C’est l’un des rares survivants du dégagisme, une période pas si ancienne, qui a vu les dinosaures de la politique se faire exterminer par la comète Macron. Élu sénateur en 1986, alors que Gabriel Attal et Jordan Bardella n’étaient pas encore nés, Jean-Luc Mélenchon fait partie d’une espèce que l’on pourrait qualifier de préhistorique. À 72 ans, l’élu auparavant socialiste aujourd’hui insoumis aurait pu faire valoir son droit à la retraite.
Laisser les plus jeunes profiter de son incomparable expérience politique. Incapable de s’effacer, le patriarche s’est mué en père fouettard. Selon le dernier sondage Odoxa pour la presse régionale, il est devenu la personnalité politique qui suscite le plus de rejet (68%), à égalité avec Eric Zemmour. Il a réussi l’exploit de reléguer Marine Le Pen à 19 points derrière, elle qui a trusté cette première place pendant des années. Ses prises de position communautaristes, sa radicalité verbale, son aigreur, les scènes en 2018 de la perquisition de son local politique ont fait de lui un véritable épouvantail qui effraie même les électeurs socialistes.
Fort de ses 22% en 2022, il se revendique comme un "atout", un "nom qui fait ouvrir des portes dans les quartiers". La vérité, c’est que le malaise est tel que tous les principaux leaders du Nouveau Front populaire se sont sentis obligés de publiquement affirmer que "Non, Jean-Luc Mélenchon ne sera pas Premier ministre" si la gauche venait à gagner les élections législatives. Et alors que Dominique Strauss-Kahn - DSK, l’ancien patron du FMI - a déclaré qu’il voterait LFI au second tour contre le RN, les chiffres indiquent aujourd’hui que si barrage existe, il est contre le Nouveau Front populaire (à 47%), devant la majorité présidentielle (44%) et le RN (41%). Quel retournement.
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