Avec son exposition consacrée à William Turner, le Grimaldi Forum rend hommage au célèbre peintre britannique cet été à Monaco

L’exposition du Grimaldi Forum montre la force du travail de William Turner, icône de la peinture britannique du XIXe siècle, pour capturer l’atmosphère de la nature et captiver le spectateur.

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Cédric Verany Publié le 05/07/2024 à 07:03, mis à jour le 05/07/2024 à 09:37
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Dans cette atmosphère de pénombre qu’appréciait l’artiste pour montrer son travail à l’époque, la lumière des toiles jaillit comme jamais. Photo Cyril Dodergny

"Mon travail consiste à peindre ce que je vois, non ce que je sais être là". Dans cette phrase, William Turner résumait sa démarche. L’artiste, maître de la peinture britannique au XIXe siècle, est à l’honneur au Grimaldi Forum qui lui consacre sa grande exposition estivale, inaugurée jeudi soir par le souverain et que le public pourra découvrir dès samedi et jusqu’au 1er septembre.

Un projet pharaonique développé avec la Tate londonienne, dépositaire de toute l’œuvre de Turner qui a prêté - et c’est une première - 80 toiles et dessins au Grimaldi Forum pour raconter cet artiste. Et sa manière si particulière de peindre la lumière de la nature, plaçant son travail parmi les chefs-d’œuvre de l’Histoire de l’art.

En s’attardant sur Le Rigi bleu, une aquarelle de 1842 accrochée dans l’exposition on comprend sa démarche d’un coup d’œil. La toile semblant comme une photographie capturant à la lueur près ce lever de soleil pour l’éternité. "C’est l’aquarelle la plus célèbre au monde", s’enthousiasme Elizabeth Brooke, commissaire de l’exposition et chargée de mission curatoriale à la Tate qui conduit ce projet au Grimaldi Forum baptisé "Turner, le sublime héritage".

Le titre résume la volonté de raconter cette quête de la lumière et du sublime, un terme qui en peinture, qualifie une façon de transcender le beau, ce dont William Turner fut le maître.

Photo Cyril Dodergny.

De la campagne anglaise à Venise

"Turner était un observateur passionné par la grandeur de la nature, par le climat, par cette force intrinsèque de la nature. C’est un sujet très actuel", résume Sylvie Biancheri, directrice générale du Grimaldi Forum, ravie du résultat de cette exposition qui succède à celle consacrée à Claude Monet l’an dernier qui fut un succès critique et populaire. Et la proposition pour 2024 est à la hauteur de celle de l’année précédente.

Surprise dans la première salle, l’obscurité est maîtresse. Comme dans la maison de Turner quand il accueillait ses invités pour qu’ils soient éblouis par la lumière jaillissant de la toile. Un clair de lune scintillant, accroché au mur, en fait la démonstration.

Le parcours commence dans la campagne anglaise, terrain de jeu favori du peintre pour suivre le jeu entre le brouillard et la flore. Une iconographie symbolique de son travail. Au sol, les toiles se retrouvent confrontées avec des installations signées Richard Long. L’artiste contemporain proposant des cercles formés avec des pierres recueillies au Pays de Galles, non loin de la lande qu’arpentait William Turner pour trouver ses inspirations.

La conversation commence. En effet, plutôt qu’une monographie, le pari entrepris par les équipes de la Tate et du Grimaldi Forum est un dialogue, une confrontation entre les œuvres de Turner et des créations contemporaines. Ça n’enlève rien à la puissance du travail de Turner. Au contraire, ça la prolonge.

Photo Cyril Dodergny.

La mer pour élément

À chaque salle cette dualité. Dans l’espace consacré à Venise, une ville où le peintre était captivé par la lumière qui enveloppe la Sérénissime, les dessins proposés de 1840 sont simplement magnifiques. Ils percutent les toiles d’Howard Hodgkin livrant son atmosphère de Venise maturée à la pop culture, et ça fonctionne.

Puis vient la mer. "Plus de la moitié du corpus d’œuvres de Turner porte sur la mer. Une mer démontée, des cieux spectaculaires pour montrer cette puissance", rappelle Elizabeth Brooke face à ces aquarelles, tantôt puissantes, tantôt évanescentes.

Le spectacle est présent et communique avec le travail de Jessica Warboys, accroché en face, sur d’immenses bâches recouvertes de pigments qu’elle place sur des plages pour que la mer fasse pénétrer la couleur à sa guise. Le résultat montre la rudesse et la turbulence de cet élément. Turner peignait ce qu’il voit, ici l’artiste contemporaine laisse peindre, en quelque sorte, la mer.

Photo Cyril Dodergny.

La dernière salle compile des toiles inachevées retrouvées dans l’atelier du peintre britannique, à sa mort en 1851. La technique est là, prêtant à imaginer la suite dans cette représentation pure de la lumière et de l’atmosphère.

Un cheminement jusqu’à l’ultime dialogue, celui avec Mark Rothko. Les toiles des deux maîtres, côte à côte dans la dernière salle, semblent de la même portée. Frappant! Chez cette figure du XXe siècle de l’art contemporain, la filiation avec William Turner apparaît logique. Entre Trois Marines, une toile de Turner de 1827, et une œuvre de Rothko de 1969, un siècle et demi s’est écoulé mais le parallèle est évident. Dans les lignes, dans l’usage de la couleur et des dégradés, dans l’intention de la lumière. Voilà le sublime héritage.

Photo Cyril Dodergny.

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