Eh bien ce n'est pas encore cette année qu'on verra un Français victorieux aux Masters de piano de Monaco !
Il s'en est pourtant fallu de peu. Il y en avait un en finale, samedi soir, salle Garnier, en présence de S.A.R. la Princesse Caroline de Hanovre : Geoffroy Couteau, 39 ans. Mais il n'a pas résisté à la concurrence de l'Italien d'origine serbe, Alexander Gadjev, 24 ans. Et le jury a tranché : pas de Couteau !
Pour tout dire, le jury a bien tranché. Car, il faut le reconnaître, le pianiste français nous a endormis en jouant le 1er. Concerto de Brahms, tandis que l'Italien nous enthousiasmait en interprétant le troisième de Rachmaninov.
Il faut dire que le pianiste français a eu des excuses. Il a été ralenti dans son élan par la femme chef d'orchestre Yoko Matsuo, qui l'accompagnait et qui a conduit le Philharmonique de Monte-Carlo avec une étonnante lourdeur et imprécision. D'un jour à l'autre, nous n'avons pas reconnu notre Philharmonique de Monte-Carlo qui, la veille au soir, avait été si brillant, précis, rayonnant, sous la direction de son chef Kazuki Yamada. Preuve de l'importance des chefs sur le moral et la performance des orchestres !
Mais force est de constater que plusieurs années de suite, les chefs d'orchestre ne sont pas de grande qualité lors des finales des Masters.
Outre que cela pénalise les candidats, cela donne une mauvaise image de notre magnifique orchestre devant un public connaisseur et international - surtout cette année, où la soirée sera diffusée samedi prochain à 20 heures sur Radio Classique.
La soirée était présentée avec classe par cet indispensable défenseur de la musique sur nos ondes, sur nos écrans et dans nos bibliothèques qu'est Alain Duault.
Dans la salle se trouvaient plusieurs personnalités parisiennes : l'ancienne ministre Roselyne Bachelot, l'ancien ministre Dominique Perben, le journaliste Patrick Poivre d'Arvor, le présentateur de Radio Classique Olivier Bellamy, etc.
Alexander Gadjev s'en est donc allé avec un chèque de 30 000 euros représentant le Prix Prince Rainier III, remis sur scène par Jean-Marie Fournier, directeur et fondateur du concours, et par le président du jury Philippe Entremont - lequel peut s'enorgueillir d'une des plus longues et prestigieuses carrières de pianiste et chef d'orchestre français à travers le monde.
Quant à Geoffroy Couteau, il poursuivra de son côté une carrière internationale déjà riche, qui l'a vu passer dans notre région au Festival de Menton et au Printemps des Arts de Monaco et qui lui a valu rien moins qu'un « Choc de l'année » de la revue Classica pour son enregistrement intégral de la musique pour piano de Brahms.
Une question se pose : est-il vraiment utile, lorsqu'on est à ce niveau de carrière, de venir risquer sa réputation dans un concours international ? On peut s'y briser les ailes. Ce qui est sûr, c'est que même s'il a perdu, il s'en sort la tête haute…
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