C'est impressionnant de constater à quel point Monaco a un public chorégraphique curieux, fidèle et assidu. Dans la profusion des propositions culturelles et récréatives de décembre, tous les spectacles du Monaco Dance Forum affichent complet jusqu'à demain.
En huit jours, ce sont six mille places distribuées entre le Grimaldi Forum, le Théâtre des Variétés et la salle Garnier (ceci sans compter les workshops, colloques et autres projections audiovisuelles).
Pourtant, la programmation n'est pas particulièrement « grand public ». Des créations, des danses d'inspiration traditionnelle, un grand spectacle grec très atypique… Autant de propositions originales qui savent éveiller la curiosité. Peut-être d'abord parce que le Monaco Dance Forum est une promesse de qualité. Mais certainement aussi parce que le public s'est forgé, année après année, un regard aiguisé sur la danse. Créé il y a dix ans par la princesse Caroline de Hanovre et Jean-Christophe Maillot, et sous la houlette des Ballets de Monte-Carlo depuis 2011, le Monaco Dance Forum est un concentré de formes et styles.
L'éternel Nijinsky
Samedi dernier, le festival a démarré avec un hommage à Nijinsky. Un siècle plus tard, le danseur de la troupe de Diaghilev inspire encore et encore. Au programme : rien de moins que quatre pièces chorégraphiques et deux créations. Jean-Christophe Maillot a ouvert le programme avec un Daphnis et Chloé créé en 2010 à l'occasion de la célébration du centenaire des Ballets Russes. Un hymne à l'amour composé de pas de deux et de quatre qui se mêlent et s'entremêlent sur une toile de fond qui évolue au rythme accéléré des dessins de nus d'Ernest Pignon-Ernest. La création mondiale de Jeroen Verbruggen, Aimai-je un rêve ? sur la musique de Debussy Prélude à l'Après-midi d'un Faune, a prolongé sans équivoque la sensualité dans une veine strictement masculine. La reprise du Spectre de la Rose de Marco Goecke à Monaco était un moment attendu tant l'émotion provoquée, en 2010, par Jeroen Verbruggen, alors danseur des Ballets de Monte-Carlo, avait laissé le public sans voix.
Une pièce très justement composée avec des interprètes précis à l'extrême, mais pour laquelle on n'a pas retrouvé la même folie exutoire. En fin de spectacle, Pétrouchka était la touche finale. Costumes soignés et riche décor. Mais l'argument réécrit est resté peu convaincant.
Un danseur indien époustouflant
A succédé en début de semaine, au Théâtre des Variétés, Rising d'Aakash Odedra avec quatre très courtes pièces de Akram Khan, Russell Maliphant et Sidi Larbi Cherkaoui. Une heure de spectacle et quatre solos d'un même danseur tout simplement époustouflant, tant dans sa gestuelle en danseur indien traditionnel que dans la veine de la création d'aujourd'hui.
Mardi soir, The Great Tamer de Dimitris Papaioannou (le chorégraphe des J.O d'Athènes en 2004) a rempli la salle des Princes du Grimaldi Forum. Sorte de tragédie grecque contemporaine qui récapitule l'art des maîtres de l'Occident. Sublime mais parfois dérangeant dans l'évocation morbide de l'humanité, d'une précision qui force le respect, d'une mise en scène très aboutie, le spectacle restera certainement le temps fort de cette édition.
Jeudi soir, dans l'écrin de la salle Garnier, place était donnée à la danse basque avec Oskara de Kukai Dantza. Les interprètes font une synthèse fine et sensible de la danse et la musique entre tradition basque et goût contemporain. Le tout dans un jeu de décor et de lumière sans ostentation.
Le festival se termine avec le Maladain Ballet Biarritz qui joue Noé ce soir et demain après-midi.
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