Sonia Rolland: "La flamme est revenue"

On l’a connue Miss France. C’était il y a 16 ans déjà. Sonia Rolland a fait du chemin depuis. Devant la caméra d’abord, puis derrière pour la réalisation de documentaires.

Article réservé aux abonnés
MAXIME ROVELLO Publié le 14/06/2016 à 11:04, mis à jour le 14/06/2016 à 11:12
Solaire et humble, Sonia Rolland n’a eu besoin que de quelques minutes pour mettre en confiance nos lecteurs qui, au moment de la quitter, arboraient leur plus beau sourire. Photo JFO

Il est loin le temps du refrain cliché propre aux miss: «La guerre, c’est mal. Je suis contre la famine.» Ce même temps qui n’a visiblement pas d’emprise sur la beauté rayonnante de l’ex-Miss Bourgogne. C’est sur des sujets plus approfondis et tout aussi engagés qu’elle consacre le plus clair de son temps aujourd’hui. Entre deux photocall au Grimaldi Forum, Sonia Rolland s’est prêtée au jeu des questions-réponses avec nos lecteurs venus de France – et même d’ailleurs – dans un échange convivial.

«Je reviens à la comédie»

Souvent, les questions les plus simples sont les meilleures. Devant une assistance un brin intimidée par le charisme de la Miss France 2000, une lectrice brise le silence par un cinglant «Qu’est-ce que vous faites en ce moment?». Simple et efficace. «Je suis en train d’écrire un long-métrage qui va être produit par Dominique Farrugia. Ça fait suite à un court-métrage que j’ai réalisé l’année dernière (Une vie ordinaire, NDLR) et qui a donné l’envie à Dominique de me suivre dans un format plus long. C’est l’histoire d’une jeune femme qui passe d’un milieu à un autre de manière fulgurante. C’est un parcours de vie raconté de manière très humaine. C’est un peu inspiré de ma vie avant Miss France mais il y a une grande part de fiction. Il ne s’agit pas de faire un biopic, ce n’est pas le sujet. Je pense qu’il faut se détacher de son histoire pour en raconter une. »

Une écriture qui sera stoppée le temps d’un «tournage en juillet et un autre en octobre. Je ne peux pas trop en parler mais je reviens à la comédie. En ce moment, j’ai envie de transmettre par les documentaires que je réalise. Par toutes ces opportunités, c’est là que je vois que la flamme est revenue mais il faut s’en donner les moyens.» 

«La larve devenue papillon»

La couronne de Miss France n’a jamais été un objectif en soi. «Quand j’étais plus jeune, je voulais être basketteuse. À défaut d’être comédienne un jour, j’espérais au moins intégrer l’équipe nationale de basket. C’est un journaliste qui m’a suggéré de participer à l’élection de Miss Bourgogne. Jamais je n’aurais imaginé la suite. Moi, le garçon manqué, la métisse. Devenir Miss France? Inimaginable. J’avais des fausses croyances alors qu’au fond, les portes étaient ouvertes. Et c’est grâce aux Français qui ont voté pour moi (Miss France en 2000, Sonia Rolland s’est classé 9e sur 83 au concours Miss Univers, la même année, NDLR). Je suis passée des terrains de basket au concours de miss en trois mois. C’est un peu la larve qui devient papillon (rires). C’est une belle histoire, un moyen de faire comprendre aux jeunes qui perdent espoir que tout n’est pas perdu.»

L’association Le Refuge

En 2014, Sonia réalise un documentaire intitulé Homosexualité: du rejet au refuge. Après Rwanda, du chaos au miracle, la belle s’est penchée sur un sujet sensible: les jeunes homosexuels rejetés par leur famille. Le titre du documentaire fait écho à l’association Le Refuge qui recueille ces jeunes écorchés vifs.

«J’ai choisi ce sujet car il s’agit d’une forme de discrimination. J’ai été à la rencontre de ces jeunes, j’ai pris leur témoignage sous forme d’interview. J’ai découvert un problème de société qui m’a vraiment heurté. Comment peut-on rejeter son enfant? Ce qui est intéressant dans ce documentaire, c’est qu’on explique aux parents qu’on comprend que c’est difficile au début, qu’il faut pouvoir accepter la chose.Cependant, il faut évoluer avec son temps. Il y a eu un accueil incroyable. Le regard a changé.Certains voyaient l’homosexualité comme une maladie. Le message c’est qu’on n’a pas choisi d’être homosexuel mais on peut choisir de le vivre librement. »

Un trait d’union tout trouvé vers la sombre actualité à Orlando, aux États-Unis. «C’est horrible! Quand on fait un festival, on est un peu coupé du monde. J’ai donc découvert cette tragédie après. Il y a des gens qui passent à l’acte de manière barbare, c’est triste.» 

Le temps d'un petit selfie avec la star Photo JFO.

