Ça sort mercredi au cinéma: Chris Miller réinvente les Schtroumpfs, avec les voix de Jérôme Commandeur, Sofia Essaïdi, François Damiens et Philippe Katerine

Lorsque le Grand Schtroumpf est mystérieusement kidnappé par les vilains sorciers: Razamel et Gargamel, la Schtroumpfette et son meilleur ami le Schtroumpf Sans-Nom partent en mission pour le retrouver! Commence alors une aventure délirante où nos héros bleus vont croiser la route de nouveaux amis hauts en couleur comme Mama Poot et ses petits. Les Schtroumpfs doivent prendre en main leur destin pour sauver celui du monde entier!

Danse, fast-food et Internet

Scénariste de Shrek et réalisateur du Chat Potté, Chris Miller s’attaque désormais aux célèbres Schtroumpfs de Peyo. Un pari audacieux laissant présager que l’artiste s’amuserait à détruire les codes des aventures des petits êtres bleus comme il l’avait fait, donc, il y a plusieurs années avec les contes de fées. Un espoir vain… puisqu’il s’attache principalement à moderniser la franchise dans l’espoir de séduire un nouveau public. Une approche à double tranchant, puisque si les enfants ne seront pas surpris de rencontrer les frères du Grand Schtroumpf et de Gargamel, de voir la bande naviguer dans notre monde, captée parfois en prise de vue réelle (les passages sont heureusement assez courts, évitant le naufrage des films précédents), danser sur des musiques tendances, apprécier les fast-food ou surfer sur Internet, leurs parents, eux, ne retrouveront pas l’esprit Schtroumpf d’antan.

Un parti pris assumé, mais décevant, tant il y avait matière, étant donné la richesse de l’univers, à jouer sur les deux tableaux, rétro et moderne. En lieu et place, on se retrouve devant un film gentillet construit autour de péripéties anecdotiques, la plupart articulées autour d’un tout nouveau héros, qui cherche sa place dans la communauté. La partie technique est en revanche réussie, avec une direction artistique façon Moi, moche et méchant convaincante, compensant légèrement une histoire cousue de fil bleu.

DE CHRIS MILLER (États-Unis). Animation. 1h32. Notre avis: 2/5.

Jérôme Commandeur, voix du Schtroumpf Sans-Nom

À l’occasion de la sortie des Schtroumpfs, où il prête sa voix à un tout nouveau personnage, le trublion partage sa passion pour les BD, qui ont en partie façonné son humour.

Amour pour les BD

Jérôme Commandeur exprime son attachement aux BD, qui marque son lien avec Les Schtroumpfs. "J’adorais ça… Contrairement à beaucoup de monde, mes souvenirs avec ce médium ne remontent pas à mes 8-10 ans, mais à l’approche de l’âge adulte, 16-18 ans. C’est à cette période que je découvre Achille Talon et Blake et Mortimer. Et vraiment, ça me fait rire. Je trouve ça magnifique. Puis, j’ai découvert Le Chat de Geluck, que j’adore, et Boule et Bill…"

Influence des BD sur son humour

Le comédien explique que les BD ont façonné son style comique. "Même en humour, en one-man, une figure, un personnage peut être une vignette. Il y a aussi le goût des couleurs, du déguisement, d’être quelqu’un d’autre, de changer sa voix… Ça renvoie à ce style visuel." Une personnalité qu’il s’est attaché à retranscrire dans la voix du Schtroumpf, en misant essentiellement sur l’expressivité.

Clé d’une bonne adaptation

Pour Jérôme Commandeur, une adaptation réussie repose sur un lien profond avec l’œuvre. "Si ce lien qu’on entretenait gamin avec la BD n’existe pas, c’est très difficile de parvenir à ses fins." Parmi les meilleures, on note celles d’Astérix par Alain Chabat, Mission Cléopâtre bien sûr, mais aussi Le Combat des chefs, auquel il a participé en assurant le doublage de Blackangus et de la maman de Jules César. "Chabat, c’est encore autre chose. Il y a une filiation évidente, presque mystérieuse, avec Goscinny. Tous deux ont un côté à la fois espiègle, cinglant… Et sont des dialoguistes de génie."

Un héros inspirant

Contrairement à ses camarades, au début du film, le Schtroumpf Sans-Nom n’a pas de "fonction", ce qui l’affecte profondément: "J’ai d’autant plus trouvé ce héros magnifique parce qu’il se fait guider par la Schtroumpfette, qui n’est pas qu’une jolie fille… Elle est forte, elle le guide, elle le sauve, elle le secoue… Elle lui dit qu’il a un monde à explorer à l’intérieur de lui-même, fait de désir, de passion, de rire, d’humour, de sensibilité, d’amitié", se réjouit Commandeur, qui estime que "ce message d’introspection résonne avec la jeunesse actuelle".

Charme intemporel

Le comédien souligne l’attrait unique des Schtroumpfs depuis leur création en 1958. "On ne sait pas s’ils sont des animaux, des créatures, quelque chose d’un peu onirique… Et peu importe! Ça fait un bien fou, quoi, de voir des gens dans un village, quelque part, où on vit en harmonie."