L'agglo de Menton reconduit pour 8 ans le contrat du transporteur Keolis, voilà ce qui change

Les élus de la Carf ont approuvé le renouvellement de la délégation de service public pour les transports urbains. La société Keolis assurera de nouveau la gestion du réseau pour une durée de huit ans.

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Maxime rovello Publié le 02/07/2025 à 09:15, mis à jour le 02/07/2025 à 09:15
Keolis Menton Riviera s’occupera à nouveau des transports sur le secteur de l’agglo pour les huit prochaines années. Archive Jean-François Ottonello

Sans surprise, Keolis Menton Riviera rempile. Et sans concurrence. La société, déjà délégataire du réseau de transports urbains de la Communauté d’agglomération de la Riviera française (Carf) depuis 2019, a été reconduite pour huit ans à l’issue d’une consultation… où elle était la seule en lice. Validé en conseil communautaire le 30 juin, le nouveau contrat qui entrera en vigueur le 8 septembre prévoit une nette amélioration du service dès septembre 2025.

Des mots des élus, l’offre finale retenue répond à toutes les demandes d’évolution formulées dans le cahier des charges, lesquelles vont inévitablement s’accompagner d’une hausse de certains tarifs à partir de 2026.

En premier lieu, le ticket unitaire vendu à bord qui passera de 1,80 à 2 euros en 2026, puis l’abonnement ramassage scolaire annuel qui passera de 10 euros à 20 euros en 2026 et 30 euros en 2028; l’abonnement "Jeunes" annuel qui passera de 112 euros à 130 euros en 2026 puis 150 euros en 2028 et, en mensuel, qui passera de 12 euros à 15 euros en 2026, et ne sera plus réservé aux jeunes scolarisés mais à toutes les personnes de moins de 26 ans; le ticket Vol Libre qui passera de 4 à 10 euros, ainsi que le ticket Vol Libre journée qui passera de 10 à 20 euros, en 2026. En revanche, les abonnements tout public resteront inchangés.

Ces hausses, expliquent les élus communautaires, visent à faire contribuer les usagers à un service nettement amélioré. Le président de la Carf, Yves Juhel, va même jusqu’à évoquer un "véritable choc d’offre" avant de lister les caractéristiques proposées par le nouveau contrat.

Une offre qui s’étoffe

"17% de kilomètres en plus sur les lignes armatures 1 (Résédas-Careï-Frontière) et 2 (Suillet-Borrigo-Marché) sur Menton (soit 40% de la fréquentation du réseau), et sur la ligne 18 entre Monaco, Beausoleil, Roquebrune-Cap-Martin et Menton (frontière). Ces lignes desservent 50.000 habitants avec des arrêts à moins de 400mètres, soit 70% des habitants de la Carf", indique Yves Juhel.

Parmi les autres nouveautés, on compte: des fréquences améliorées sur les lignes les plus fréquentées, avec des horaires identiques toute l’année, une nouvelle liaison directe entre La Turbie et Menton (avec la nouvelle ligne 24 prolongée à La Turbie qui voit son offre doublée, et qui réduit de 30 minutes le trajet en transports en commun entre La Turbie et Menton), le renforcement des lignes vers Roquebrune-Cap-Martin, Sainte-Agnès, Sospel, Castillon, Breil, des bus plus grands sur les lignes saturées (jusqu’à +60 % de capacité sur les lignes 11 et 18), un meilleur service le week-end sur les lignes 23, 25 et les dessertes touristiques, de nouveaux services de soirée pendant la Fête du citron et l’été.

La navette électrique du centre-ville de Menton sera payante à l’été 2026

La future DSP intègre également des engagements environnementaux, comme la mise en circulation de quatre bus électriques sur la ligne 1 d’ici fin 2026. La navette électrique du centre-ville de Menton bénéficiera d’une heure de service supplémentaire en fin de journée – mais deviendra payante à partir de l’été 2026. Une réduction de 70 % de la consommation d’eau au dépôt de Castellar sera permise grâce à un nouveau système de lavage avec recyclage.

Le transport à la demande est lui aussi renforcé, avec une desserte inédite dans le col de Brouis à Breil, ou encore sur la route des Cabrolles à Menton.

