il implique une séparation d'avec les parents, peut leur paraître douloureux. Ils commencent à refuser de passer la nuit chez des amis ou chez leurs grands-parents.

Les changements de comportement sont également fréquents. Les enfants peuvent se montrer plus agités, plus irritables. Certains se replient sur eux-mêmes ou développent une dépendance accrue à l’égard d'un parent. Des signes physiques comme des maux de tête ou de ventre peuvent également être présents.

Il est crucial d'identifier ces manifestations et de proposer un accompagnement adapté afin d’éviter qu'elles s'installent durablement et freinent le développement de l'enfant et l'équilibre du parent.

Soutenir son enfant

Le rôle du parent est, dans un premier temps, d'encourager son enfant à exprimer ses émotions. Il ne s'agit pas de le forcer à parler, mais plutôt de lui montrer qu’il peut s’exprimer librement. S'il lui est difficile de verbaliser, on peut lui proposer d'utiliser le dessin, l'écriture ou le jeu.

Dès l'âge de trois ou quatre ans, les "cartes émotions" constituent un excellent support. L'enfant pourra apprendre à mettre des mots sur ses ressentis. Pour les plus grands, un carnet intime peut être proposé, qu'il choisira de partager ou non. Quel que soit le medium utilisé, on le laissera alors dire sa tristesse, sa colère et ses peurs sans minimiser son ressenti.

On pourra ensuite lui proposer des outils apaisants, comme des histoires sur le deuil, des techniques de relaxation ou encore des activités artistiques et physiques, qui l’aideront à libérer les tensions accumulées.

Prendre soin de ses propres émotions

Le parent pourra également partager ses émotions de manière calme et authentique. Cela rassurera l’enfant sur le fait qu’il n’est pas seul face à ce qu’il ressent. De plus, il perçoit les émotions de ses parents même si elles ne sont pas exprimées. Il est donc vain de les cacher. En montrant au contraire que l'on peut vivre une émotion forte, la verbaliser et avancer, on offre un modèle de gestion émotionnelle saine. Cela aide l’enfant à intégrer l’idée que, même après une épreuve difficile, il est possible de faire face et d’aller mieux.

Néanmoins, certains parents ne sont pas en capacité à ce moment-là de proposer ce modèle, car trop ébranlés par leurs propres émotions, auxquelles se rajoutent souvent un stress intense, une culpabilité ou un sentiment d'impuissance face à la souffrance de leur petit. Un parent débordé par tout cela aura plus de difficultés à accompagner son enfant. Celui-ci aura d'ailleurs tendance à moins se confier, car il sera conscient de la vulnérabilité de l'adulte. Il est alors nécessaire que le parent puisse trouver du soutien auprès de ses proches, de sa famille ou d'un professionnel. Pour lui-même et pour son enfant.

Construire une résilience familiale

À la maison et dans la mesure du possible, conserver les habitudes et routines permettra de maintenir un cadre sécurisant et rassurant. On pourra également en créer d'autres afin de partager des moments de réconfort. La tristesse n'empêche pas d'éprouver des sentiments agréables de temps en temps. Les pensées positives accroissent le bien-être émotionnel.

Pour tenter de se consoler en réintroduisant un peu de joie dans leur quotidien, parents et enfants pourront dresser une liste de choses qu'ils aiment faire individuellement ou ensemble.

Afin de rassurer son enfant et de développer sa pensée optimiste, le parent pourra véhiculer un message d'espoir. Avec le temps, même les émotions les plus intenses finissent par s'apaiser. Un jour, Cassandre et ses parents pourront parler de leur proche disparue avec un peu plus d'apaisement, un peu moins de colère ou de larmes. Un jour, la joie reviendra, l'angoisse diminuera. La famille se reconstruira. Garder confiance en un avenir heureux permet d'avancer.

La résilience se développe avec le temps et le soutien. Cette compétence sera ensuite utile pour toute la vie.

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