La césarienne, un acte médical loin d’être anodin

La césarienne est une intervention chirurgicale qui peut sauver des vies, mais elle comporte également des risques. Une information claire sur ses indications permet aux futures mères de prendre une décision éclairée concernant leur accouchement.

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Stéphanie Wiélé Publié le 23/06/2025 à 14:00, mis à jour le 23/06/2025 à 14:00
La césarienne sauve des vies, mais elle comporte des risques et des conséquences pour la mère comme pour l’enfant, d’où l’importance d’un choix éclairé et bien accompagné. Photo iStock

La césarienne concerne aujourd’hui de plus en plus de femmes en France. Cette opération est parfois la seule solution pour protéger la santé de la mère ou de l’enfant.

Mais pourquoi a-t-elle autant progressé ces dernières années ? L’âge plus avancé des femmes au moment de l’accouchement, la multiplication des grossesses à risque ou encore l’évolution des pratiques médicales expliquent en partie cette tendance, selon l’Académie nationale de médecine. Si la césarienne permet chaque année de sauver de nombreuses vies, elle reste une intervention qui comporte aussi des risques. Quels sont-ils réellement ? Quelles idées reçues circulent encore ? Et dans quels cas cette opération est-elle vraiment nécessaire ? Trois spécialistes du CHU de Nice — le Dr Cynthia Trastour, gynécologue-obstétricienne, le Pr Jérôme Delotte, chef du pôle femme-mère-enfant, et le Dr Hervé Haas, pédiatre infectiologue — nous éclairent sur cette pratique.

Qu’est-ce que la césarienne?

Il s’agit d’une intervention chirurgicale qui permet de faire naître le bébé par une incision dans l’abdomen. Elle est pratiquée lorsque le bébé ne peut pas suivre la voie naturelle et sortir par le vagin. La césarienne est un geste très encadré, qui se pratique sous anesthésie locorégionale dans la majorité des cas, permettant à la mère d’être consciente.

Dans quels cas décide-t-on de pratiquer une césarienne?

La décision repose sur deux grandes situations. La première, la césarienne programmée, planifiée à l’avance pour des raisons médicales telles qu’un placenta trop bas pouvant gêner la sortie du nourrisson, une mauvaise position du bébé, un bassin trop étroit ou des antécédents de plusieurs césariennes. Seconde raison: la césarienne en cours de travail, souvent réalisée en urgence lorsque l’accouchement par voie basse ne progresse pas ou que le bébé montre des signes de souffrance. Dans tous les cas, cette décision est prise en fonction de l’état de santé de la mère et de l’enfant.

Quels sont les risques associés à ce type d’intervention?

Transformer un processus naturel en intervention chirurgicale n’est pas sans conséquences. Même si la césarienne peut être vitale dans certaines situations, elle expose la mère à des complications : hémorragies, infections, plaies digestives, adhérences, abcès ou occlusions intestinales. La récupération est généralement plus longue qu’après un accouchement par voie basse, avec parfois une hospitalisation prolongée et des douleurs persistantes. La césarienne laisse également une cicatrice sur l’utérus, ce qui fragilise l’organe pour les grossesses futures et augmente le risque de complications comme le placenta accreta (1).

Et pour le bébé?

Le principal risque immédiat pour le bébé est la détresse respiratoire, surtout si l’intervention a lieu avant 39 semaines de grossesse. En effet, le passage par la voie naturelle prépare les poumons du nouveau-né en facilitant l’évacuation du liquide amniotique, ce qui n’est pas le cas lors d’une naissance par voie abdominale.

De plus, ces enfants n’acquièrent pas la même flore bactérienne que ceux nés par voie basse, ce qui peut influencer leur digestion et le développement de leur système immunitaire. Cette différence de microbiote peut être associée à des risques d’allergies et d’asthme pendant l’enfance.

C’est pourquoi le recours à une intervention de confort ou de convenance, sans raison médicale (lire encadré) doit être mûrement réfléchi au regard des risques potentiels pour la mère et l’enfant.

Peut-on accoucher par voie basse après une césarienne?

Oui, et c’est même recommandé dans la majorité des cas. Trois femmes sur quatre ayant déjà eu une césarienne peuvent accoucher par voie basse lors de la grossesse suivante, à condition que la situation médicale le permette. Toutefois, la première césarienne augmente le risque d’en avoir une seconde, en raison de la cicatrice sur l’utérus, qui impose une surveillance particulière.

Quelles conséquences psychologiques d’une césarienne pour la mère?

Même si, dans la majorité des cas, la césarienne se passe bien et est bien acceptée, cette procédure peut avoir un impact fort sur la mère, notamment lorsqu’elle n’était pas prévue. Certaines femmes ressentent un sentiment d’échec ou de frustration, car l’accouchement ne s’est pas déroulé comme elles l’avaient imaginé. De plus, même sous anesthésie, la sensation d’être "ouverte" ou manipulée peut être difficile à vivre et laisser un souvenir marquant. Dans ces situations, un accompagnement psychologique adapté est essentiel, car chaque expérience est unique.

1. Lorsque le placenta s’attache anormalement profondément à la paroi de l’utérus, ce qui peut provoquer des difficultés à le détacher après l’accouchement et entraîner des hémorragies.

La césarienne de confort: un choix qui n’a rien de confortable

La césarienne de confort demandée par la mère, sans raison médicale, existe en France mais reste rare. "Ces demandes sont le plus souvent motivées par la peur de l’accouchement, le désir de choisir la date de naissance, ou encore par certaines idées reçues, telles que la crainte de complications périnéales (comme les déchirures ou l’incontinence) liées à un accouchement par voie basse." Du point de vue de l’obstétricien, cette intervention peut également présenter l’avantage de faciliter l’organisation personnelle et celle du service.

La réglementation française est néanmoins claire : la césarienne doit reposer sur une indication médicale pour garantir la sécurité de la mère et de l’enfant. " Dans la pratique, des césariennes de convenance peuvent être réalisées. Cependant, une fois les réels bénéfices et risques expliqués, la grande majorité des patientes reviennent sur leur décision première et optent pour une tentative d’accouchement par voie basse."

Le chiffre: 20%

La France au-dessus du seuil recommandé par l’OMS

Alors qu’elle ne concernait que 5 % des naissances dans les années 1970, la césarienne représente aujourd’hui 20 % des accouchements (un sur cinq), soit environ 150.000 interventions chaque année.

Ce taux varie selon les régions et le degré de spécialisation des maternités: dans les établissements de niveau 3, qui prennent en charge les grossesses à risque, les pathologies maternelles graves ou encore les situations de grande prématurité, propres à un hôpital universitaire, il peut même dépasser 25 %.

Au CHU de Nice, le taux de césariennes se situe autour de la moyenne nationale de 20 %.

À l’échelle mondiale, certains pays comme le Brésil ou la Turquie affichent des taux supérieurs à 50 %, tandis que l’Organisation mondiale de la santé (OMS) estime qu’un taux optimal devrait se situer autour de 15 %, au-delà duquel aucun bénéfice supplémentaire n’est observé en termes de santé publique.

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