Crise au CHU de Nice: faute de contrat de maintenance adéquat, les deux scanners sont en panne

Coup du sort, les deux scanners du CHU sont tombés en panne ce week-end. Les équipes médicales ont alors découvert que le contrat de maintenance ne couvrait pas chaque jour de l’année. Le CHU multiplie les réunions de crise depuis samedi soir

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Grégory Leclerc Publié le 20/04/2025 à 12:41, mis à jour le 20/04/2025 à 12:46
Les deux scanners du CHU Pasteur étant en panne, celui de l’hôpital L’archet (notre photo) est mis à contribution parmi d’autres solutions. Photo archives Nice-Matin

Ce sont des médecins en colère que nous avons eu au téléphone ce matin. Depuis samedi soir, 20h30, les deux scanners du CHU Pasteur sont en panne. Une double défaillance technique qui peut survenir. Sauf que, et c’est ce qui hérisse le corps médical, "l’hôpital n’a pas jugé bon de prendre un contrat de maintenance pour les week-ends, nuits et jours fériés, pensant que les deux scanners ne tomberaient pas ensemble en même temps sur ce temps-là". Nos interlocuteurs ont souhaité rester anonymes. Car le sujet est très, très sensible dans un CHU secoué par plusieurs scandales.

Conséquence directe de cette double panne: "Nous sommes obligés de dispatcher les malades en fonction de leur pathologie vers d’autres établissements comme Saint-Georges ou L’Archet", commente un médecin spécialiste de la traumatologie. Une "perte de chance" pour les patients, estime le spécialiste. "Et tout cela parce que l’hôpital n’a pas jugé bon de mettre les moyens là où il faut, mais dépense dans le même temps des sommes folles pour des choses inutiles. On marche sur la tête."

Les réunions de crise s’enchaînent

Depuis samedi soir, les réunions de crise s’enchaînent au CHU. Contactée, la direction du CHU joue la transparence. Julie Contenti, responsable du département hospitalo universitaire de médecine d’urgence, confirme cette double panne. "Nous sommes face à une situation tout à fait exceptionnelle. Le scanner du service des urgences est tombé en panne et impossible de faire fonctionner celui du deuxième étage. Depuis 20h30, samedi, nous n’avons plus de scanner." Julie Contenti précise que le service imagerie du CHU reste doté de nombreux appareils, dont des appareils d’échographie, d’IRM qui permettent d’assurer une partie de l’imagerie.

Pas de contrat de maintenance les nuits, week-ends ou jours fériés? Julie Contenti admet: "Nous n’avons effectivement pas ce type de contrat de maintenance prévu pour les nuits, le week-end et jours fériés. Depuis hier, nous avons essayé de trouver une solution technique, notamment par General Electric. Une personne à distance va essayer de faire un diagnostic technique."

Colère syndicale

Les équipes bio med, et toutes les spécialités chirurgicales concernées ont été réunies par la direction une heure après la panne et les réunions se multiplient depuis. Les scanners sont en effet vitaux pour toute personne polytraumatisée, comme dans le cas d’un accidenté de la route. Un scanner du corps entier est alors impératif et le temps est toujours compté dans ces cas-là. Chaque minute compte. "Que se passerait-il si on devait déclencher un plan d’urgence?", s’inquiète un médecin.

"Nous avons mis en place un plan pour parer à ce problème, réagit Julie Contenti. Celui qui nous a paru le plus efficient. Dans les faits, nous ne pouvons monter les polytraumatisés au scanner de l’hôpital L’archet car il y a une certaine distance. Nous avons donc fait appel à la solidarité public-privé." La clinique Saint-Georges a répondu immédiatement favorablement. Un manipulateur radio (manip’ dans le jargon médical) a été détaché par Saint-Georges, H24, pour être en mesure d’accueillir les polytraumatisés à la clinique. "Nous avons dû couper l’équipe et faire monter des manips’ radio à l’hôpital L’Archet", explique Julien Contenti.

Alors que les polytraumatisés du département sont habituellement tous accueillis à Pasteur, Le CHU s’est rapproché de l’hôpital de Cannes. "Nous avons demandé que l’hôpital de Cannes puisse prendre en charge des polytraumatisés."

Julie Contenti dit comprendre "que les médecins soient en colère. On s’attend à avoir du matériel qui fonctionne en permanence" mais assure qu'"il n’y a aucune perte de chance sur les patients".

Jusqu’à quand cette panne va-t-elle affecter le CHU, alors qu’un jour férié se profile ce lundi? "Nous n’avons pas de visibilité mais nous nous préparons pour tenir cette procédure jusqu’à mardi matin", commente la responsable du département hospitalo universitaire de médecine d’urgence. D’ici là, des cellules de crise pluri quotidiennes vont être maintenues.

"C'est scandaleux!"

La situation fait bondir le syndicat Force ouvrière du CHU. "J’ai eu la direction générale qui m’a confirmé les faits, explique Michel Fuentes, secrétaire général. C’est scandaleux! Je demande à être reçu mardi matin en urgence en tant que membre du conseil de surveillance. Pourquoi n’avons-nous pas de contrat de maintenance sur les week-ends et fériés? On parle là de santé publique et d’urgence vitale! La panne informatique que j’avais dénoncée n’a visiblement pas service de leçon!"

Juste avant le bouclage de cet article, le CHU a rappelé notre rédaction, précisant que le scanner des urgences est vieux de dix ans et que son remplacement fait partie "des priorités de renouvellement d’équipement en 2025". Et de rajouter: "Avec ce nouveau scanner, nous rajouterons le contrat de maintenance les week-ends et jours fériés."

Se disant "soucieux" de la prise en charge des patients, Christian Estrosi dit s’est tenu informé dès samedi soir de la situation et suivre le dossier avec son vice-président, Herve Caël. "Nous saluons l’excellente collaboration entre tous les établissements du GHT et les cliniques. Il n’y a aucune perte de chance pour les patients. Je remercie l’ensemble des agents hospitalier mobilisés en cette circonstance."

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