C’est un ami de longue date de Daniel Elena. Depuis l’année 1987, précisément. « On était compagnon de voile au Yacht-club de Monaco », souligne Olivier Campana. Depuis, leurs vies respectives ont connu des fortunes diverses, des chemins différents. Mais l’amitié, elle, a perduré au fil des décennies. Au gré des routes sinueuses des rallyes historiques, notamment. Un tandem de choc et plus de quinze courses dans le même baquet.
Daniel Elena comme pilote, une fois n’est pas coutume, et Olivier Campana en copilote. Ces deux-là devaient d’ailleurs rempiler une année de plus au rallye Monte-Carlo historique, 22e du nom. Mais avec les obligations sportives qu’on lui connaît - une saison en WRC aux côtés de Sébastien Loeb et un rallye Dakar - Daniel Elena s’est désisté peu après avoir officialisé sa signature chez Hyundai.
« Vu que lui et Sébastien Loeb partent pour une nouvelle saison, c’était compliqué avec l’usure et la fatigue », explique-t-il.
« Le Graal du sport automobile
Alors, il a fallu le remplacer au pied levé. Olivier Campana a, du coup, choisi la personne qu’il connaît sans doute le mieux. Son épouse et mère de ses deux enfants, Lydia. Vingt-cinq ans de vie commune qu’il faudra mettre à profit pour grappiller des places au classement. Lui au volant, elle à sa droite avec les notes et le road-book entre les mains. S’ils vivent leur premier Monte-Carl’ historique, ce n’est, toutefois, pas leur première sur ce genre de rallye de régularité. « On a participé à dix rallyes dans l’arrière-pays niçois et le Var, avec, à chaque fois, une dizaine de spéciales dans la journée. Ce rallye Monte-Carlo, c’est le Graal du sport automobile. Tout est mythique. En naissant à Monaco, vous ne pouvez que baigner là-dedans », expliquent-ils. Dans le coffre de leur Golf GTI de 1979, les tourtereaux ont déjà anticipé les prévisions météorologiques des prochains jours, à savoir de la neige. Pneus cloutés, chaînes et… une pelle en dernier recours.
Ce soir à 20 heures, ils prendront le départ du port Hercule pour rallier la concentration à Buis-les-Baronnies, en plein cœur de la Drôme provençale. Quinze spéciales, dites zones de régularité, les attendent dont l’avant-dernière (ZR 14 : col de Braus-La Bollène), calqué sur les anciennes « Nuit du Turini ». Du genre piégeux. Si le pilotage a, forcément, une part prépondérante, le copilotage est sans doute aussi important. Voire plus.
« Concentration et anticipation »
« Il faut maîtriser les appareils et sans cesse se recaler par rapport à une distance. Indiquer si on est en retard ou en avance, donner les informations sur les virages, les croisements. Cela demande de la concentration, de l’anticipation. Il faut savoir gérer l’imprévu et les conditions de route et climatiques. Il faut toujours planifier en amont. Et également gérer l’assistance et la logistique », détaille Lydia.
Rouler en couple complique-t-il ou facilite-t-il les choses ? « Disons que c’est vivant, sourit Lydia. Il y a plus de franchise. »
« On va essayer de ne pas divorcer à l’issue de la quinzième spéciale, renchérit Olivier. Il y a deux ans, on est tombé en panne. Il a fallu bricoler sur la voiture. C’est le radiateur qui perdait de l’eau. On s’est arrêté pour aller au supermarché acheter de l’eau. C’est ça aussi le rallye : réagir ensemble. » La solidarité sentimentale peut-elle être déterminante sur la ligne de vérité ? Réponse dans les prochains jours.
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