Tunnel Rainier-III : une mise aux normes à 60 Me Une connexion avec le tunnel Albert II pour les pompiers français
Un sondage des parois du tunnel par minage a été réalisé hier matin en amont du percement d’une galerie d’évacuation pour piétons de 1 100 mètres, parallèle aux voies de circulation
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Publié le 22/11/2019 à 10:21, mis à jour le 22/11/2019 à 10:21
La future galerie d’évacuation sera percée sur 1 100 mètres à partir de la gauche de la galerie « SNCF » (ci-dessus), qui relie le tunnel Rainier-III à la station de trains.
Ouvert en 1994 pour relier Monaco à la France, le tunnel Rainier-III, qui débouche à Cap-d’Ail, fait actuellement l’objet d’études préparatoires à sa mise aux normes en termes de sécurité. L’ouvrage, qui s’étend sur 1 560 mètres - dont environ 350 mètres à Monaco et le reste en France -, disposera ainsi, à horizon 2026, d’une galerie de secours d’évacuation des piétons de 1 100 mètres, comptant onze points d’entrée comme autant de refuges pour des personnes qui se retrouveraient bloquées en cas de sinistre.
Un nouveau projet pharaonique pour la Principauté qui, en tant qu’exploitante de cette liaison franco-monégasque, déboursera quelque 60 millions d’euros pour le percement et l’aménagement de cette galerie à même la roche !
« On avait développé un projet en neutralisant une voie pour pouvoir faire la galerie dans le tunnel, sans creuser. Ce projet a été loin mais il a fini par tomber à l’eau car il aurait conduit à réduire la chaussée d’une voie et aurait induit une congestion de la circulation, précise Christophe Uhring, conducteur d’opération au service des Travaux publics du gouvernement princier. En 2014, nous sommes donc repartis sur de nouvelles bases avec ce projet de galerie parallèle de 1 100 m. »
Objectif 2026
Un compromis qui, avant d’aboutir, aura nécessité de nombreuses navettes entre Monaco et la France pour recueillir notamment l’aval de la préfecture des Alpes-Maritimes et des services de secours concernés (lire ci-dessous).
« L’objectif est une ouverture mi-2026. À partir de mi-2020, il faudra compter à peu près deux ans et demi d’études par l’entreprise en charge des travaux et trois ans et demi de travaux », détaille Christophe Uhring. Lancée voilà cinq ans, la propre campagne d’études et de faisabilité des Travaux publics monégasques devrait en effet déboucher sur la désignation d’un maître d’ouvrage début 2020.
Si vous vous demandiez pourquoi le tunnel Rainier-III était régulièrement fermé de nuit ces derniers temps, c’est justement qu’une phase d’investigation géotechnique a été entreprise il y a deux mois. Des carottages sur des profondeurs de 20 à 50 mètres ont ainsi été effectués pour connaître la nature des sols et la solidité de la paroi rocheuse. Une campagne de sondage évaluée à 400 000 euros.
Hier matin, le sondage a pris une autre ampleur avec la tenue de tirs d’essais dans la galerie dite « SNCF ». Un vaste passage souterrain (voir photo) raccordant la gare au tunnel Rainier-III et qui, dans les années quatre-vingt-dix, était le corridor d’évacuation des roches excavées pour la construction de la station de trains souterraine.
C’est là, à 45 mètres des voies fermées à la circulation du tunnel Rainier-III (cinq coupures ont été réalisées hier matin), que la société ERG et son sous-traitant, le groupe EPC, ont procédé à trois « minages ». De « petites » charges d’une émulsion de gel dont l’explosion a été ressentie en gare et dont les résonances ont fait l’objet de relevés au moyen de capteurs placés dans le tunnel Rainier-III comme en surface.
Des charges explosives plutôt qu’un tunnelier
À terme, l’évacuation de secours passera une trentaine de mètres au-dessus du tube ferroviaire et soixante mètres la séparera des quartiers urbanisés en surplomb, dont L’Engelin. Les syndics avaient d’ailleurs été alertés des possibles échos de cette opération de tirs, hier.
Lors de la phase de travaux proprement dits, de plus fortes charges seront déclenchées pour briser la roche, l’option d’un tunnelier ayant été écartée pour des questions de rentabilité. Des fermetures du tunnel Rainier-III, de jour ou de nuit, ainsi que des limitations de circulation sur une voie sont à prévoir afin d’évacuer les gravats.
Enfin, les travaux ne pourront être engagés qu’au terme d’une procédure classique d’expropriation des tréfonds dont les formalités sont simplifiées en matière de mise en sécurité d’un tel ouvrage.
Il y a vingt ans, un camion frigorifique prenait feu en plein milieu du tunnel du Mont-Blanc, causant la mort de trente-neuf personnes et conduisant à une profonde refonte nationale et européenne des normes de sécurité dans ces ouvrages.
Le tunnel Rainier-III, qui a encore fait l’objet d’un exercice binational de sécurité fin 2018, présente ainsi des lacunes. Seuls trois abris sont aujourd’hui dédiés aux usagers en péril, dont une zone de 50 m2, entre deux rideaux de fer, justement au niveau de la galerie SNCF.
Les services de l’État profiteront également de la création de cette galerie d’évacuation de 1 100 m pour changer les dispositifs de ventilation. Aucune création de niche de sécurité n’est a priori prévu sur les 300 premiers mètres du tunnel, les usagers ayant la possibilité de revenir sur leurs pas en cas d’urgence.
Le mille-feuille des souterrains monégasques réservant toujours des surprises, il se trouve que la construction du tunnel Albert II (livré en 2016) s’est accompagnée d’un raccord avec le tunnel Rainier-III. Une connexion qui permettra aux pompiers français de rallier un accident dans le tunnel, ou la future galerie piétonne, sans avoir à remonter à contre-sens le tunnel Rainier-III.
Quant aux autres tunnels de Monaco, ils sont aujourd’hui parés à tout incident même si quelques retouches restent dans les tuyaux comme la création d’une sortie de secours supplémentaire au Larvotto.
Entre 13 000 et 16 000 véhicules empruntent chaque jour le tunnel Rainier-III pour sortir de Monaco.Hier, de petites charges ont été déclenchées. Lors des travaux, les explosions seront conséquentes.
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