Découvrez les papes qui un jour, ont parcouru notre région
En ce jour d’obsèques du pape François, remontons le temps, à la rencontre des souverains pontifes qui, au cours des siècles, ont fréquenté notre région.
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André Peyrègne Publié le 26/04/2025 à 10:10, mis à jour le 26/04/2025 à 10:10
Le pape Jean XXII, qui fut évêque du dicoèse de Fréjus, échappa par deux fois à un attentat.
Repro DR
Il s’appelait Jean Duèze, était né à Cahors en 1244. S’il nous intéresse aujourd’hui c’est que non seulement il fut élu pape en 1316 mais qu’il fut, auparavant, évêque de Fréjus.
Oh sa nomination donna lieu à quelques commentaires! Il fut appelé à Fréjus par le comte de Provence Charles II pour le récompenser d’avoir fait sortir du couvent sa fille Béatrice, et lui avoir ainsi permis d’épouser un riche noble italien, Azzo d’Este.
L’écrivain Dante parle de ce personnage dans sa Divine comédie comme de quelqu’un de peu recommandable. Mais ne soyons pas mauvaise langue! La vie d’évêque de Jean Duèze à Fréjus, par la suite, ne fut pas un long fleuve tranquille. Il échappa à deux attentats.
Le premier, en 1303, en pleine nuit, dans son palais épiscopal - ce qui le poussa à entreprendre la construction de fortifications autour de la cathédrale et du siège de l’évêché, dont une des ailes est aujourd’hui occupée par la mairie de Fréjus.
Deuxième attentat en 1306, sur la route de Roquebrune-sur-Argens, fomenté par des administrés qui le trouvaient trop zélé dans la collecte des impôts.
C’est à Avignon que Jean Duèze, devenu Jean XXII, exerça son pontificat puisque les papes avaient émigré dans cette ville en 1309. Il resta en fonction jusqu’en 1334, à l’âge, considérable pour l’époque, de 90 ans. Et cela… Malgré une tentative d’empoisonnement fomentée par l’évêque de Cahors qu’il avait accusé de malversations!
Grégoire XI et sainte Catherine à Toulon
Après Jean XXII, les papes se succédèrent à Avignon jusqu’à Grégoire XI qui, en 1376, décida de revenir à Rome. Le voyage s’effectua au travers de notre région.
Le pape et sa cour s’embarquent de Marseille le 3 octobre 1376 sur une soixantaine de navires. Au large de nos côtes, une tempête se déclenche, obligeant la flotte à trouver refuge dans la baie de Sanary (Saint-Nazaire à l’époque). La plupart des passagers restent à bord.
Parmi les voyageurs qui descendent se trouve Catherine Benincasa. Celle qui deviendra sainte Catherine de Sienne, alors âgée de 29 ans, va poursuivre sa route à pieds. Au passage, elle guérit miraculeusement un enfant à Toulon. Elle longera ensuite la côte, rejoignant le pape à Gênes.
Pendant ce temps, la flotte papale repart le 6 octobre, fait escale au Lavandou, à Saint-Tropez, puis à Saint-Honorat dans les îles de Lérins le 8 octobre. Le soir, elle se trouve à Antibes où l’évêque de Grasse organise une grande réception. Le 9 octobre, la flotte arrive dans le port de Villefranche.
Les Niçois affluent en nombre pour célébrer le souverain pontife.
Au moment du départ, la tempête se déchaîne à nouveau. Le chroniqueur du voyage, Pierre Ameilh, en porte témoignage: "En pleine nuit du 11 octobre, la tempête redouble. L’étrave d’un navire se brise. Les voiles tourbillonnent dans les airs, les cordages se déchirent. À l’intérieur de l’embarcation sont réunis les courriers, les huissiers, les valets préposés aux tables papales, tandis que sur le pont les prêtres formulent des vœux avec leurs promesses à Dieu. À la troisième heure de la nuit, l’ancre de notre navire est rompue, ainsi que la vergue avec ses attaches. À minuit tout est désespéré et ce ne sont que des vociférations et des clameurs. Les matelots reviennent sur leurs pas, désespérant de leur salut, ils errent de ci, de là sur la mer sans direction; des marchandises sont emportées par les flots ainsi qu’un clerc en moins de rien! Au matin, les matelots tout étonnés se retrouvent à Sainte-Marguerite."
Le Ciel voulait-il dissuader le pape de revenir à Rome? Il faudra attendre le 15 octobre pour que les éléments se calment et que Grégoire XI reparte et achève son périple. Il est, à ce jour, le dernier français à avoir été élu pape.
Benoît XIII et sainte Colette à Nice
À la mort de Grégoire XI, eut lieu le Grand Schisme de l’Église. Certains papes restèrent à Rome, les autres, nommés "antipapes", revinrent à Avignon. Ce fut le cas de Benoît XIII qui entama son pontificat avignonnais en 1394.
En 1406, fuyant la peste qui sévissait à Avignon, il se réfugia à Nice. C’est là que vint le voir celle qui allait devenir Sainte Colette. Quatre ans plus tôt, au monastère de Corbie, elle avait eu des visions de saint François d’Assise. La rencontre à Nice eut lieu le 4 octobre 1406. Benoît XIII lui remit l’habit de clarisse et le voile noir de professe. Il la nomma abbesse. À la suite de quoi elle alla fonder dix-huit monastères à travers l’Europe. Le monastère Sainte-Claire à Cimiez, à Nice, perpétue sa mémoire.
