"Monsieur Isidore", autodidacte flamboyant, roi des machines à sous... Qui était Isidore Partouche, décédé à 94 ans
Pour tous ses employés, il était "Monsieur Isidore". Ancien radioélectricien, Isidore Partouche, décédé à 94 ans, est devenu en quelques décennies le patriarche d'un empire familial du casino en surfant sur la vague des machines à sous.
AFPPublié le 30/04/2025 à 17:00, mis à jour le 30/04/2025 à 17:00
AFP/Archives / ANNE-CHRISTINE POUJOULAT
Goût du risque, inébranlable confiance en lui, fort charisme... Cet autodidacte flamboyant, rapatrié juif d'Algérie qui avait conservé son accent pied-noir, était parvenu dans les années 2000 à faire jeu égal avec l'autre géant du casino français, le groupe Barrière, son concurrent de toujours. Et même à le dépasser en nombre d'établissements de jeux sur l'Hexagone.
En 2025, une cinquantaine d'années après les débuts à Saint-Amand-les-Eaux (Nord), le groupe Partouche compte 44 casinos en France et à l'étranger, 12 hôtels et 44 restaurants. Et plus de 4.800 machines à sous.
De l'Algérie au Touquet
"Il a fait tout cela parce qu'il ne savait pas que c'était impossible", disait, en paraphrasant Mark Twain, son fils Patrick, auquel il avait passé la main en 2006 et qui est aujourd'hui le président du conseil de surveillance. Tout en conservant jusqu'au bout un oeil sur son empire.
AFP/Archives / FRANCOIS LO PRESTI.
Né sous l'Algérie française à Trezel le 21 avril 1931 dans une famille de commerçants juifs de l'Oranais, Isidore Partouche travaille d'abord comme radioélectricien. Avec, déjà, un goût prononcé pour les affaires: il devient le premier concessionnaire Philips en Algérie.
Resté quelques années à Oran après l'indépendance, il finit par gagner la France, avec sa femme, professeure de danse puis de dessin, et leur fils.
Direction le Pas-de-Calais, où il rachète au Touquet une piste de karting puis une boîte de nuit. Il refuse de solliciter la moindre aide destinée aux rapatriés mais omet plusieurs années de payer l'impôt sur le revenu, ce qui lui vaudra une note salée du fisc.
Pas démonté pour deux sous, il passe même à la vitesse supérieure en rachetant en 1973 pour un franc symbolique le petit casino de Saint-Amand, près de Valenciennes, au bord de la faillite, qu'il redresse avec l'aide de sa famille. Son premier coup de poker.
Malgré de nouveaux démêlés avec les autorités, celui qui a pour credo acheter pas cher, restructurer vite pour encaisser beaucoup est en pleine ascension. Il acquiert de nouveaux casinos (Le Touquet, Calais, Vichy, Forges-les-Eaux, La Ciotat...) en cédant parfois les exploitations d'eau de source, moins rentables.
Le pactole des bandits manchots
Surtout, il saisit avant tout le monde l'immense profit à tirer des machines à sous, autorisées en France à la fin des années 1980. Il va équiper en bandits manchots tous ses casinos, les transformant en vrais lieux de divertissement. Le pactole.
AFP/Archives / ANNE-CHRISTINE POUJOULAT.
Bourreau de travail et doté d'un solide entregent - il avait ses entrées à l'Elysée sous Mitterrand - il introduit le groupe en Bourse en 1995. Entreprise familiale au sens très large (frères, soeurs, cousins, cousines...), Partouche devient en 2002 le premier casinotier de France en nombre d'établissements (mais deuxième en chiffre d'affaires).
Il invente même le concept de "Pasino", complexe de divertissement ouvert à tous et proposant jeux, espaces événementiels et spectacles.
Martelant son motto "garder les pieds sur terre et ne jamais oublier d'où l'on vient", Monsieur Isidore, cheveux blancs, costume toujours impeccable et havane aux lèvres, aimait bien faire rire son clan avec sa blague favorite: "pour gagner au casino, il faut en acheter un !"
Lors de son dernier exercice annuel (2023-2024), le groupe Partouche, engagé dans plusieurs rénovations d'ampleur dans ses établissements, a enregistré un chiffre d'affaires de 434 millions d'euros pour un bénéfice net de 4 millions d'euros.
commentaires
ads check
“Rhôooooooooo!”
Vous utilisez un AdBlock?! :)
Vous pouvez le désactiver pour soutenir la rédaction du groupe
Nice-Matin qui travaille tous les jours pour vous délivrer une
information de qualité et vous raconter l'actualité de la Côte d'Azur
Et nous, on s'engage à réduire les formats publicitaires
ressentis comme intrusifs.
Si vous souhaitez conserver votre Adblock vous pouvez regarder une seule publicité vidéo
afin de débloquer l'accès au site lors de votre session
Nous avons besoin de vos cookies pour vous offrir une expérience de lecture optimale et vous proposer des publicités personnalisées.
Accepter les cookies, c’est permettre grâce aux revenus complémentaires de soutenir le travail de nos 180 journalistes qui veillent au quotidien à vous offrir une information de qualité et diversifiée. Ainsi, vous pourrez accéder librement au site.
Vous pouvez choisir de refuser les cookies en vous connectant ou en vous abonnant.
commentaires