Sur la question des coûts, ce vaste programme représente un coût moyen de 13,1 millions d’euros par an, dont plus de la moitié pour les salaires des quelque 130 agents mobilisés. Grâce aux négociations menées avec le délégataire, le coût du service a été réduit de 10 % par rapport à l’estimation initiale, soit environ 1,4M d’euros économisés par an.

Pour la Carf, le coût net annuel s’élèvera à 11,1 millions d’euros, en hausse de 700 000 euros par rapport au contrat précédent. Une augmentation assumée au regard de la transformation du réseau et de l’augmentation attendue de la fréquentation.

L’offre qui se voulait répondre à un cahier des charges co-construit par les quinze maires, les élus (dont ceux de la commission transport) et par les habitants et usagers n’a pas recueilli l’assentiment général. Treize abstentions sont à relever parmi les élus communautaires sur cette délibération.

La DSP des transports dans la Carf a été votée lors de la dernière séance du 30 juin. Photo M. R.

Un seul candidat mais pas sans débat

Choisir un délégataire pour gérer les transports publics d’un territoire est bien plus qu’une simple formalité. Cela engage la collectivité pour plusieurs années, conditionne les habitudes de déplacement de milliers d’usagers et mobilise une part importante du budget communautaire. À ce titre, le vote du 30 juin n’a pas laissé les élus indifférents. Si la reconduction de Keolis a été validée (malgré 13 abstentions), plusieurs voix se sont faites entendre.

Celle de Stéphane Manfredi d’abord. L’élu beausoleillois a fait part d’un certain étonnement: "En commission, on nous a dit qu’on serait aidé pour la rédaction du cahier des charges par une société. On avait demandé que les membres de la commission puissent relire ce cahier des charges avant qu’il soit lancé. a n’a pas été le cas. Il devait nous permettre d’avoir la plus grande possibilité de réponse mais à l’arrivée, on n’a qu’un délégataire qui répond. C’était pareil pour la fourrière. Chaque fois qu’on lance un appel d’offres, on a très peu de candidats. Sommes-nous trop restrictifs? Cela pose des questions pour notre avenir car on se rend compte qu’on n’est plus attractif…"

Sur la thématique des transports, "peu d’entreprises sont capables de répondre et peu de candidats sont intéressés", selon Alain Ducruet qui détient la délégation de la commande publique à Beausoleil.

"Il y a plein de bonnes choses dans cette offre mais sur les tarifs, ça ne me va pas, indique Véronique Batonnier, adjointe à Roquebrune. Le ramassage scolaire va tripler jusqu’en 2028, l’abonnement Jeunes annuel et mensuel… ça touche les jeunes et par rebond les familles. Ne peut-on pas préserver cette catégorie de la population?"

Albert Filippi, vice-président et maire de Sainte-Agnès, a déclaré s’abstenir dans l’espoir de trouver une solution pour sa commune, soumise à une difficulté: celle pour les habitants des Cabrolles de rejoindre Menton.

"J’ai raisonné en président de la Carf…"

Bon nombre d’élus ont partagé les points évoqués, en termes de coût ou sur le nombre de candidats. Yves Juhel a repris la parole. Sur les coûts, il précise: "On a étendu les offres aux moins de 26 ans. On a des jeunes actifs qui vont pouvoir bénéficier de ces tarifs. Il y a eu un équilibrage."

Sur la navette électrique gratuite qui devient payante, Yves Juhel assume: "Roquebrune et Beausoleil auraient pu en réclamer une et là on ne serait plus rentré dans les budgets. J’ai raisonné en président de la Carf et pas en maire de Menton. J’ai jugé que chaque commune devait faire un effort. Sur le nombre de candidats, on pensait en avoir au moins deux ou trois… ça n’a pas empêché qu’on négocie avec celui qui a répondu. On a pensé que c’était plus responsable de négocier un service plus important avec un budget pas trop élevé comparé au contrat précédent, que de déclarer l’appel d’offres nul car on aurait dû relancer la procédure et on aurait dépassé la date de fin de contrat. Le cahier des charges est celui souhaité par la Carf et on a obtenu 90% de ce qu’on souhaitait."

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