Après le scandale du vol de matériaux sur le chantier du futur tunnel de Tende, en juin 2017 - ayant conduit à une interruption totale du chantier - on pouvait espérer s'en arrêter là. Comme au théâtre, un acte II n'a pourtant pas tardé à occuper le devant de la scène. Un scandale d'ordre écologique, cette fois-ci, qui s'est ajouté aux difficultés déjà rencontrées par l'Anas, le maître d'ouvrage italien, contraint à lancer un ultimatum au géant du BTP Fincosit pour qu'il quitte les lieux avant la fin du mois de mai. Contraint, aussi, à trouver une entreprise qui accepterait de prendre le relais après un tel fiasco.
Par contrat, les sociétés arrivées en deuxième et troisième positions dans l'appel d'offres européen devaient être sollicitées. Mais selon plusieurs sources, elles auraient toutes deux refusé. D'après les estimations du journal transalpin Corriere della Sera, le chantier pourrait, si tel était le cas, ne pas reprendre avant… 2 027.
Et c'est là que le bât blesse. Là que le deuxième acte remplit toutes ses promesses. Car depuis que les travaux sont à l'arrêt, les entreprises ont tout laissé sur place. Tout, même des tas de matériaux dangereux au nom barbare : anhydrite.
« Ces gravats classés, extraits du percement du futur tunnel devaient être traités avec précaution, dans une carrière spécialisée. Placés à l'air libre, leur décomposition est accélérée, indiquait Alain-Jean Vernet, expert géologue niçois. Le risque, c'est que ces matériaux qui n'ont rien d'inerte se déversent dans les vallons et les contaminent. » Autrement dit, que les réserves en eau potable du secteur soient polluées. Une crainte dont l'association « Roya expansion nature » avait déjà fait part quatre ans auparavant.
Fin avril, des observateurs du maudit chantier ont constaté qu'une activité avait repris. Sauf que les ouvriers de Fincosit n'évacuaient nullement les gravats. Et montaient au contraire une canalisation en béton autour des tas. Pour, vraisemblablement, contenir les eaux de ruissellement et ainsi tenter de les empêcher de se déverser dans le vallon de la Canelle. Lors de la dernière commission intergouvernementale, organisée le 18 octobre à Paris, l'ANAS aurait annoncé qu'une solution a été trouvée pour supprimer les tas d'anhydrites, et qu'une négociation est en cours, après qu'une entreprise s'est dite prête à reprendre les rênes du chantier. Le bout du tunnel ?
commentaires