En action, mais sans feu. Jeudi 27 avril matin, les pompiers de la Principauté s'entraînaient au combat des feux de forêt sur les hauteurs du Mont Agel. Si de tels événements ne constituent pas le quotidien des soldats du feu de Monaco, ils doivent s'y tenir prêts. Car cela peut leur arriver, comme la semaine dernière à Roquebrune.
Leur mission requiert une discipline de fer, mais ce n'est pas un problème pour eux: à l'instar des marins-pompiers de Marseille, les sapeurs monégasques sont militaires.
On n'invite pas le diable
À deux pas du Monte-Carlo Golf Club, les quatre camions rouges se suivent. Les hommes sont équipés pour affronter le brasier. Pour des raisons évidentes de sécurité, ils n'allumeront pas d'incendie ici. Trop risqué, trop imprévisible.
"Le feu crée sa propre force, son propre vent. Il fait ce qu'il veut, c'est un diable", glisse le capitaine Jean Canu. Et on n'invite pas le diable. Ils affronteront la chaleur et la fumée ailleurs, dans des enceintes closes, lors d'autres exercices.
Si les flammes ne leur lèchent pas la peau ce jour-là, ils ont le feu en eux, dans la tête, dans les yeux, dans les jambes. En amont de l'exercice, les chefs leur donneront les instructions pour qu'ils puissent imaginer comment se comporterait le démon.
"On se met en condition, en situation. C'est un excellent exercice de coordination qui resserre les liens de l'équipe. On se sent plus serein après ça. Plus prêt à affronter la saison. Surtout avec tous les feux qu'il y a dans la région", confie Thomas Ithurbide, une jeune recrue.
Le but ici n'est pas d'éteindre un brasier: "On leur inculque les bases de la sécurité individuelle avant tout, mais aussi collective, et comment établir les différentes manœuvres pour leur permettre d'intégrer nos équipes opérationnelles."
Se protéger d'abord, protéger les siens, pour ensuite combattre le diable.
Sécurité individuelle
Sécurité bien ordonnée commence par soi-même. Ça pourrait être la devise des soldats du feu tant elle est répétée. À l'envi. Parce qu'un bon pompier est d'abord un pompier vivant.
"On a l'image d'Épinal du héros avec le casque et les muscles. Mais avant tout, il faut un cerveau. La condition physique vient servir la mission, pas l'inverse. Et avant toute chose, il faut s'assurer de sa propre sécurité, puis de celle de ses équipiers", martèle le capitaine Canu.
Alors aujourd'hui, ils se mettent en manœuvre de protection, derrière une barrière de camion et de jets d'eau érigés stratégiquement et méthodiquement en un temps record. L'efficacité transpire chez ses jeunes militaires tout feu tout flamme.
Même si ce n'est pas leur mission première, dans quelque temps ils seront prêts à épauler leurs collègues du Service départemental d'incendie et de secours des Alpes-Maritimes (SDIS 06), si la nature avoisinante venait à s'embraser.
En situation réelle à Roquebrune
Le panache de fumée, visible de loin le 22 avril dernier, ne venait finalement que d’un feu de broussailles sans conséquence grave: ni victime, ni habitation endommagée. Mais il aurait pu en être autrement sans l’intervention de 37 hommes du SDIS06, épaulés par 10 sapeurs-pompiers de Monaco.
Grâce à leur travail, et aux largages de deux Canadair, les dégâts se sont limités à quatre hectares partis en fumée. Preuve que même si ce n’est pas leur quotidien, le combat des feux de forêt est bien une composante indispensable à la formation des soldats du feu monégasques.
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