Flora et Violette s’en donnent à cœur joie. Sous leurs pattes, le sentier des rives du Loup défile. Les deux chiennes sont habituées à parcourir des kilomètres, ravies, auprès de leurs maîtres, Cécile et Didier.
Résidents à Vallauris, ils découvrent ce matin la nature de Pont-du-Loup. "Toute l’année on randonne, on adore ça. Et lors de la haute saison, on a tendance à fuir le littoral. Ou plutôt le monde: si on va dans l’eau on prend le paddle!", sourient ces retraités qui ne partiront pas en vacances cet été - juste un "saut en Corse pour le baptême du petit".
Et ils sont loin d’être des cas isolés. Les études, comme celle du Credoc, estiment à 40% le nombre de Français qui ne quittent pas leur lieu d’habitation pendant les congés. Dans les faits, les raisons sont multiples.
Entre ceux qui travaillent – comme Pierre, dans la restauration à Mandelieu qui poursuit sa pratique sportive durant ses jours off –, ceux qui attendent la fin de la saison pour trouver des séjours moins onéreux et ceux qui n’ont pas le budget pour l’envisager, les profils qui côtoient les touristes sur la Côte d’Azur sont hétéroclites.
Comment ces Azuréens passent-ils juillet et août? Réponse avec les concernés qui ont partagé leur programme et bons plans.
Ils préfèrent l’arrière-pays au littoral
"Pour trouver de la fraîcheur je préfère la rivière", indique Manon qui habite à Valbonne. D’ailleurs, elle n’a pas besoin d’aller bien loin avec la Brague.
Un de ses spots phares? "Il faut remonter durant 200mètres le long de l’écurie de la Veyrière, vous avez accès à une petite plage. La majorité des visiteurs restent dans le village et ne s’aventurent pas plus loin." La mère de famille de deux enfants conseille également les abords du Loup à Villeneuve-Loubet.
Et s’il est question de plonger dans la mer, elle préfère la Ligurie: "Les plages privées sont moins chères, il y a de la place." Faire de la route ne lui fait pas peur, alors les lacs sont aussi sur sa carte: Saint-Cassien ou Sainte-Croix. "Ce n’est jamais la cohue, c’est toujours agréable."
"L’idée c’est de souffler, de ne pas tomber au milieu de la foule", indique Kalyan, 19 ans. Cette année, il ne bouge pas. Mais reçoit famille et amis chez lui à Villeneuve-Loubet. Alors pour jouer les guides, c’est en soirée à Antibes ou des journées dans l’arrière-pays.
Sans surprise, le territoire du moyen et haut pays attire pour ses panoramas, ses degrés en moins et la tranquillité.
"L’avantage de vivre ici, c’est qu’une fois qu’on a terminé de travailler, on se sent en vacances", note Olivier de Menton qui invite le plus grand nombre à arpenter les villages. De son côté, ce quadragénaire père d’un adolescent, opte pour Gorbio et Sainte-Agnès. Des sites dont il ne se lasse pas.
Et ce n’est pas Aude, Niçoise de 33 ans, qui dira le contraire. "L’été je ne pars jamais, tout est trop cher partout." Alors elle enfile ses chaussures de randonnées et vadrouille. Sa nouvelle expérience? "J’ai réservé ma place dans le train historique entre Vintimille et Tende, il circule jusqu’au 6 septembre."
Une bonne excuse pour savourer une picore! Son dada? N’utiliser que les transports en commun: bus, wagon… Elle veut prendre le temps de la contemplation. Et ce, des deux côtés de la frontière. Vallée de la Nervia, gorges du Cians et de Daluis, voire cascade du Riou depuis Vence: la nature et le patrimoine du secteur tendent les bras à ceux qui quittent le littoral.
"On peut trouver des activités à moindre coût"
Mais pour certains, c’est déjà trop: trop de route, trop de coûts. "On ne peut pas se le permettre", glisse une retraitée qui explique passer son été à s’occuper de ses animaux auprès de son époux.
"On a la sensation que les prix grimpent en flèche à cette période. On le sait, mais ça fait toujours mal", commente Julie, en évoquant notamment les tarifs des parcs aquatiques: "Quasiment trente euros par ado, ce n’est pas rien!" Alors que peut-on proposer pour ne pas griller son porte-monnaie?
Jérémie, 37 ans, a la solution. "On peut vraiment faire des trucs sympas à moindre coût, voire carrément gratuitement dans le département", constate cet Azuréen de fraîche date – il est installé à Nice depuis deux ans et demi – originaire de Grenoble.
Son astuce? Suivre le calendrier événementiel du territoire. Pas la peine de bouger plus loin. "Il y a de nombreux feux d’artifice, mais aussi des manifestations culturelles comme Vallauris fête Picasso qui était une très bonne soirée. Je pense aussi au pique-nique blanc de Saint-Paul-de-Vence début juillet, là aussi c’est super chouette."
Des animations qui permettent de profiter de l’été sans dépenser des mille et des cents: c’est possible.
Pour Virginie, Niçoise, c’est même un credo. "J’ai 50 ans, nous à l’époque on ne partait pas en vacances, mais on n’était pas malheureux, philosophe-t-elle. Je suis assistante maternelle. Les enfants se réjouissent de choses simples. Et on peut en trouver!" Très bien renseignée, elle partage ses bons plans avec les familles qu’elle fréquente.
"L’association Galice installe ses jeux et structures dans les jardins et parcs publics. C’est gratuit, on passe un super moment", atteste-t-elle en évoquant également la Fête de la musique du jardin du Ray ou encore la diffusion du long-métrage Le Monde de Nemo à l’initiative du comité de quartier Saint-Maurice.
"Il y a de nombreuses associations qui font un travail précieux pour animer l’été. Je pense aussi à La Semeuse dont la réputation n’est plus à faire." Des acteurs de terrain qui font vivre le lien social et permettent aux petits de grandir: "Grâce à eux mes enfants ont appris à camper, cela permet de faire des expériences."
Œuvrer à se créer des souvenirs: voilà surtout ce qui occupe les Azuréens qui restent ici. Sûrement le plus sensé des programmes au final…