La litanie d'accusations de violences sexuelles concernant l’Abbé Pierre continue...
Longtemps considéré comme la "conscience morale" de la France, Henry Grouès (de son vrai nom) est depuis 2024 touché par une série d’accusations posthumes.
Les premières allégations émergent en effet à l’été 2024, à la suite d’une enquête interne commandée par Emmaüs et la Fondation Abbé Pierre, qui recueillent sept témoignages de femmes évoquant des agressions sexuelles ou du harcèlement, entre 1970 et 2005.
L’une d’elles était mineure au moment des faits. Les associations affirment publiquement croire les victimes et saluent leur courage.
L’appel à témoignages déclenche une vague de révélations. En septembre 2024, dix-sept nouveaux témoignages s’ajoutent, portant à 24 le nombre de victimes recensées.
Les faits allégués couvrent une période allant des années 1950 aux années 2000, et concernent aussi bien des femmes majeures que des mineures, parfois en situation de vulnérabilité sociale ou économique.
Les gestes incriminés vont de l’attouchement à des viols caractérisés, y compris sur des enfants. Plusieurs victimes décrivent des manipulations, du chantage, des menaces et une emprise psychologique.
En janvier 2025, un troisième rapport recense neuf nouveaux témoignages, dont un viol sur mineur et des faits d’inceste.
Certaines victimes étaient membres de la famille de l’abbé. D’autres témoignages évoquent des violences sexuelles répétées lors de séjours humanitaires, d’hospitalisations ou dans le cadre professionnel.
57 victimes potentielles
Ce 9 juillet 2025, le dernier rapport du cabinet Egaé fait état de douze accusations supplémentaires, dont sept concernant des mineurs âgés de 10 à 17 ans au moment des faits.
Au total, ce sont désormais 45 témoignages qui sont recensés, avec 57 victimes potentielles.
Voici la liste des accusations visant l'Abbé Pierre à ce jour:
- Agressions sexuelles sur majeures et mineures: attouchements, baisers forcés, pénétrations imposées, fellations sous contrainte.
- Viol sur mineur: au moins deux cas documentés, dont un garçon et une fillette de 8-9 ans.
- Inceste: une membre de la famille rapporte des contacts sexuels répétés.
- Abus de pouvoir et emprise: plusieurs victimes étaient en situation de précarité ou dépendantes de l’aide de l’Abbé Pierre.
- Violences psychologiques: menaces, chantage, stratégies de manipulation.
- Photographies compromettantes: certains témoignages évoquent la prise de photos à caractère sexuel, conservées comme des "trophées".
Le Vatican savait...
Face à l’ampleur des accusations, Emmaüs et la Fondation Abbé Pierre ont décidé de changer de nom et de fermer les lieux de mémoire dédiés à leur fondateur.
La Conférence des évêques de France a sollicité une enquête judiciaire, bien que la prescription empêche toute poursuite contre le défunt.
Un dispositif de réparation financière pour les victimes a été mis en place.
Un livre enquête, publié en avril 2025 (L'Abbé Piere, la Fabrique d'un saint), révèle que le Vatican et le haut clergé français étaient informés des agissements de l’Abbé Pierre dès 1955, sans qu’aucune procédure n’ait été engagée à l’époque.
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