"Il faut remettre les Monégasques dans le jeu": ce qu'il faut retenir de la première réunion publique sur la priorité nationale à Monaco
La première réunion publique du Conseil national s’est tenue au sein de l’hémicycle sur le thème du respect de la priorité nationale. Les Monégasques ont pu partager leurs expériences mais aussi leur colère.
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Jérémy BECAMPublié le 12/06/2025 à 10:44, mis à jour le 12/06/2025 à 10:44
Tout au long de la soirée, les Monégasques ont pu s’exprimer devant les élus du Conseil national.Photo Conseil national
"C’est un moment important que nous allons vivre ce soir."Thomas Brezzo, le président du Conseil national, n’a pas caché sa satisfaction au moment d’entamer cette première réunion publique. Une initiative amorcée en novembre 2024 lors de la restitution de la grande consultation des Monégasques où 75% des répondants avaient indiqué leur volonté d’organiser des réunions publiques ouvertes à tous pour évoquer, avec les conseillers nationaux, les sujets importants.
Quelques mois plus tard, l’appel a été entendu avec un premier rendez-vous mardi soir au sein de l’hémicycle sur le thème de la priorité nationale.
Dans le rôle du maître du temps et des questions, Stephan Machère-Doherty, conseil en communication du Conseil national a d’abord questionné, via les témoignages laissés par les internautes, les élus sur la présence ou plutôt l’absence des Monégasques dans l’administration du pays. "Il y a environ 25% de Monégasques dans la fonction publique. Actuellement, 993 y travaillent sur 4.000 fonctionnaires et agents.Malgré la hausse du nombre de postes et une population croissante, cette part n’augmente pas", explique Franck Lobono, président de la Commission des intérêts sociaux et des affaires diverses.
La raison? Une nouvelle génération plus diplômée, plus avide d’expériences à l’étranger et plus intéressée par l’entreprenariat que par le plan de carrière traditionnel dans l’administration.
Autre point noir soulevé cette fois-ci par les témoignages d’une partie de la cinquantaine de personnes présentes dans la salle, la concurrence jugée injuste entre les locaux et les personnes ne faisant pas partie des rangs de priorité. "Les Monégasques ne doivent pas être en concurrence avec les Français. C’est la promesse de la priorité nationale. La solution est d’avoir plus de transparence dans le système et plus d’implication du Conseil national dans la vérification de ces cas-là", propose Christophe Brico. Et dans le cas où la priorité nationale ne serait pas respectée ou qu’une injustice serait commise et avérée, les élus réfléchissent actuellement à la création d’un recours supplémentaire.
Faire valoir la nationalité monégasque à l’étranger
Après plusieurs témoignages consécutifs sur le manque de considération envers la nationalité monégasque dans les commerces et les restaurants du pays, Thomas Brezzo a rappelé la détermination du Conseil national sur ce sujet. "Aujourd’hui, la dimension internationale a pris un poids qu’il n’y avait pas encore il y a quelques années. Et c’est vrai que nous sommes obligés d’aller faire valoir nos spécificités et notre nationalité jusqu’à l’étranger, pour pouvoir nous faire respecter. Maintenant, on ne peut pas régler toutes les solutions, notamment celles qui sont liées à la bêtise, et qui ne relèvent pas de notre autorité ou de celle de qui que ce soit ici".
Pris de court par le temps imparti, les élus ont tout de même voulu mettre en avant le cas de la SBM confrontée à un manque de candidatures monégasques."Je pense que ce secteur a une très mauvaise réputation. Ce n’est pas parce que vous rentrez à la SBM, que vous allez rester forcément dans les Jeux. C’est un métier formidable, je le vendrai toujours, mais ce n’est pas une voie de garage. Donc, il y a moins de Monégasques, c’est vrai, il faut peut-être travailler là-dessus, faire comprendre aux gens que c’est un vrai métier, un beau métier. Et peut-être que nos jeunes reviendront. Il faut remettre les Monégasques dans le jeu", revendique l’élu Mikaël Palmaro.
Après près de trois heures d’échanges, Thomas Brezzo a clôturé cette première séance en reprenant les grandes lignes évoquées tout au long de la soirée. "La création d’une commission semble être une bonne idée. Elle serait mixte entre le gouvernement et le Conseil national. Dans cette commission, nous aurions accès à toutes les informations, tous les dossiers et là, éventuellement, nous pourrions remettre en cause la décision de l’administration. Il faut trouver un arbitrage beaucoup plus rapide que ce qui existe aujourd’hui. Il y a tout un processus à intégrer. Cela fera partie des discussions avec le gouvernement qui n’aura pas envie qu’on mette le nez dans toutes ces affaires. La loi sur la priorité nationale existe. C’est le respect qu’il en est fait le problème. C’est pour ça que nous sommes là ce soir. Il y a trop de remontées d’informations sur le non-respect de cette priorité", conclut le président.
Élus et débatteurs d’un soir ont ensuite pu échanger quelques derniers mots autour d’un verre de l’amitié, l’occasion de revenir une dernière fois sur des cas personnels, que le Conseil national voulait éviter, et sur la volonté des représentants de défendre farouchement la nationalité monégasque. C’est peut-être ce qu’ils avaient le plus besoin d’entendre.
Jean-Louis Grinda, vice-président du Conseil nationalPhoto Conseil national.
La décla'
"L’exemple doit venir d’en haut. À l’avenir, nous devons nous mobiliser pour faire comprendre que Monaco est un pays adulte. Les Monégasques doivent prendre leur destin en main à tous les échelons de l’état. La Constitution de 2002 le permet. À partir du moment où vous avez des hauts fonctionnaires et des ministres monégasques, ils comprendront davantage les besoins et le quotidien de nos compatriotes. Les Monégasques doivent pouvoir s’investir dans tous les niveaux de l’état. Nous n’imposons rien au Souverain mais nous affirmons notre désir de prendre notre destin en main.", Jean-Louis Grinda, vice-président du Conseil national lors de la première réunion publique organisée mardi soir.
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