"J'ai eu envie de mourir": humiliées, agressées, tétanisées... les actrices témoignent sur les violences dans le cinéma

Les actrices Nina Meurisse, Anna Mouglalis et Sara Forestier témoignent auprès de la commission d'enquête de l'Assemblée nationale sur les violences dans le milieu de la culture, alors que le rapport doit paraître mercredi 9 avril.

La rédaction avec AFP Publié le 06/04/2025 à 10:35, mis à jour le 06/04/2025 à 10:35

"La violence s'ancre en vous et vous ronge": à l'instar de Nina Meurisse, des actrices ont profondément marqué la commission d'enquête de l'Assemblée nationale, qui rend son rapport mercredi 9 avril, en racontant les violences subies durant leur carrière.

Ces prises de parole sous serment, d'Anna Mouglalis à Sara Forestier, sont la "partie émergée" de l'iceberg, explique à l'AFP la présidente de la commission, l'écologiste Sandrine Rousseau.

D'autres, comme Virginie Efira, Noémie Merlant ou Juliette Binoche, ont témoigné à huis clos et des dizaines se sont manifestées auprès des députés pour livrer leurs expériences douloureuses.

Nina Meurisse: "Je suis tétanisée"

"J'avais 10 ans quand j'ai tourné pour la première fois. (...) Dans ce film, il y a une scène de viol. (...) Je vois arriver en courant un jeune acteur, qui me saute dessus, qui me prend la poitrine et qui essaie de me soulever la robe. On refera la scène plusieurs fois. J'ai dix ans, je n'ai même jamais embrassé un garçon, je suis tétanisée".

"Quelques années plus tard, à peine majeure, je dois faire une scène de représentation sexuelle avec un homme de l'âge de mon père. (Il) décide de ne pas mettre de peignoir entre les prises. (...) Il doit m'appeler dans la salle de bain et me dire de me mettre à genoux pour lui faire une fellation. Moi, je dois hésiter, alors il doit me donner une baffe. On tourne la scène mais il se met à improviser. Il me met les mains sur les épaules et m'écrase au sol avec une grande force. Je me fais très mal au genou. Il enfonce son pouce dans ma bouche. J'ai la tête en arrière et, de son autre main, il me donne plein de baffes en me disant: "T'aimes ça, salope!" Je me mets à pleurer, je suis tétanisée. Il me donne une autre baffe, violente, et je m'écrase au sol. Coupez! Le réalisateur et les techniciens trouvent cette scène bouleversante, alors on la refera, parce que ce sera beau pour le film."

Anna Mouglalis: "L'acteur m'a mis une droite"

"J'ai travaillé sur un film lors duquel je devais être nue au-dessus d'un homme (...) Je devais me relever pour m'allonger sur l'homme mais j'ai dit au metteur en scène que je ne pouvais pas faire ça, car l'angle de la caméra se retrouverait littéralement sur mon sexe. On m'a alors répondu de ne pas m'inquiéter. (...). Je tourne la scène, puis je vérifie la prise. C'était un plan par-derrière où on voyait tout (...) Je dis alors à la scripte que je refuse le plan. Je le signale aussi à mon agent (...) Non seulement le plan initial a été conservé au montage mais il a aussi été repris dans la bande-annonce, qui est toujours visible".

Sur un autre tournage, "j'ai été frappée. C'était d'ailleurs très prévisible, puisque l'acteur et le reste de l'équipe, masculine, s'étaient alcoolisés dès le petit-déjeuner. Au moment où l'acteur m'a mis une droite, le réalisateur a dit: "On continue à tourner!"."

Sara Forestier: dire "non"

À 13 ans, tout premier casting: "J'ai commencé ma carrière en disant "non" (...) quand on m'a demandé de retirer ma culotte et de la faire tournoyer dans les airs pour qu'elle atterrisse dans l'assiette d'un autre personnage, dans une scène soi-disant comique d'un court-métrage. (...) J'ai dit non et je suis partie".

"Peu de temps après, j'ai 15 ans et je tourne mon premier film, "L'Esquive". Sur le plateau, entre deux scènes, l'un des régisseurs me dit: "J'ai envie de te faire l'amour dans les fesses". Il a 30 ans et j'en ai 15; je suis choquée (...) On est passé à autre chose".

Sur un autre tournage, Sara Forestier raconte avoir été giflée par un acteur, plus tard identifié comme Nicolas Duvauchelle. Elle venait de sortir de l'hôpital, après une hémorragie interne liée à une grossesse extra-utérine. L'équipe tente de la dissuader de porter plainte, puis on l'accuse d'avoir elle-même donné la gifle.

"Ils ont réussi à me faire taire. Psychologiquement, c'était comme un coup de massue supplémentaire. (...) J'étais, littéralement, à terre, à genoux dans mon salon, en sanglots - je revois encore cette image et ça me fait mal d'y repenser. J'ai eu envie de mourir."

“Rhôooooooooo!”

Vous utilisez un AdBlock?! :)

Vous pouvez le désactiver pour soutenir la rédaction du groupe Nice-Matin qui travaille tous les jours pour vous délivrer une information de qualité et vous raconter l'actualité de la Côte d'Azur

Et nous, on s'engage à réduire les formats publicitaires ressentis comme intrusifs.

Si vous souhaitez conserver votre Adblock vous pouvez regarder une seule publicité vidéo afin de débloquer l'accès au site lors de votre session

Monaco-Matin

Un cookie pour nous soutenir

Nous avons besoin de vos cookies pour vous offrir une expérience de lecture optimale et vous proposer des publicités personnalisées.

Accepter les cookies, c’est permettre grâce aux revenus complémentaires de soutenir le travail de nos 180 journalistes qui veillent au quotidien à vous offrir une information de qualité et diversifiée. Ainsi, vous pourrez accéder librement au site.

Vous pouvez choisir de refuser les cookies en vous connectant ou en vous abonnant.