Paul III à Vence et à Nice avec François 1er et Charles Quint
Au siècle suivant, Nice allait accueillir un nouveau pape: Paul III. Il connaissait notre région. Avant d’accéder au pontificat en 1534, il avait été, de 1508 à 1511, évêque de Vence.
De son vrai nom Alexandre Farnèse, membre d’une célèbre famille italienne, on prétendait qu’il avait accédé à 25 ans au rang de cardinal diacre grâce à sa sœur Giulia, qui était la maîtresse du fameux pape à scandale Alexandre VI Borgia. La cathédrale de Vence possède toujours des reliques dont il l’a dotée.
C’est à Nice, donc, qu’on retrouva Paul III en 1538. Il y donna rendez-vous en au roi François 1er. et à l’empereur Charles Quint pour qu’ils signent le Traité de Nice et mettent ainsi fin aux guerres pour la possession du duché de Milan. Le pape Paul III arriva à bord d’une galère impériale et s’installa au couvent Sainte-Croix à Nice. François 1er, lui, logeait au château de Villeneuve-Loubet et Charles Quint dans le port de Villefranche. Le pape et le roi se rencontrèrent une première fois sous une tente dans le vallon de Magnan à Nice, et une deuxième fois au Moulin du Var.
Le pape et l’empereur se retrouvèrent, eux, au château de Nice (château qui, par la suite, a été détruit sur ordre de Louis XIV). Le traité fut signé au couvent Sainte-Croix. Cet événement reste gravé dans le marbre d’une croix érigée à la place du couvent, dans l’actuelle rue de France à Nice.
Marcel II à l’abbaye de la Celle
Paul III régna 15 ans, eût pour successeur Jules III, auquel succéda Marcel II en 1555.
Ce pape Marcel II n’était pas un inconnu dans notre région.
De son vrai nom Marcello Cervini, il avait été prieur du monastère de La Celle près de Brignoles. Ce monastère bénédictin fondé au Xième. siècle qui accueillait des religieuses issues de la haute noblesse provençale était en effet dirigé par des prieurs. Marcel II en fit partie.
Il laissa le souvenir d’un "prêtre sérieux" comme on dira de lui, par la suite, qu’il fut un "cardinal intègre", influent lors du Concile de Trente.
Il n’eut pas trop le temps de marquer son ministère papal. Il fut en effet l’un des souverains pontifes au règne le plus court. Il mourut en 1555 à l’âge de 53 ans… vingt-deux jours après avoir été élu pape.
Pie VII: triomphal retour
Il fallut attendre le début du XIXe siècle pour revoir un pape dans notre région.
Ce fut en 1809 lors de la captivité de Pie VII par Napoléon 1er. Puis en 1814 lors de sa libération. Nous avons consacré une chronique à cet événement (Voir Nice-Matin du 8 février).
Parmi les dates à retenir de ses deux passages: le 7 août 1809 où, sous bonne garde, il logea à l’Hôtel des Quatre Saisons à Fréjus (aujourd’hui au 75 avenue du général de Gaulle), le 7 août où il arriva à Nice et y resta jusqu’au 9 août, le 10 août où il passa par Sospel avant son emprisonnement à Savone puis à Fontainebleau.
Lors de sa libération Pie VII fit halte le 7 février à Tourves, le 8 à Fréjus à l’Hôtel de la Poste, le 9 à Nice où il rencontra Pauline Bonaparte, le lendemain à Menton avec un arrêt près de la Turbie où l’on peut toujours voir la Croix du Pape sur la Grande corniche.
Partout, sur ses pas, ce ne fut que débordements de foules.Ce fut le dernier passage d’un pape sur la Côte d’Azur.
La cathédrale de Vence : le futur pape Paul III y fut évêque de 1508 à 1511 Photo DRCatherine de Sienne rencontre le pape Grégoire XI à Avignon avant la traversée de notre région. Repro DRLe pape Marcel II fut, auparavant, prieur au monastère de La Celle, du côté de Brignoles.
Repro DR
La dépouille de Pie VI fit escale à Monaco
En 1798, le pape Pie VI fut contraint par la nouvelle République française de renoncer à son pouvoir temporel. Le 15 février, lors de la proclamation de la République romaine, il fut fait prisonnier. Octogénaire et malade, il fut conduit à Sienne puis à Florence puis à Valence en France où il mourut en 1799.
Son corps fut rapatrié à Rome en 1802. Le 12 février sa dépouille fit escale à Monaco à cause d’une tempête survenue lors du de son transfert par mer.
Les Monégasques accueillirent son cercueil avec ferveur et le déposèrent dans l’église Saint-Nicolas qui se trouvait sur le Rocher, à la place de l’actuelle cathédrale.
Par la suite, la dépouille de Pie VI fut transférée à Rome, accueillie par le pape Pie VII… qui ignorait que, plus tard, lui aussi serait fait prisonnier ! Pie VI eut droit à des funérailles en la basilique Saint Pierre où il est enterré.
A.P.
Le pape Pie VI meurt en France, à Valence, en 1799. En 1802, son corps fut rapatrié à Rome. Photo DRLe pape Pie VII traversa par deux fois notre région. Il est à ce jour, le dernier pape à avoir traversé notre région.D.R..
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