Nous y sommes. Ce ne sont plus seulement des sondages, mais bel et bien des résultats. Et une confirmation : celle de la poussée spectaculaire du Front national incarné en Paca par la plus redoutable représentante de la famille Le Pen. Sourire aux lèvres, blondeur charmeuse, aplomb impressionnant et convictions plus radicales encore que celles de sa tante Marine, Marion Maréchal-Le Pen a séduit plus de 40 % des électeurs au premier tour. Deux fois plus que son grand-père il y a cinq ans !
Largement en tête, la députée du Vaucluse est bien partie, à vingt-six ans à peine, pour devenir la patronne de Paca. Et incarner demain, en France et dans le monde, la région la plus attirante (pour combien de temps ?) de l’Hexagone. Celle que ses adversaires appellent « la blonde », sans une once d’affection, s’offre le plus beau score du FN au niveau national et réussit à mettre tout le monde au pied du mur.
Les électeurs d’abord. Beaucoup ont choisi de traduire leur ras-le-bol en glissant un bulletin Le Pen dans l’urne, y compris dans les Alpes-Maritimes de Christian Estrosi. D’autres, plus de la moitié, ont préféré rester chez eux. Ils peuvent réagir dimanche. Laisser faire ou pas ? Offrir les clés d’une région de cinq millions d’habitants à un parti qui séduit mais divise, oppose, montre du doigt ?
Nous ne vous dirons pas ici pour qui voter. Nous avons une trop haute opinion de nos lecteurs pour nous arroger le droit de leur indiquer ce qu’il faut penser. Notre rôle de journaliste consiste à informer, à alerter parfois comme nous le faisons en pointant les faiblesses des programmes ou en publiant la semaine dernière un sondage révélant l’inquiétude du monde économique en cas de victoire de Marion Maréchal-Le Pen.
Sans brandir d’épouvantails, on sait que la région Paca sera, à tort ou à raison, stigmatisée. Que des investisseurs y réfléchiront à deux fois avant de s’engager. Que nous pouvons réellement être plombés pendant six ans. Voulons-nous courir ce risque-là ? Nous devons nous poser la question.
Au pied du mur également, les adversaires de Marion Maréchal-Le Pen ont une grande part de responsabilité. Le PS, à qui les électeurs présentent la facture d’une situation nationale peu glorieuse, d’un bilan peu lisible en Paca et d’un candidat certes sympathique, mais inconnu au bataillon. La droite, pourtant unie, qui n’a pas su convaincre, se démarquer du FN et a manqué d’oxygène face à une candidate réussissant à incarner la nouveauté et la jeunesse.
Au pied du mur, la direction du PS a pris ses responsabilités dès hier soir. En appelant au retrait de la liste Castaner, les socialistes se font hara-kiri et se privent de tout élu pour six ans. Un crève-cœur. Imaginer que le mandat à venir se résumera à un affrontement entre le FN et la droite est pour eux un cauchemar absolu.
La perspective, pour Christian Estrosi de se retrouver dans le rôle du premier opposant à la présidente Maréchal-Le Pen, n’est pas moins effrayante pour lui. Or ce scénario n’a plus rien de délirant. Il appartient aux électeurs de l’écarter ou non dimanche. Libres et responsables, ils ont les cartes en main. Ils doivent juste être conscients de ce qui les attend.
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