Près d’un an après le procès des viols de Mazan, l’affaire continue de faire des ravages au sein même de la famille Pelicot.
Caroline Darian, fille de Gisèle et Dominique Pelicot, livre aujourd’hui un témoignage glaçant dans The Telegraph.
Elle accuse sa mère de l’avoir abandonnée, de n’avoir jamais voulu la croire lorsqu’elle affirmait être, elle aussi, victime de son père.
Une main lâchée dans le tribunal
Tout commence dans cette salle d’audience où Caroline pensait trouver un allié.
Elle raconte: "Pendant quatre ans, j’ai accompagné ma maman partout. Je l’ai soutenue sans jamais la juger. Mais dans cette salle d’audience, elle était censée m’aider. Ma mère a lâché ma main dans cette salle d’audience. Je ne pourrai jamais lui pardonner. Jamais".
Caroline se souvient même des mots cinglants prononcés par Gisèle Pelicot, alors qu’elle s’effondrait sous le poids du procès: "Arrête de te donner en spectacle".
Pour la quadragénaire, ce fut une trahison insurmontable.
Une "victime invisible"
Caroline Darian se considère comme "la victime invisible" de l’affaire. Devant le juge, elle avait déjà évoqué des années de troubles gynécologiques inexpliqués. Une photo, retrouvée sur l’ordinateur de son père, la montrait inconsciente, en sous-vêtements qui n’étaient pas les siens.
Plus accablant encore, des conversations Skype suggéraient l’envoi d’images d’elle à un internaute anonyme.
En mars 2025, elle a donc franchi le pas: une plainte a été déposée pour "administration de substances psychoactives" et "abus sexuels" contre Dominique Pelicot.
Mais sa mère, figure publique adulée pour son combat, lui aurait opposé une phrase devenue un couperet: "Ton père était incapable d’une telle chose".
"Nous n'avons plus ni père ni mère"
Le paradoxe est insupportable à ses yeux. Gisèle Pelicot, devenue symbole mondial de la lutte contre les violences sexuelles et conjugales, multipliant conférences et interviews, reçoit l’admiration du monde entier… tandis que sa fille s’effondre dans l’ombre.
"Ma mère a été catapultée sous les feux de la rampe. Elle est devenue une icône. Pendant ce temps, nous étions là, de retour sur terre, avec toutes ces questions sans réponse. Nous sommes abîmés. Nous sommes seuls. Nous n’avons plus ni père ni mère, aujourd’hui".
La sentence tombe, implacable: "Ma mère n’est pas une icône, pas pour moi".
Une fracture irréversible?
Depuis le procès, Caroline Darian a sombré dans une douleur qu’elle décrit comme abyssale: "C’était trop douloureux. Je ne pleurais pas seulement la perte d’un père que j’aimais, mais aussi celle d’un couple qui était mes parents. Je pleurais toute mon enfance".
Aujourd’hui, elle affirme respecter la nouvelle vie de sa mère, mais refuse de lui pardonner. "Vous restez une mère jusqu’à votre mort, quelles que soient les épreuves. Elle ne l’a pas fait".
Le lien est brisé, peut-être à jamais. Mais Caroline laisse une porte entrouverte: "J’espère qu’un jour, elle regardera en arrière".
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