Les débuts d’actrice

«Quand Miss France s’est offert à moi, je me suis dit que ça allait être ma chance mais je me suis trompée. C’est un label trop fort pour que certaines productions s’associent à vous. Pendant presque deux ans, je me suis fait oublier. C’était le temps de l’apprentissage, il fallait partir d’en bas pour apprendre le métier. Un jour, j’ai rencontré un producteur qui m’a proposé le rôle titre de Léa Parker. Comme je n’avais pas beaucoup d’expérience, la chaîne M6 m’a fait passer plusieurs castings et finalement ça a fonctionné. Ça m’a ouvert les portes d’une aventure incroyable. On a enregistré 50 épisodes de 52 minutes. Ça a duré plus de deux ans. Suite à ça, j’ai ressenti le besoin d’avancer dans d’autres directions. Alors j’ai pris la décision de stopper volontairement. Avec le tournage de la série, on était sur un rythme effréné. Quand tout s’arrête, ça déstabilise beaucoup. Le doute s’est installé. Ce fut bénéfique car ça m’a permis de réfléchir à d’autres choses comme la réalisation. Le génocide du Rwanda, mon pays, s’est imposé naturellement pour démarrer cette aventure.»  

L’élection Miss France

«J’ai reçu 2700 lettres d’insultes suite à mon élection. J’ai vu Geneviève de Fontenay il y a trois jours, elle se souvenait encore d’une lettre qui disait “comment cette négresse peut représenter la France!”. C’est très choquant de recevoir ces messages. Geneviève était outrée. Elle me disait “On va les atomiser” (rires) et je lui répondais, avec dérision, que ces gens n’existaient pas. Je n’ose pas imaginer s’il y avait eu les réseaux sociaux à cette époque. Mis à part cela, c’est bien qu’il y ait encore ce genre de divertissement. Avant, c’était plus artisanal. Les filles d‘aujourd’hui sont plus préparées. Je comprends ceux qui n’aiment pas mais il faut relativiser, ça reste du show».

Actrice ou réalisatrice? Que choisir? 

Sonia Rolland n’est pas du genre à tergiverser mais lorsqu’on lui demande ce qu’elle préfère faire entre le métier d’actrice ou réalisatrice, un bref silence s’installe. «Alors là ... J’aime vraiment les deux, c’est très lié. La réalisation me plaît dans l’idée de diriger des comédiens, de communiquer avec eux. C’est aussi un travail de longue haleine. Ce qui génère des émotions particulières quand le produit est fini. Je crois en l’union et la solidarité, ça me vient du sport collectif.»

«La société d’aujourd’hui est le résultat de 20 ans de mauvaise politique locale»

En réagissant à l’actualité, Sonia Rolland a partagé son opinion sur la société d’aujourd’hui: «Quand je suis arrivée en France en 1994, il y avait plein de gamins paumés. Ils étaient certes issus de l’immigration mais ils n’étaient pas considérés comme Français aux yeux de la politique. Puis, quand je suis devenue Miss France, j’ai rencontré plein d’élus locaux. J’observais et j’écoutais beaucoup. J’ai partagé des repas avec eux et ce qu’il se disait à table était effrayant. La plupart de ces gens sont là pour gérer des problèmes existentiels des jeunes. Tout ça a généré de la frustration qui s’est changée en haine. On a eu des indicateurs: en 1995 et en 2005 quand les banlieues ont brûlé. Et les élus ont jeté un voile sur ces problèmes. Ce qu’il se passe aujourd’hui est le résultat de 20 ans de mauvaise politique locale. La chance que j’ai eue, c’est d’avoir des parents qui m’ont offert des armes intellectuelles pour faire face au problème d’intégration. Chacun vivra sa discrimination, il faut être plus intelligent.»

Sonia Rolland a répondu à chaque question de nos lecteurs Photo JFO.

Ce qu'ils en pensent

Marie, Hérault
« C’était un moment très agréable. Je suis surprise par la générosité de cette personne. Je ne savais pas qu’elle œuvrait autant sur des sujets engagés. J’ai appris beaucoup de choses sur elle. »

Christian, Suisse
« J’ai pu la découvrir dans la série Léa Parker. C’est une femme ouverte d’esprit et magnifique. Je suis venue de Suisse pour le festival et quand j’ai appris pour cette rencontre, je n’ai pas hésité, je ne suis pas déçu. »

Manon, Charente-Maritime
« Une femme engagée comme il devrait y en avoir plus en France. J’adore les documentaires, je ne connaissais pas les siens. Je vais les voir dès que possible. »

Aurore, Charente-Maritime
« On sent qu’elle est investie dans ce qu’elle entreprend. Très touchante quand elle a parlé de son enfance. Elle a un parcours exemplaire, c’est une femme inspirante. »

“Rhôooooooooo!”

Vous utilisez un AdBlock?! :)

Vous pouvez le désactiver juste pour ce site parce que la pub permet à la presse de vivre.

Et nous, on s'engage à réduire les formats publicitaires ressentis comme intrusifs.

Monaco-Matin

Un cookie pour nous soutenir

Nous avons besoin de vos cookies pour vous offrir une expérience de lecture optimale et vous proposer des publicités personnalisées.

Accepter les cookies, c’est permettre grâce aux revenus complémentaires de soutenir le travail de nos 180 journalistes qui veillent au quotidien à vous offrir une information de qualité et diversifiée. Ainsi, vous pourrez accéder librement au site.

Vous pouvez choisir de refuser les cookies en vous connectant ou en vous abonnant.