Comme la nature, le trafic de stups a horreur du vide. Car c’est vraisemblablement pour l’emprise sur des points de deal que de nouvelles violences ont éclaté jeudi soir dans le quartier de la Frayère à Cannes-la-Bocca.
Vers 21h30, la police a été requise pour une rixe au pied d’immeubles dans la résidence Sainte-Jeanne (qui aurait impliqué une vingtaine de belligérants), avenue des Buissons-Ardents.
Des équipages de police secours et de la Bac se sont déplacés en nombre, avec les renforts de la police municipale. Trois hommes ont été interpellés sur place, dont deux étaient légèrement blessés au couteau.
Mais les forces de l’ordre sont également à la recherche de trois autres suspects, encagoulés et armés, qui auraient tiré en l’air à leur passage en voiture dans la cité. Grâce à la vidéosurveillance municipale, leur véhicule a été retrouvé, abandonné à proximité du stade de Coubertin. De même qu’un fusil Kalachnikov. Mais les occupants ont pris la fuite, tandis que les trois suspects interpellés ont été placés en garde à vue au commissariat de Cannes.
"La Pax romana aura duré le temps d’un été à la Frayère"
Des événements qui semblent à nouveau témoigner d’une lutte de territoire entre bandes rivales, alors qu’au terme d’une enquête d’envergure, une grosse opération de police menée en juin à Ranguin avait permis de démanteler un réseau et d’apaiser le quartier, avec 17 interpellations à la clé à Cannes et au Cannet.
D’autres interventions "coups de poing" et l’instauration récente d’une brigade privée de sécurité avaient également pour objectif de ne pas laisser le trafic de stups à nouveau prospérer.
"Hélas, la Pax Romana aura duré le temps d’un été à la Frayère", soupire Christophe Haget, commissaire central de la circonscription. Notre stratégie a néanmoins payé jusqu’à la fin du mois d’août avec une tranquillité retrouvée, mais la rentrée s’annonce plus complexe."
"C’est un travail de police qui ne s’arrête jamais"
Ce dernier se dit néanmoins déterminé "à ne rien lâcher. Nous allons donc continuer d’occuper le terrain de manière renforcée pour démanteler les réseaux, quitte à opérer également sur les clients. C’est un travail qui ne s’arrête jamais, mais comme promis, nous voulons apporter la sécurité aux habitants de Ranguin et la Frayère", annonce encore le policier, qui ira à la rencontre des résidents ce week-end.
Parmi eux, Laïd Bouzetit, président du Syndicat d’Initiative et de Défense de Cannes-la-Bocca (SID) regrette ce retour des violences après un été plus calme.
"Déjà vendredi soir, deux voitures avaient été incendiées. On souhaite conserver la présence de CRS dans le quartier, mais on veut aussi des éducateurs et médiateurs parce qu’à long terme, la répression ne peut pas tout régler."
De son côté le maire de Cannes David Lisnard indique qu’il avait "insisté au printemps sur la nécessité que les renforts de la police nationale restent dans la durée. Je connais les effets d’annonce à chaud puis les glissements et abandons avec le temps..".
Et l’édile cannois d’ajouter, manière de faire pression: "L’État doit assumer sérieusement sa mission première, celle de nous protéger, traquer les dealers et les mettre hors d’état de nuire. Cela ne peut se faire par intermittence ou à-coups."
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