En quelques heures, l'archipel de Mayotte a été réduit à néant. Environ un tiers de la population y vit dans de l'habitat précaire, totalement détruit. Avec des rafales de vent à plus de 220 km/h, Chido est le cyclone le plus destructeur à Mayotte depuis 90 ans.
Trois jours après le passage dévastateur du cyclone Chido sur l'archipel de Mayotte, la société Maxar, spécialisée en imagerie satellitaire a publié plusieurs clichés montrant les ravages causés par le phénomène.
Le port de Dzaoudzi
L'aéroport de Dzaoudzi
Un pont aérien et maritime est déployé depuis La Réunion, territoire distant de 1.400 km, pour acheminer matériel et personnels médicaux. Un total de 800 personnels de la sécurité civile sont envoyés en renfort, avec un hôpital de campagne.
Il n'est "pas question" d'y poser des avions de ligne à ce stade, mais un "pont aérien" à partir de La Réunion va permettre de faire atterrir à Mayotte, à 1.700 km de là, des appareils militaires et de la sécurité civile, avait expliqué samedi soir à la sortie d'une réunion de crise le ministre de l'Intérieur démissionnaire Bruno Retailleau.
Un deuxième détachement de 150 sapeurs-pompiers et sapeurs-sauveteurs ont rallié l'archipel lundi soir. EDF a aussi envoyé des renforts pour rétablir l'accès au courant et reconstruire le réseau électrique.
Les secours cherchent toujours des sinistrés et s'attendent à trouver de nombreuses victimes dans les décombres des bidonvilles, très peuplés, notamment dans les hauteurs de Mamoudzou, la capitale de Mayotte.
Les autorités redoutent "plusieurs centaines" de morts, peut-être même "quelques milliers".
Le centre de Mamoudzou
Ce mardi midi, le réseau de téléphonie mobile demeurait toujours indisponible à 80%, selon les autorités.
Très entravés par des chutes d'arbres et des débris divers, les opérations de déblaiement se poursuivent: entre 70 et 75% du réseau routier départemental et national était dégagé mardi.
Une autre vue du centre de Mamoudzou
"Tous les bidonvilles sont couchés, ce qui laisse augurer un nombre considérables de victimes", commentait, ce lundi auprès de l'AFP, une source proche des autorités.
"C'est du bois, de la tôle sur des collines en terre battue. Vous imaginez le vent qui vient s'engouffrer plus la pluie qui crée des coulées de boue", raconte à l'AFP le directeur de l'urgence et des opérations de la Croix-Rouge française, Florent Vallée.
Ces habitations précaires ne sont pas nouvelles à Mayotte. "Jusqu'à la fin des années 1970, la majorité de l'habitat est construit avec des matériaux végétaux", rappelle auprès de l'AFP Mégane Aussedat, doctorante en sociologie et auteure de plusieurs travaux sur les quartiers informels mahorais.
Un quartier de bureaux de Mamoudzou
Sur les quelque 320.000 habitants que compte officiellement Mayotte selon la dernière estimation de l'Insee, environ 100.000 vivent dans des bidonvilles ou "quartiers informels" de "bangas", les cases mahoraises. Pour ces personnes, la situation sanitaire pouvait déjà être complexe, notamment à cause des difficultés d'accès à l'eau: au printemps 2024, une épidémie de choléra qui s'était propagée dans plusieurs bidonvilles avait fait sept morts.
Jean-François Corty, président de Médecins du Monde, craint une recrudescence de ce type d'épidémie à cause d'un "accès chronique à l'eau compliqué" après le passage du cyclone.
Un quartier de Mamoudzou
"Il faut espérer qu'il y ait une pause sur la question des expulsions pour que l'aide puisse se faire de manière qualitative", plaide le président de Médecins du Monde.
"Aujourd'hui c'est le temps de l'humanitaire, ce n'est pas le temps de la répression", insiste-t-il.
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