Adhérer à notre cause coûte 5 euros. C'est moins cher que le prix d'un m3 d'eau à Roquebrune », badine l'un des treize membres fondateurs de l'Association de sauvegarde de l'eau de la Carf (Asec).
Mardi soir, une trentaine de Roquebrunois s'est réunie dans un établissement du bord de mer pour créer une association de défense des droits des usagers. L'objectif ? Demander à Veolia une renégociation du prix de l'eau. « Ensemble, nous arriverons à nous faire entendre », a assuré Alexandre Duet, le président de l'Asec.
Ce mouvement citoyen fait suite à une réunion publique qui s'est déroulée, en avril dernier, à l'initiative de l'élue d'opposition Marie-Christine Franc de Ferrière. À cette occasion, le spécialiste de la gestion de l'eau, Jean-Luc Touly, avait signalé « des factures d'eau bien trop élevées et un service insuffisant » sur Roquebrune. La création d'une association, présidée par des citoyens non élus, avait alors été évoquée. C'est aujourd'hui chose faite.
Environ 50 % plus cher que la moyenne nationale
« Nous n'avons jamais cessé de dénoncer les conditions du contrat de la station d'épuration qui lie la commune à Veolia. Chaque Roquebrunois sait qu'il paie, depuis une nouvelle augmentation de mai 2018, 5,33 e le m3 d'eau (1) quand la moyenne nationale est à 3,50 e, soit environ 50 % plus chers », a résumé Marie-Christine Franc de Ferrière, mardi soir.
Pour Veolia, il n'est pas « pertinent » de comparer le prix de l'eau d'une commune à une autre. L'entreprise française justifie la facture élevée « par la création d'une station d'épuration neuve de très haute qualité qui répond à toutes les exigences environnementales ».
Mais il n'y a pas que le prix de l'eau qui fait des remous à Roquebrune. L'Asec dénonce également une surfacturation de la station d'épuration en question. En 2009, la Ville a signé un contrat de délégation de service public (DSP) de vingt ans avec Veolia pour la conception, la construction et l'exploitation de la station d'épuration. « Le coût de la construction et de l'épuration a été facturé aux usagers roquebrunois à partir de la prise d'effet du contrat, alors que la mise en service date de l'été 2012 », dénonce l'élue.
Là encore, Veolia se justifie : « Rappelons que l'objectif du contrat était la construction d'une station d'épuration. Il est donc normal qu'elle se répercute sur la facture d'eau. »
La crainte d'une répercussion sur la Carf
Autre zone trouble selon l'Asec : le taux d'intérêt payée par la commune. « Il est de 6,5% dans le contrat qui lie Roquebrune et Veolia alors même que l'État avait mis en place des financements à 3,9%.C'est donc un coût supplémentaire de plus de 2 millions pour les Roquebrunois. »
Veolia se défend et précise que le taux de financement est lié « aux aléas du chantier de construction qui peuvent alourdir la facture ».
Autre complexité dans cette affaire houleuse : l'impact pour la Communauté d'agglomération de la Riviera française (Carf). Car depuis le 1er janvier 2018, la compétence « eau et assainissement » est devenue communautaire.
À l'échéance des contrats de délégation de service public (DSP), il faudra donc mener une réflexion globale d'harmonisation des tarifs d'eau potable et d'assainissement.
Les membres de l'Asec craignent qu'un prix élevé à Roquebrune ne rejaillisse sur les autres villes. « C'est pourquoi il faut renégocier avec Veolia. C'est nécessaire pour les Roquebrunois mais aussi pour tous les habitants de la Carf qui pourraient payer l'eau potable bien plus cher qu'aujourd'hui », précisent à deux voix Marie-Christine Franc de Ferrière et Alexandre Duet.
Une renégociation est-elle donc envisagée ? En avril dernier, Alain Riquet, directeur des services de la Carf, expliquait sur France 3 que l'intercommunalité avait engagé des négociations avec Veolia pour tenter de faire baisser la facture d'eau.
Depuis, la mairie de Roquebrune et la Carf n'ont pas souhaité commenter cette affaire. Peut-être pour laisser couler de l'eau sous les ponts…
commentaires