Le glam, les récompenses, les projets à plusieurs centaines de millions de dollars, Cate Blanchett connaît la chanson.
Avant Cannes, elle était d’ailleurs passée la veille par la Cour du Palais des papes d’Avignon pour un défilé où l’on a pu croiser Emma Stone, Catherine Deneuve ou encore Marina Foïs.
Mais tout cela ne semble pas l’écarter d’autres réalités. Ambassadrice de bonne volonté du Haut commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR), l’Australo-Américaine s’est engagée dans le Displacement Film Fund.
Lancé en janvier dernier, en partenariat avec le Festival international du film de Rotterdam (IFFR) et le HCR, le dispositif vient en soutien de cinéastes réfugiés ou "ayant fait leurs preuves dans la création de récits authentiques sur les expériences de personnes réfugiées", en leur accordant une bourse de 100.000 euros afin de concrétiser des courts-métrages.
"Un appel aux autres acteurs du secteur"
La présence de Cate Blanchett, à Cannes, en compagnie de Clare Stewart, directrice générale de l’IFFR, avait un but bien précis: "C’est un appel aux autres acteurs du secteur pour qu’ils contribuent à trouver des plateformes grand public permettant de faire entendre ces voix, car c’est potentiellement une forme de narration incroyablement stimulante", a expliqué l’actrice, qui a suscité pas mal d’effervescence à son arrivée dans le Palais des festivals.
À ses côtés à la tribune, on retrouvait deux des cinq premiers bénéficiaires du Displacement Film Fund, l’Ukrainienne Maryna Er Gorbach et le Somalien Mo Harawe.
Manquaient à l’appel l’Iranien Mohammad Rasoulof (lauréat d’un Prix spécial l’an dernier à Cannes pour Les Graines du figuier sauvage), le Syrien Hasan Kattan et l’Afghane Shahrbanoo Sadat.
"L’objectif de notre programme est aussi de briser certains stéréotypes"
Cette première promotion a été choisie à l’issue d’une réflexion menée par un comité, avec Cate Blanchett à sa tête.
La native de Melbourne a expliqué comment ses choix avaient été faits. "Nous voulions des réalisateurs qui avaient déjà de l’expérience dans l’industrie du cinéma et qui avaient déjà travaillé sur cette question de l’exil. Nous avions le souhait d’avancer vite et de nous placer en complément d’autres programmes de soutien, notamment destinés aux talents émergents. Quand on est déplacé, le cinéma peut être utilisé comme un outil de réparation ou d’éducation."
Plus tard dans l’échange, Cate Blanchett a tenu à apporter une nuance.
"Le fait que ces metteurs en scène soient des réfugiés ne doit pas conduire à les définir uniquement de cette manière. L’objectif de notre programme est aussi de briser certains stéréotypes pouvant exister autour des différents types d’histoires touchant à l’exil qu’ils peuvent raconter."
"La notion de normalité a été modifiée pour nous"
Âgée de 43 ans, Maryna Er Gorbach a détaillé les conditions dans lesquelles elle avait créé Klondike, son premier film en tant que réalisatrice solo.
Sorti en 2022 (elle avait auparavant collaboré à trois reprises avec son époux, le Turc Mehmet Bahadir Er), ce long-métrage avait décroché le Prix du jury œcuménique à Cannes.
Il suivait l’itinéraire d’une femme enceinte vivant près de la frontière ukraino-russe pendant la guerre du Donbass et la désintégration de l’avion assurant le vol MH17 pour la compagnie Malaysia Airlines.
"J’ai d’abord fait ce film pour moi-même, quand j’ai senti que la guerre allait éclater. Je voulais apporter une voix artistique."
La réalisatrice ukrainienne est maintenant concentrée sur un projet baptisé Silk Road. Un road-movie centré sur une femme dont la famille a été déchirée par la guerre.
D’un côté, elle et son mari restés à Kiev pour travailler dans un service pédiatrique. De l’autre, leurs enfants mis en sécurité quelque part en Europe.
"Ce que je raconte au-delà de cela, c’est la façon dont la notion de normalité a été modifiée pour nous. J’avais déjà ressenti cela en 2014, lorsque les conflits ont démarré dans le Donbass. Mais aujourd’hui, j’ai vraiment l’impression de vivre dans un autre monde", a assuré Maryna Er Gorbach.
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