Il aurait sans doute fallu plus que le temps imparti pour aborder chaque aspect de son travail, tant son "palmarès" est copieux. Guidé vers l’image par sa sœur, puis fasciné par le potentiel photogénique de New York durant ses études, il a pris son envol au début des années 1990, en éclairant Delicatessen et La Cité des enfants perdus pour Jean-Pierre Jeunet et Marc Caro.
Avant d’être rappelé aux États-Unis pour collaborer avec David Fincher sur Seven. Bertolucci (Beauté volée), Stephen Frears (Chéri) Danny Boyle (La Plage), Alan Parker (Evita) ou encore Bong Joon-ho (Okja) ont notamment fait appel à ses services. Une liste loin d’être exhaustive...
La pellicule, si "sexy" à ses yeux
Considéré comme une sommité à son poste, mais relativement discret, Darius Khondji estime ne pas posséder de patte particulière. "Je ne pense pas avoir de style. Je travaille sur des projets complètement différents les uns des autres. Je ne vois pas comment on pourrait déceler un lien entre eux."
Pas question pour lui de rejeter le numérique, même s’il a d’abord commencé à déclarer son amour à la pellicule. "C’est tellement sexy de filmer avec... La texture est belle, elle va très bien sur les tons de peau. Le numérique peut aussi être très beau, mais il peut parfois rendre les directeurs de la photographie paresseux", a estimé Khondji, 66 ans.
Il aura fallu un déjeuner cannois chez... Kodak, avec le réalisateur danois Nicolas Winding Refn, pour qu’il franchisse le pas et tourne une première fois en numérique, pour la série Amazon Video Too Old to Die Young (2019), à l’esthétique pop très saturée. "Il m’a convaincu en me disant que ce serait très expérimental, que nous pourrions vraiment être très libres là-dessus. C’était incroyable."
à l’œuvre sur Armageddon Time
C’est également sur ce support que sa troisième collaboration avec James Gray a pris forme. Après The Immigrant et The Lost City of Z, les deux amis se sont retrouvés sur Armageddon Time, présenté en compétition officielle lors de ce 75e Festival de Cannes. Khondji a révélé que le film avait été monté quelques jours seulement avant la projection, avant de livrer quelques secrets de fabrication.
"Avec James, nous avons mêlé nos idées, en parlant d’à la recherche du temps perdu, de Marcel Proust, et de peintres réalistes américains qu’on aime tous les deux. Cela a donné une direction. La maison principale du film, elle, était couverte de cadres noirs pour donner le sentiment que cet endroit était très sombre, bas de plafond… Un cauchemar pour un cameraman! "
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