Une part de mystère enrobe toujours les ventes aux enchères. À chaque catalogue, son lot d'œuvres énigmatiques à même d'enflammer - ou décevoir - le commissaire-priseur au marteau. Aujourd'hui à 10 heures, puis à 14 heures, deux vacations ne dérogeront pas à la règle à l'Hôtel des ventes de Monte-Carlo.
Sous les ordres de Franck Baille, plus de 600 lots seront adjugés. Antiquités, arts asiatiques, vaisselle… tout y passera lors d'une vente intitulée « HVMC vide ses entrepôts ». Un rendez-vous bi-annuel marqué, cette fois, par la présence d'un intriguant tableau représentant Saint-Georges terrassant le dragon.
Avec son cadre en bois doré et richement sculpté, cette huile sur toile (75x58 cm) interpelle d'autant plus qu'elle n'est pas attribuée, ni signée. « Certainement un travail catalan », s'avance Franck Baille en mentionnant la présence d'une étiquette d'une société de transport espagnole.
Dans la maison de Cézanne
« C'est un tableau qui date de la fin du XVe ou début du XVIe siècle, avec un encadrement typique du XVIIIe siècle et d'importance ». Un support volumineux avec un renfoncement vide en son bas - « il y avait probablement un blason d'une famille avant » - traduisant, à n'en pas douter, un intérêt particulier pour l'œuvre.
Autre énigme autour de ce tableau, sa provenance. « Il provient du grand salon de la Bastide du Jas de Bouffan, ancienne demeure de Louis-Auguste Cézanne. Il a pu être acheté par lui ou par le docteur Corzi, dont les héritiers avaient cédé l'endroit à la ville d'Aix pour en faire le Centre cézannien », narre Franck Baille.
Fin 1899, Cézanne et ses deux sœurs vendent en effet la bâtisse à Louis Granel, un ingénieur agronome polytechnicien originaire de Carcassonne. Puis, en 1994, le dernier propriétaire, André Corsy, vendra la propriété à la ville d'Aix-en-Provence, exception faite de la ferme. Depuis 2002, la maison et ses attenants sont classés Monuments Historiques.
Relativement en bon état malgré quelques accrocs dans les angles, cette œuvre dépeint un sujet récurrent dans la production artistique à la sortie du Moyen-Âge : Saint-Georges terrassant le dragon. Un personnage biblique représenté d'une manière « moins religieuse » en l'occurrence.
Mise à prix : 4 000 euros.
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