Mercredi vers 14h, le calme apparent du lycée horticole d’Antibes a été brutalement interrompu. Lenny, élève de seconde, se trouvait au CDI pour une permanence lorsque le cri a retenti: "Toutes les fenêtres étaient ouvertes et on a entendu un cri. C’était pas un cri de détresse, ni de panique ou de douleur, on a pensé que ça venait du club de théâtre juste à côté".
Quelques élèves ont immédiatement couru vers la source du bruit, tandis qu’une camarade revenait en signalant qu’une professeure était au sol, un individu armé d’un couteau à ses côtés. "On s’est tous enfermés dans le CDI, et la police et les pompiers sont arrivés en vingt minutes environ. De ce qu’on a compris, la professeure s’est interposée. Elle s’est montrée très courageuse", poursuit Lenny.
Grâce aux exercices de sécurité menés par le lycée, les élèves ont pu rapidement sécuriser les lieux: portes, fenêtres et rideaux fermés.
"On est choqués"
Un autre élève, qui souhaite rester anonyme, décrit le moment où l’alerte s’est propagée: des cris annonçant une attaque au couteau ont fait se précipiter plusieurs classes dans les vestiaires, fenêtres fermées. Au début, ils pensaient à un exercice, mais les messages reçus confirmant la présence de blessés ont rapidement transformé l’inquiétude en choc. "On est sorti, il y avait les policiers autour, on s’est senti en sécurité mais on est choqués", relate-t-il, soulignant que le portail restait ouvert malgré les événements.
Arrivé en septembre en apprentissage, il confie: "À la rentrée on a tous un peu parlé de la sécurité au lycée, c’est ouvert. On nous a dit que ça faisait trente ans qu’il n’y avait pas eu ça. On est sous le choc, on demande ce qu’il se passe, on n’avait pas toutes les infos directement. On a été libérés, on va rentrer chez nous. On ne nous a rien dit de plus".
"On se demande si on sera en sécurité"
La tension n’était pas moins forte pour ceux qui n’étaient pas à proximité immédiate de l’attaque. Maya, 15 ans, amie de Camille - la fille de la professeure blessée - raconte: "Notre amie n’a pas de nouvelles de sa mère, elle pleure et elle n'est pas bien". Une inquiétude partagée par Lilou, 16 ans et élève en première STAV: "J'ai de suite pensé à Camille quand on a appris la nouvelle. C’est un pote au foyer qui a dit sur un groupe de classe qu’il y avait une attaque au lycée et qu'on ne devait pas rentrer. On est resté à l’abri et on a essayé de se tenir informé".
Maëlie et Lylou, lycéennes de seconde, revenant de leur pause déjeuner, ont également été frappées par les sirènes et l’alerte qui circulait sur le campus. Maëlie confie qu’elles attendaient de savoir si elles pourraient retourner au lycée et tentaient de contacter les amis restés à l’intérieur: "On espère qu’ils vont bien". Lylou ajoute: "On se demande surtout si on sera en sécurité si on nous laisse retourner au lycée".
"C'est un lycée de bisounours"
"Mme B. était ma professeure d’anglais pendant deux ans. C’est la gentillesse incarnée, elle aime son travail et ses élèves. Je suis choqué. Le lycée horticole, c’est un lycée de bisounours. Normalement, il n’arrive pas ce genre de chose", confie un ancien élève, qui a passé dix ans sur le campus.
Le lycée, vaste de dix hectares et "ouvert aux quatre vents", comme le décrit une enseignante, est depuis longtemps jugé vulnérable. "Cela fait des années qu’on demande la sécurisation du portail d’entrée", glisse-t-elle, amère. Lenny reprend : "À l’avenir, il faudrait sécuriser davantage le lycée. Comme il y a une exploitation, on ne peut pas se permettre d’installer des portillons, parce que pour l’agriculture c’est très dur. On a un bon CPE et une bonne administration, je sais qu’ils vont faire tout leur possible pour que ça n’arrive plus".
C’est d'ailleurs le sang-froid du proviseur qui a permis d’éviter le pire, puisque c'est lui qui est parvenu à dialoguer avec l’agresseur, donnant ainsi le temps aux forces de l’ordre de maîtriser l’ancien élève.
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