Malizia, le bateau monégasque en lice pour le Vendée Globe

Le bateau aux couleurs de la Principauté, skippé par Boris Herrmann et soutenu par Pierre Casiraghi, prendra le départ le 8 novembre de cette course chère à tous les marins.

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Cédric Vérany Publié le 25/10/2020 à 23:04, mis à jour le 25/10/2020 à 23:05
Le bateau aux couleurs de la Principauté, skippé par Boris Herrmann et soutenu par Pierre Casiraghi, prendra le départ le 8 novembre de cette course chère à tous les marins. Photo DR Jean-Marie Liot

Ils sont comme des enfants qui comptent les jours avant le passage du Père Noël dans la cheminée. Pour le tandem de la team Malizia, Pierre Casiraghi et Boris Herrmann, Noël tombe le 8 novembre cette année, date à laquelle leur bateau Malizia, s’attaquera à son plus beau défi : le Vendée Globe.

Le monocoque Imoca, sous la bannière Seaexplorer-Yacht Club de Monaco s’alignera sur la ligne de départ de cette course mythique dans leur cœur des marins. Le programe ? 21 638 miles (soit 40 075 kilomètres) à parcourir en solitaire et sans escale dans les mers du Sud pour un tour du monde de stratégie et de vitesse, en caressant l’espoir de rivaliser avec le record d’Armel Le Cléac’h qui a bouclé la boucle en 2017 en 74 jours.

Trente-trois femmes et hommes sont engagés dans cette édition. Et pour la première fois une équipe aux couleurs de la Principauté : Boris Herrmann sur l’eau pour tenir la barre du Seaexplorer-Yacht Club de Monaco ; Pierre Casiraghi à terre pour encadrer la team Malizia.

« Nous avons ce rêve depuis 2014 avec Boris. Nous avons réussi à monter une équipe, il a fallu du travail et du temps. On s’est donnés à fond même si ça paraissait fou », s’est réjouit Pierre Casiraghi, lors d’une séance Zoom avec la presse où Boris Herrmann s’est dit « très excité » par cette aventure.

« De la nourriture pour 80 jours »

La coque du Malizia a déjà vu du pays. À son bord, le navigateur allemand de 39 ans, a déjà réalisé neuf transats. Souvent partagées avec Pierre Casiraghi.

Pour cette course singulière en solitaire, le bateau a été adapté, notamment avec de nouveaux foils, qui permettent en prise de vitesse de décoller et voler au-dessus de l’eau. « Le siège de pilotage a l’intérieur a été revu. Il a une ceinture pour éviter que je ne tape le plafond en cas de remous. Et il y a aussi un meilleur matelas », sourit le skipper.
Côté provisions, il a de la nourriture pour 80 jours. « Je peux même tenir 100 jours sans trop de sacrifices mais si tout se passe bien, j’espère faire la boucle en moins de 70 jours ».

Sa détermination première ? Pas forcément d’être en tête, mais arriver à terminer la course où historiquement la moitié des concurrents abandonnent en chemin. Son moment le plus redouté ? Le passage du cap Horn. Il a déjà franchi par le passé quatre fois ce point légendaire pour contourner la Terre de Feu au sud du Chili. « On ne sait jamais ce qu’il nous réserve, même si le mois de novembre est plus clément ».

« Être un peu malin pour être efficace »

Sa course pour l’heure, Boris Herrmann la théorise. « Ces dernières années nous avons beaucoup navigué, mais je dirais que 80 % de la course se joue sur la préparation, avant même de franchir la ligne de départ. Nous avons fait des choix raisonnables et prudents. En gardant en tête l’esprit Malizia, être un peu malin pour être efficace ».

Le navigateur a d’ailleurs fait le choix avec l’équipe de ne plus toucher au bateau depuis qu’il est amarré aux Sables-d’Olonne en attendant le départ. Pas stressé ? « On a eu quatre ans pour se préparer, je sais dans quel sac se trouve chaque équipement dans n’importe quel coin du bateau ». Alors, il étudie les cartes, les prévisions météo. Et profite de son bébé de trois mois et demi en quasi-autarcie avec son épouse, Covid-19 oblige. « Je suis très prudent face au virus. Avant le coup d’envoi, chaque concurrent sera testé le 6 novembre et s’il est positif à la Covid-19, ne pourra pas prendre le virus. Pour nous tous, ce sera le premier cap à franchir ».

Photo DR Jean-Marie Liot.

Une première pour Monaco

Il l’avoue dans un sourire : « je suis très fier que Monaco soit présent sur la scène sportive internationale une fois de plus. On est un petit pays, mais on est là, il ne faut pas nous oublier ». Pierre Casiraghi offre une première à la Principauté, d’afficher un navire aux couleurs rouges et blanches sur la ligne de départ du Vendée Globe.

Dans le sillage d’Albert-Ier

Le fils cadet de la princesse Caroline y voit là l’occasion de relier son goût pour la voile, à son envie de représenter son pays. Certains diront que l’ADN parle, chez le descendant du prince Albert-Ier.

« Je suis évidemment touché par son histoire. Quand on est enfant à Monaco, la première chose que l’on visite c’est le Musée océanographique, puis on y emmène ses enfants. Comme beaucoup de générations de gens en Principauté, je suis marqué par ses aventures, sa philosophie et son rapport avant-gardiste avec la mer » répond-il, précisant qu’il prendra peut être un jour, lui aussi la mer en solitaire, « quand mes enfants seront plus grands ».

En attendant, le 8 novembre, Pierre Casiraghi sera le quai aux Sables-d’Olonne, avec toute la team Malizia pour assister au départ du Seaexplorer-Yacht Club de Monaco. « Même si je dois y aller à pied, je ne manquerai le départ pour rien au monde » lance-t-il, « malheureusement, avec les restrictions sanitaires, ce sera plus compliqué de boire quelques bières avec Boris avant le départ ».

L’issue de ce Vendée Globe devrait dicter les prochaines aventures de la team Malizia, que les deux coéquipiers n’ont pas encore formalisé. « Avec Boris nous partageons la motivation, on sait qu’on peut faire plus avec moins. On est une équipe jeune et toujours prête à l’aventure. Et quand on est heureux, on travaille avec davantage d’enthousiasme il me semble ».

Un laboratoire à bord

Forcément, après avoir escorté sur l’Atlantique au cours de l’été 2019, la militante écologiste suédoise Greta Thunberg qui refusait de prendre l’avion, pour se rendre au siège des Nations Unies à New York, le bateau de la team Malizia continue à cultiver son engagement pour l’environnement. En parallèle de la course, Boris Herrmann apportera sa pierre à la recherche sur le réchauffement climatique.

Ainsi, comme compagne de voyage, il embarque une machine automatisée capable de mesure la température, la salinité, le PH et le CO2 de l’eau. Des données collectées puis compilées informatiquement pour servir de base d’études à des institutions scientifiques partenaires de la team Malizia, notamment l’Ifremer à Brest et le Max-Planck Institute à Hambourg et Géomar à Kiel.

« Ça peut paraître étrange que des bateaux sportifs fassent cette démarche, mais les scientifiques sont en demande de nombreuses données » complète Pierre Casiraghi. « Envoyer des bateaux dans ces régions marines difficiles d’accès, ce n’est pas simple et ça coûte cher. Alors comme nous y sommes, si nous pouvons être utiles, nous le ferons, même si c’est une goutte d’eau dans la mer de la récolte scientifique ».

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