Le "meurtrier au mixeur" de retour aux assises à Nice, accusé d’avoir tué son père il y a trente ans

Condamné en 2012 pour avoir fait disparaître un corps au mixeur de cuisine, Luc Onfray comparaît cette semaine à Nice pour le meurtre de son père, disparu mystérieusement il y a trente ans. Il a toujours contesté ce parricide.

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Christophe Cirone Publié le 28/04/2025 à 07:20, mis à jour le 28/04/2025 à 07:20
Luc Onfray avec son avocat Jean-Pascal Padovani, lors du procès de 2012 à Nice. Il répond cette fois-ci du meurtre de son père. Rémy Kerfridin / Nice Matin

Condamné pour des braquages, puis condamné pour un crime sordide, Luc Onfray va-t-il à présent être reconnu coupable d’un parricide? Tel est le scénario vertigineux qui attend les jurés, cette semaine à Nice. À 60 ans, ce Niçois revient ce lundi devant la cour d’assises des Alpes-Maritimes pour répondre de meurtre. En janvier 2012, cette qualification lui avait coûté 30 ans de réclusion criminelle, dans un procès marquant.

"Le meurtrier au mixeur." Ainsi les médias ont-ils surnommé Luc Onfray depuis cette affaire. Le 14 novembre 1998, il avait asséné un coup de marteau fatal sur le crâne de Michel Renard, attiré dans un guet-apens par un autre compagnon de braquage, Philippe Rosso. Rosso voulait donner une leçon à Renard, le beau-père de sa compagne, qui l’accusait d’avoir abusé d’elle. Luc Onfray est allé beaucoup plus loin.

À Nice, dans un petit appartement de la rue Dabray, il a dépecé le corps de Michel Renard. Il l’a ensuite partiellement passé au mixeur de cuisine durant un long week-end, puis a fait disparaître ce qu’il restait du corps. Mis en cause par Philippe Rosso, Luc Onfray l’a longtemps nié, avant d’avouer lors du procès. En sera-t-il de même pour ces nouvelles accusations?

D’une disparition à l’autre

Après la disparition de Gérard Onfray, Nice-Matin avait publié un appel à témoin en juillet 1995. DR / Nice Matin.

Incarcéré pour des braquages commis avec Luc Onfray, Philippe Rosso écrit en octobre 2004 au parquet de Nice. Il a des révélations à faire. Sur le meurtre de Michel Renard, son ancien comparse au service d’ordre du Front national. Mais aussi sur une autre disparition inexpliquée. Celle de Gérard Onfray, le père de Luc.

Voilà ce que lui aurait déclaré Luc Onfray, froid et déterminé, avant de s’occuper du corps de Michel Renard. Selon son accusateur, il aurait fait allusion à ce potentiel parricide par trois fois. Jusqu’alors, les gendarmes n’étaient saisis que de "recherches dans l’intérêt des familles".

Gérard Onfray a disparu dans la nuit du 24 au 25 juin 1995. Il a quitté la maison familiale du quartier Valrose sans voiture, ni papiers d’identité, ni lunettes. Ce soir-là, il a tancé vertement son fils Luc, lui lançant: "Jusqu’à quand vas-tu faire le parasite?"

Une victime témoin de Jéhovah

Entre Luc Onfray et son père, les relations sont tendues de longue date. Luc a toujours refusé de suivre l’exemple paternel dans le culte des Témoins de Jéhovah, congrégation au sein de laquelle Gérard Onfray est un "prédicateur". À sa majorité, il s’est engagé dans des études au long cours de... droit. Son père lui reproche son oisiveté chronique et sa dérive vers le banditisme.

Luc et Gérard Onfray en seraient déjà venus aux mains. De là à ce que Luc commette l’irréparable? L’intéressé l’a toujours nié. Il traite son accusateur Philippe Rosso de mythomane, le soupçonne d’une vengeance.

Sous l’effet de médicaments liés à ses troubles psychiatriques, Luc Onfray est le seul des trois fils resté sans réaction à la disparition de son père. Il n’a pas posé de question, n’a pas participé aux recherches. Des traces de sang ont été découvertes sur des appareils lui appartenant. Mais le lien n’a pas pu être établi avec l’ADN de Gérard Onfray.

Procédure au long cours

"Les éléments troublants ne suffisent pas à faire condamner quelqu’un pour assassinat, prévient son avocat, Me Jean-Pascal Padovani. Les hypothèses sont multiples. Qu’il ait été profondément malheureux parce que son père était un témoin de Jéhovah, qu’il ait dévié vers la délinquance pour attirer son attention, soit. Mais de là à dire qu’il a tué son père, rien ne le justifie! Ni les éléments moraux, ni les éléments matériels."

Suggéré dès 1999, dénoncé en 2004, le scénario du parricide a fait l’objet d’une enquête par la brigade de recherches de Nice, et conduit à une information judiciaire en 2009. En 2014, Me Jean-Pascal Padovani obtient l’annulation de l’acte de renvoi devant la cour d’assises. L’instruction se prolonge jusqu’en 2019. Cette fois-ci, le renvoi est définitif.

Voici donc Luc Onfray de retour aux assises, jugé pour le meurtre de son père trente ans après sa disparition. En toile de fond, une question glaçante: s’il l’a tué, a-t-il suivi le même mode opératoire que pour le meurtre au mixeur?

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