Parlementarisme
"C'est une parlementarisation à marche forcée de la Ve république", analyse Simon Persico, enseignant-chercheur à Sciences Po Grenoble. En l'absence de majorité à l'Assemblée nationale, le président perd de son pouvoir et les différents groupes politiques doivent négocier pour réunir le nombre de voix nécessaires à l'adoption de mesures.
Si cette façon de gouverner est habituelle chez certains voisins européens, elle est éloignée de la culture française sous la Ve République. "Soyons dans un fonctionnement mature de la démocratie parlementaire, inspirons nous des Allemands et des Espagnols", a ainsi appelé lundi le député socialiste Philippe Brun. Au cours de la dernière législature, sous majorité relative du camp présidentiel, les députés macronistes n'avaient pas brillé par leur sens du compromis.
Cohabitation
Une cohabitation se produit lorsque le président de la République et la majorité parlementaire sont de couleurs politiques différentes. Le Premier ministre est traditionnellement issu du groupe majoritaire à l'Assemblée afin d'obtenir l'appui des députés.
En France, cette configuration s'est déjà produite trois fois: deux sous la présidence de François Mitterrand (1986-88 avec Jacques Chirac; 1993-95 avec Édouard Balladur) et une sous celle de Jacques Chirac (1997-2002 avec Lionel Jospin).
Coalition
Une coalition désigne l'association de différents partis politiques en vue d'agir ensemble. En l'absence d'une majorité absolue dans l'hémicycle, l'hypothèse d'un gouvernement réunissant plusieurs partis est sur la table. Mais difficile d'en définir les contours.
"Trouver une coalition de majorité relative", qui n'inclurait selon lui ni le RN ni LFI, "va prendre plusieurs semaines", a estimé le député de Paris Sylvain Maillard (Renaissance). Côté LFI, le député Manuel Bompard a au contraire affirmé qu'il n'y aurait "pas de négociation" avec d'autres forces politiques que le NFP.
Tripartition
Les élections ont dessiné encore plus nettement qu'en 2022 trois blocs dans l'hémicycle, regroupant différents partis alliés de couleurs politiques similaires. Le plus important est celui du Nouveau Front populaire à gauche (autour de 190 sièges), suivi du camp présidentiel (autour de 160 sièges), et de l'extrême droite avec le RN et ses alliés (plus de 140 sièges).
Aucun n'a obtenu la majorité absolue. Pour parvenir à voter des mesures, les députés devraient donc aller chercher des voix en dehors de leurs blocs respectifs. La France a déjà connu une situation similaire, avec trois partis se partageant le pouvoir dans une coalition, de 1945 à 1947.
Affaires courantes
Gabriel Attal a pour l'heure été maintenu à Matignon par Emmanuel Macron "afin d'assurer la stabilité du pays". Il devrait gérer les affaires courantes, c'est-à-dire veiller au fonctionnement de l’État (administration, nominations) sans engager de réforme, le temps qu'un nouveau gouvernement soit constitué.
L'actuel Premier ministre a indiqué être prêt à être reconduit à son poste "aussi longtemps que le devoir l'exigera", dans le contexte notamment des Jeux olympiques.
Front républicain
Particulièrement employée entre les deux tours des élections législatives, l'expression "front républicain" désigne l'alliance de circonstance des différents partis contre le RN.
Pour le politologue Roland Cayrol, ce scrutin montre la solidité du mécanisme, seule façon d'assurer la défaite du RN au second tour: "le front républicain fonctionne lorsqu'il est discipliné. Tous les partis de l'arc républicain sauf LR ont fait preuve d'une discipline quasi parfaite".
Désistements
Entre les deux tours des élections législatives, 210 candidats arrivés en troisième position se sont désistés en espérant que leurs électeurs se rabattent sur le bulletin opposé au RN.
Ces reports de voix ont mieux fonctionné que prévu. Ainsi, 43% des électeurs macronistes au premier tour confrontés à un duel LFI/RN ont choisi le parti de gauche radicale. Les électeurs du NFP ont voté à 72% pour Ensemble, et 70% pour LR en cas de duel avec le RN.
Soutien sans participation
Un groupe peut apporter son soutien sans participation, c'est-à-dire soutenir un gouvernement ou une coalition sans en faire partie. Une formule similaire au Front Populaire de 1936 selon le politologue Roland Cayrol, "dans lequel les communistes n'étaient pas au gouvernement mais le soutenaient".
Ce fonctionnement pourrait convenir au PS et aux écologistes, avance Denys Pouillard, directeur de l'Observatoire de la vie politique et parlementaire.
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