Le parc de Port-Cros croqué dans un joli livre par le naturaliste Alan Johnston

Artiste naturaliste, Alan Johnston signe "Le Parc national de Port-Cros hors saison", chez Glénat, un recueil de croquis, d’aquarelles et d’études réalisés entre les îles de Porquerolles, Port-Cros, le cap Lardier ou encore les anciens salins d’Hyères.

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Karine Michel Publié le 07/02/2025 à 15:00, mis à jour le 07/02/2025 à 15:00
Photo Johan Cerisier PNPC et repro DR

"J’ai débarqué la première fois sur l’île de Port-Cros il y a presque 25 ans." Avec une épouse française, les îles d’or que sont Porquerolles et Port-Cros notamment, font partie de la carte postale lorsque l’on choisit le sud comme destination de vacances. Ce livre, pourtant, l’artiste naturaliste Alan Johnston n’en avait pas idée jusqu’à ce qu’un coup de fil d’un ami suscite curiosité et envie. "Il m’appelait de l’observatoire de Porquerolles. Il savait que je cherchais une idée pour un nouveau livre, m’a suggéré de le faire sur cette île." Depuis son passage à Porquerolles il y a des années en arrière, "j’avais gardé cette idée dans un coin de ma tête."

Ça tombe bien: à l’époque, en 2018, "le Parc national de Port-Cros cherchait à valoriser la destination hors saison. Et j’aime bien les projets comme ça qui se font naturellement. Il y a toujours un peu de hasard", confie l’artiste, également fin pédagogue.

Cet artiste discret, dont l’accent trahit ses origines anglo-saxonnes, a déjà croqué la plupart des grands paysages des côtes françaises. Le Morbihan, la baie du mont Saint-Michel, la Côte d’Albâtre, la Camargue… Des ouvrages éloge de la patience et empreints de pédagogie. Il lui en faut d’ailleurs, pour expliquer son travail lorsque parfois, les touristes viennent le piquer sur le vif alors qu’il est en plein exercice de style. Entre le cap Lardier dont il dresse les contours au fusain, les anciens Salins d’Hyères, Porquerolles et bien entendu Port-Cros, il réalise sur le vif, ses esquisses qui fixent sur la page la faune et la flore du parc. Parfois, quelques photos viennent compléter son travail "mais elles me servent lorsque je fais des conférences, par exemple…".

Sur chaque paysage, il passe plusieurs heures, y reviendra au moins une fois… " Et il arrive, en effet, que l’on vienne par-dessus mon épaule me déranger pour photographier ce que je fais. Avant, je me fâchais mais maintenant, je demande aux touristes de me photographier au travail. (rires) Je fais des pauses comme ça. Je travaille actuellement sur le golfe du Morbihan en Bretagne et je reproduis cette technique en leur demandant de me prendre en photo." Il rit.

Rencontres inédites

La faune et la flore sont, pour cet artiste, l’occasion de rencontres passionnantes. Un poulpe ici… "c’est un animal fascinant!". Une chauve-souris par là. Mais pas n’importe laquelle: "J’étais avec un garde moniteur du parc pour contrôler les chauves-souris. On était du côté du fort. Je lui racontais justement avoir, une fois, découvert un petit rhinolophe. Et qu’est qu’on trouve devant nous? Un petit rhinolophe endormi. C’est une chauve-souris assez rare de nos jours. Elle est incroyable, elle a un sonar très développé, très raffiné. Je n’avais pas le bon objectif pour la prendre en photo et immortaliser cette rencontre", regrette-t-il.

Résilience de la nature

Au cap Lardier, c’est un merle chanteur qui le séduit: "Je me suis rendu compte que c’est toujours le même mâle qui chante mais il se déplace. Du coup, on peut facilement surestimer sa présence lors de comptage… ", poursuit celui qui est habitué à effectuer des recensements à l’oreille en sa qualité d’ornithologue.

Ce "Parc national de Port-Cros hors saison", véritable guide naturaliste – son format vous permet de l’emporter sans difficulté dans un sac à dos en randonnée dans le coin –, offre également à son auteur l’occasion de nous rappeler, en nous emmenant dans les pas de l’incendie qui ravagea le cap Lardier, combien la nature est fragile. À l’heure où la Californie fait face à des incendies sans précédent, le sujet est encore plus sensible. "Face aux guerres, à la bêtise des hommes, je suis frappé de voir combien on oublie l’écologie." Mais la planète elle, n’oublie pas. Et porte cette capacité de résilience que l’homme n’écoute pas assez sans doute. "J’ai vu au Costa Rica, le reboisement d’une forêt tropicale en 20, 30 ans seulement… Si on plante les bonnes essences ensemble dès le début, la forêt reprend presque naturellement. Comme au cap Lardier avec les pins parasols. Il y a plein d’autres bonnes nouvelles pour la planète mais cela ne fait pas la une de la presse. Prenez le Sahel: on est en train de reboiser, malgré les guerres et le terrorisme. ‘‘The great green wall’’: on replante le Sahel avec des arbustes pour arrêter la marche du désert. On peut faire quelque chose, il faut juste donner à la nature une chance."

"Le Parc national de Port-Cros hors saison" d’Alan Johnston. Éditions Glénat. 17 euros.

Un calme magique

Passer autant de temps en "immersion" dans le parc national de Port-Cros laisse naturellement des images en têtes. L’un de ses sites préférés est, écrit-il, la calanque de l’Indienne.

"Il faut prendre du temps pour la ressentir, y revenir. C’est un travail de patience..." Et avec patience, la calanque se révèle, "il y a une ambiance difficile à décrire. Du calme, sans les artifices de l’homme... C’est un endroit où on voit très peu de présence de l’homme. Le vallon des solitudes l’hiver aussi est un cadre superbe: il y règne un calme un peu magique". Il a parcouru le parc hors saison et en toute saison... quelle est finalement sa saison préférée?

"L’hiver à Port-Cros, le printemps au cap Lardier pour la lumière, les odeurs, les ambiances. Le vent et la tempête..."

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