L’un des deux suspects, interpellé après un tag "Nik les PD" sur la vitrine du centre LGBTQIA+, le 18 février à Nice, comparaissait ce mardi matin devant le tribunal correctionnel. Ce jeune homme de 20 ans n’était pas poursuivi pour le tag homophobe, mais pour transport sans motif d’arme incapacitante (bombe lacrymo), usage de stupéfiants et violences aggravées.
Le mineur, de son côté, sera jugé devant une juridiction spécialisée pour "dégradation par tag à caractère homophobe". La justice a donc décidé de distinguer les responsabilités.
Le majeur, jean et pull noir, s’est présenté à la barre, s’exprimant d’une voix faible. Son profil est celui d’un jeune ayant connu des difficultés scolaires et à la rue, mais qui est désormais logé et dispose d’un CDI dans un supermarché.
"Mon client a une immaturité mais il n’a jamais dit que les faits étaient rigolos"
Après avoir tagué, tous deux avaient ce jour-là pris la fuite. Erwann Le Hô, le coordinateur du centre LGBTQIA+, les avait courageusement poursuivis, avait fait chuter l’un d’eux et récupéré la bombe. Mais il avait été aspergé de gaz lacrymogène en plein visage. "Mon client regrette d’avoir agressé M. Le Hô", a souligné l’avocate du prévenu, Me Valentine Tordo.
"Mon client a une immaturité mais il n’a jamais dit que les faits étaient rigolos. Il a toujours dit que c’était grave", affirme son avocate. Le prévenu ne reconnaît pas l’acte homophobe. "Il ne pouvait s’imaginer que son copain allait écrire ce genre de choses, il n’a pas eu le bon réflexe, il a fait le mauvais choix", a plaidé son avocate.
"Un acte de lâcheté"
À la barre, Erwan Le Hô, défendu par Me Xavier Fruton, a rappelé que les homosexuels ou personnes transgenres sont plus fragilisés et ont moins d’accès au droit que la moyenne. "Nous déposons plainte pour dire que c’est un acte de lâcheté, car c’est s’en prendre à des personnes plus fragiles. On ne se laissera pas faire." Il s’est constitué partie civile, tout comme le centre LGBTQIA+ et l’association SOS Homophobie. Me Fruton a réclamé des dommages et intérêts pour le préjudice moral et matériel.
Le procureur de la République a dénoncé une attitude "immature" de la part du prévenu. Il a réclamé huit mois de prison avec sursis.
Le président du tribunal l’a condamné à huit mois avec sursis probatoire, une obligation de soins, mais aussi l’obligation de participer à un stage de citoyenneté et d’indemniser les parties civiles. Il a également pour interdiction de détenir et de porter une arme pendant trois ans.
commentaires