"Nous sommes dans un niveau de sécurisation normal par rapport aux matches précédents." Marcel Authier, directeur départemental de la sécurité publique, s'est voulu rassurant mardi. "Non."
Officiellement selon les autorités, le match Suède-Belgique n'est pas plus à risques qu'un autre.
Hier, comme à chaque veille de rencontre de l'Euro 2016, les forces de l'ordre ont affiché une présence, voire une omniprésence, dans la capitale azuréenne.
Fait inhabituel, des militaires ont passé une partie de la matinée en faction devant l'hôtel Radisson, sur la Promenade des Anglais, où est logée l'équipe belge.
Présence policière importante également devant le Marriott, légèrement en retrait de la Promenade des Anglais, où Zlatan Ibrahimovic et ses coéquipiers suédois ont élu domicile.
Hôtel dans lequel la légende autoproclamée Zlatan occupe une suite comparable à celle de son entraîneur, excusez du peu.
"Une cible 3 en 1"
Ses coéquipiers, eux, disposent d'une chambre extrêmement confortable, mais de taille plus réduite.
"C'est une fierté pour nous d'accueillir cette équipe comme nous l'avons fait avec la Pologne ou l'Espagne et bientôt avec l'Angleterre", confiait Mauro Cerutti, directeur général. L'équipe de Suède occupe trois étages complets dans son établissement.
Mardi, des démineurs sont passés au Radisson et au Marriott sécuriser l'ensemble des étages et des abords.
Officiellement, donc, un match comme un autre. Officieusement, la tension est extrême, voire palpable. La Belgique a en effet, comme la France, été récemment lourdement frappée par le terrorisme.
"Un attentat contre des Belges en France constituerait pour des djihadistes une cible 3 en 1, confiait hier un policier niçois. Ils toucheraient la Belgique évidemment, la France car ce serait sur son sol, mais aussi l'Euro 2016. La présence des Belges ici a fait monter le niveau d'alerte d'un cran", confie ce même policier.
D'autant qu'au plan national, les forces de l'ordre ont été destinataires de la fiche de recherche de Oussama Atar, Belge de 32 ans, qui pourrait vouloir pénétrer sur le sol français pour commettre un attentat (lire ci-dessous).
Déjà une menace le 18 juin
À Nice, cette note n'est pas prise à la légère. Certains de ses proches sont en effet soupçonnés d'avoir voulu commettre un attentat contre des supporters belges le 18 juin à Bruxelles, dans une fan zone.
Rajoutons à cela une note de la sécurité intérieure diffusée en fin de semaine dernière, détaillant de nouveaux modes d'action, notamment un attentat à l'explosif précédé de multiples fausses alertes, et on comprend pourquoi les forces de l'ordre sont sur les dents.
Mardi encore, une boîte de chaussures abandonnée a contraint les policiers à intervenir à l'aéroport de Nice.
Que ce soit là, où à la gare SNCF, elles sont quasi quotidiennes et usent les troupes.
Laurent Laubry, secrétaire départemental Alliance Police-CFE-CGC évoque d'ailleurs leur grande fatigue.
"Ils ont déjà beaucoup donné pour le carnaval de Nice, la Fête du citron, le Festival de Cannes, le Grand Prix de Monaco, avec des restrictions de congés. Ils ne peuvent en prendre durant un mois jusqu'au 10 juillet avec l'Euro de foot.
J'espère sincèrement que l'État français saura reconnaître le dévouement des forces de sécurité en général avec un geste budgétaire à la hauteur de leur engagement."
----------------------
Oussama Atar en route pour la France?
À 32 ans, le cousin de deux des trois kamikazes de Bruxelles est intensément recherché. Des sources policières niçoises nous ont affirmé que sa fiche leur avait été diffusée, confirmant des informations de nos confrères du Parisien.
Depuis la Syrie, il chercherait actuellement à rejoindre la France via l’Albanie. Oussama Atar est cousin des frères Ibrahim et Khalid elBakraoui qui se sont fait exploser à l’aéroport de Zaventem et dans le métro de Bruxelles.
Un "combattant étranger dangereux et armé", décrit sa fiche de recherche.
Oussama Atar ne serait pas moins, selon les services de renseignement belges, que le mentor des kamikazes de Bruxelles. Tous trois étaient originaires du quartier Bockstael à Laeken, commune rattachée à la capitale belge.
Atar aurait également endoctriné deux des hommes interpellés la semaine dernière en Belgique. Moustapha et Awad Benhattal, oncle et cousin des el-Bakraoui, projetaient un attentat contre une fan zone place Rogier à Bruxelles, en marge du match Irlande-Belgique.
Connus pour banditisme, ils ont été arrêtés lors d’un vaste coup de filet lié à "une menace d’attentat imminente".
Oussama Atar a intensément fréquenté il y a quelques années la zone irako-syrienne. Il y a croisé Abu Bakr al-Baghdadi, actuel chef du groupe Etat islamique. En 2004, le jeune homme, âgé de 20 ans à l’époque, avait été arrêté et inculpé en Irak par les autorités américaines pour y avoir pénétré sans visa.
Au terme d’une importante campagne médiatique de soutien orchestrée par sa famille, dont une manifestation devant le palais de justice de Bruxelles, il avait fini par regagner la Belgique en 2012.
Son petit frère, Yacine, a été interpellé après les attaques du 22 mars en Belgique. Des traces d’explosifs avaient été relevées sur son visage et ses vêtements.
commentaires