Il est rarissime de constater pareil comportement aussi désinvolte de la part d’un sujet monégasque envers un brigadier de la compagnie des carabiniers du Prince. Habituellement les nationaux sont très respectueux. Ce sont surtout les touristes qui se permettent d’insulter ou de rabrouer les militaires qui veillent à la sécurité du souverain, à la suite d’une remarque.
À l’audience, à la demande du président Florestan Bellinzona, les deux antagonistes ont donné leur propre version des faits à la barre du tribunal correctionnel.
« Le carabinier faisait du zèle »
Le prévenu, un gérant de société quadragénaire, n’a pas supporté le rappel à l’ordre de l’officier, le 25 novembre dernier, vers 18 h, au moment de stationner sur la place du Palais. Il allait voir des amis, rue Bellando-de-Castro. Le gradé de la garde rapprochée du prince Albert II lui demande avec une respectueuse insistance de parquer au mieux son véhicule afin de ne pas gêner la circulation de la famille princière. D’abord bougon, le conducteur grommelle des gros mots.
« Le carabinier faisait du zèle, affirme le Monégasque. Je conteste les faits. Le militaire joue sur les mots afin de provoquer un contrôle d’identité. Je ne l’ai pas outragé. Je regrette mes propos qui n’avaient aucune connotation d’insultes. Je me suis peut-être emporté trop rapidement. Mais j’étais exaspéré après avoir fait plusieurs fois le tour du Rocher pour trouver un emplacement… »
Le plaignant, à son tour, souligne que « les mots offensants de cet individu ont bien été entendus et confirmés par deux autres carabiniers. Après lui avoir demandé une seconde fois d’éviter le stationnement gênant, les propos insultants de l’automobiliste s’adressaient bien à moi. »
Le magistrat sermonne le prévenu : « Si vous aviez obtempéré, il n’y aurait eu qu’un petit instant désagréable et nous ne seriez pas actuellement à la barre de ce tribunal. Sur votre casier judiciaire monégasque, apparaissent des condamnations pour stupéfiants en 2014 ; défaut d’assurance en 2017 ; non-paiement des cotisations sociales en 2019. Vous aviez été sanctionné avec des peines d’emprisonnement assorties du sursis. Donc vous n’y êtes plus accessible. »
« Une question de sécurité évidente »
La tolérance de s’arrêter sur la place du Palais est commentée par le premier substitut Cyrielle Colle.
« Il est tout simplement question d’une sécurité évidente pour le carabinier. Il n’y avait aucun zèle de sa part. Même si le ton n’était pas virulent, comme le prétend le conducteur, il fallait obéir. Ce détail rhétorique est intolérable. La peine ? Avec ses antécédents judiciaires, le prévenu doit être extrêmement vigilant à partir de maintenant. Je ne vais pas demander une peine d’emprisonnement ferme. Mais c’est la dernière fois… Une amende de 2 000 e me semble adaptée. »
Le tribunal suivra les réquisitions du ministère public.
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