"Avant 6 ans, un enfant a besoin d'interactions sociales, pas d'écrans", prévient ce psychologue de Nice

Psychologue, Damien Scolari travaille pour l’association Action Innocence à Monaco, et accueille des enfants dans son cabinet en ville à Nice.

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Joelle Deviras Publié le 19/02/2024 à 13:45, mis à jour le 19/02/2024 à 13:45
interview
Damien Scolari, psychologue Photo J.D.

Comment vous êtes-vous intéressé aux relations des enfants avec les écrans ?

En 2017, j’ai été chargé par le Département des Alpes-Maritimes d’étudier les avantages et inconvénients du cartable numérique en lien avec le Laboratoire d’innovation du numérique pour l’éducation. Il s’agissait de savoir comment proposer un usage dans le cadre scolaire, sans que ce soit néfaste pour l’enfant, mais pour l’aider dans son apprentissage.

Et qu’en avez-vous conclu?

Des points positifs, car l’écran comme outil pédagogique est très interactif, ludique, créatif, et résout le problème du poids des cartables. Mais l’enfant doit être actif dans l’usage du numérique. Quand il est passif, il est absorbé par le contenu. Ça génère de l’anxiété, de la nervosité, de la violence.

Le temps d’écran est-il limité en milieu scolaire?

Il est très réglementé et limité à 30 minutes pour moins de 10 ans.

À quel âge un enfant peut-il raisonnablement commencer?

Il faut bannir les écrans avant six ans. Avant cet âge, un enfant a besoin d’interactions sociales. Il doit rire, jouer, toucher, courir... Ensuite, il peut utiliser l’outil numérique de façon encadrée et progressive.

Un apprentissage qui passe par une éducation des parents?

Le parent doit accompagner l’enfant. Or, aujourd’hui, l’écran est devenu le baby-sitter. C’est là le danger. Le confort du parent est un cercle vicieux. Le père ou la mère devient hypersensible à l’activité de l’enfant ; ce qui l’encourage à laisser plus encore son enfant devant l’écran.

Pour lui-même être devant son écran...

L’enfant est dans le mimétisme et il va reproduire le modèle en se l’appropriant.

Quelles caractéristiques ont les enfants qui consomment trop de numérique?

Les écrans produisent de l’intolérance à la frustration. L’enfant est très stimulé dans ses émotions dans un temps très court; ce qui contraste énormément avec sa vie moins dense. Cela crée une forte anxiété et de l’hyperactivité. Les enfants deviennent agités nerveusement. Ce n’est pas le corps qui agit, mais les nerfs. Je constate également davantage de violence, ne serait-ce que dans le langage, où l’insulte devient facile.

Constatez-vous de plus en plus d’enfants concernés par ces troubles?

Il y a seulement dix ans, les parents venaient au cabinet avec leur enfant pour des problèmes de dyslexie, des conflits affectifs, la peur d’échouer. Aujourd’hui, je m’aperçois que les raisons de leur venue sont, dans les deux tiers des cas, en lien avec les écrans, même si les parents ne font pas tout de suite le lien face à un jeune qu’ils trouvent agité, stressé, avec un vocabulaire agressif.

Et cela commence à quel âge?

La première activité numérique des enfants est de plus en plus précoce. Les enfants arrivent en cabinet dès 7 ans.

Les troubles sont-ils difficiles à faire disparaître ?

En réduisant le temps d’écran, on s’aperçoit que l’enfant s’apaise en quelques semaines.

L’enfant accepte-il facilement de diminuer sa consommation d’écran?

Oui relativement bien. Car il sent que cela lui fait du bien.

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