En ce lundi matin, l’émotion est forte sur la rue du général de Gaulle, au cœur de Puget-sur-Argens. C’est là que la victime du meurtre de samedi soir travaillait depuis plusieurs années, dans le salon de coiffure "Facekoop coiffure".
Devant la vitrine, de nombreux habitants sont spontanément venus déposer des hommages fleuris, en dévoilant l’identité de la victime, "Hichem Miraoui". Les autorités n’ont pas confirmé cette identité ce lundi, mais plusieurs Pugétois rencontrés l’ont fait, "même si pour tout le monde, c’était simplement Hichem ". Selon nos informations, son scooter a bel et bien été retrouvé devant son domicile, où le drame a eu lieu.
"C’était quelqu’un de très gentil, de très respectueux, jamais un mot plus haut que l’autre, et toujours prêt à aider quiconque, même des inconnus ", témoignent Marie, Anne, Yvette et Marouel, qui peinent à cacher leurs émotions. "C’était un Tunisien, comme moi, on était proches, c’était comme un frère ", poursuit Marouel Gharssali, très ému. "Il était originaire de Kairouan, et moi de Byzerte. Il était connu ici dans le village, mais en bien uniquement, pour sa gentillesse. Avant de s’installer aux Meissugues, il avait habité pendant plusieurs années un petit studio en haut de la rue. Il aimait tout le monde, et je crois pouvoir dire que tout le monde l’aimait aussi..."
"Quelle horreur, c’était un si brave jeune homme"
Devant le salon de coiffure, très émus eux aussi, Sofiane et Rayane, deux collègues d’Hichem ont le plus grand mal à cacher leur peine. "Il était très serviable, très gentil. C’est un vrai drame ce qu’il s’est passé... "
Passant inopinément par là en promenant son chien, Mégane découvre le décès d’Hichem. "Quelle horreur, c’était un si brave jeune homme, il coiffait mon fils de cinq ans, et s’entendait si bien avec lui... " Prise par l’émotion, la jeune femme disparaît, avant de revenir quelques minutes plus tard avec sa compagne, Angy, pour déposer un mot en hommage au jeune homme tué sur la devanture de la boutique. "Il était si doux, si calme... Il avait un petit oiseau, dans une cage, dans le salon de coiffure. Quand il coiffait notre fils, il le sortait, pour qu’il puisse le caresser ".
Des hommages unanimes
Là encore, une voisine du salon, Eloïse Garcia, dresse le même portrait. "J’habite en face, à l’étage, et il m’a aidé à plusieurs reprises, spontanément, à porter des charges lourdes, à monter des meubles lorsque nous déménagions... Je crois que tout ceux qui le connaissaient l’appréciaient. Nous sommes en train de voir avec plusieurs commerçants du centre pour monter une collecte pour lui rendre hommage ".
Une autre voisine appuie ses dires. "Gentil", "généreux", "serviable"... "Je l’ai encore vu samedi, quelques heures avant le drame, il était encore souriant, égal à lui-même... C’est impensable ce qu’il s’est passé. "
Le maire Paul Boudoube aussi participe à ce portrait: "Je ne connaissais pas directement, ni l’auteur de cet assassinat horrible, ni la victime. Mais des retours que j’en ai eus, tout le monde ne disait que du bien de lui. Il faut désormais que la justice fasse son travail..."
"La mauvaise personne au mauvais moment"
Peu à l’aise sur le sujet, les Pugétois croisés en ville se montrent peu diserts sur l’hypothèse d’un crime motivé par le racisme, la xénophobie, et/ou l’islamophobie. "C’est un drame, il est tombé sur la mauvaise personne, au mauvais moment. C’était un geste fou, peut-être dû aussi à une forme d’état second ", note une connaissance d’Hichem.
"L’aboutissement de la banalisation du racisme anti-musulman ordinaire"
Sur le siège passager d’une voiture, un autre passant, qui "connaissait Hichem", se montre plus prompt à qualifier le mal: "C’est l’aboutissement de la banalisation du racisme ordinaire... On entend beaucoup de discours anti-musulmans, sur les plateaux télé par exemple, à longueur de journées, et sans beaucoup de contradicteurs... Les paroles racistes se sont très répandues, et elles sont peu contredites. Les musulmans font des boucs émissaires faciles, pour tout... Et au final, ça donne ça."
A quelques centaines de mètres du salon de coiffure, sur les lieux même du drame, l’ambiance est beaucoup plus fermée. Une seule résidente, Lorans, témoigne brièvement sur "une résidence dans laquelle j’habite depuis quelques mois, et que jusqu’alors nous trouvions calme. Nous avons quitté les quartiers nord de Nice pour venir ici, et finalement la violence s’exprime ici, ça fait peur ".
Fait divers, fait de société?
Plusieurs témoignages discrets abordent le profil du tireur présumé. Âgé de 53 ans, celui-ci pourrait être "un travailleur forain" selon plusieurs sources, actuellement sans profession. Selon nos informations, il s’appellerait "Christophe", et aurait prêté allégeance au drapeau français selon plusieurs médias.
Si dimanche, aux abords du petit ensemble des Meissugues, de nombreux témoins ont spontanément répondu aux équipes de Var-matin, le ton a changé ce lundi, et les journalistes n’y semblent plus les bienvenus. Dans les pas du journal local, de nombreux médias sont venus enquêter sur ce crime potentiellement motivé par des motifs xénophobes. Tout comme de nombreux acteurs de la classe politique ont tenu à y réagir, jusqu’au ministre de l’Intérieur. Une telle réaction semble poser une question à laquelle chacun aura sa réponse: Fait divers ou fait de société? La justice en tout cas aura à se prononcer sur le fait divers. Et ne le prend pas à la légère: le parquet national antiterroriste a annoncé s'être saisi de l'enquête, ce lundi après-midi.
1. Et non Mohamed comme de premières sources l’avaient indiqué à tort.
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