Voilà qui ne surprend plus grand monde, et surtout pas les scientifiques. Valberg a annoncé mettre fin à sa saison plus tôt qu'elle ne l'espérait, faute de neige. Elle n’est pas la seule: "On voit cette année que personne ne réussit à garder le cap. On ne peut pas lutter contre la nature", résume Damien Matteoli, chargé de mission stations au Pays de Grasse.
Quelle est l'ampleur du changement climatique sur les stations de ski, à court et moyen terme? Pour répondre précisément à ces questions, la Région a commandé en 2021 une étude extrêmement poussée sur les perspectives d'enneigements naturel et artificiel à l’horizon 2035 et 2050 pour 48 stations des Alpes du Sud. Le but consiste à dépasser les postures idéologiques et donner les clés aux élus locaux: les investissements d'argent public valent-ils encore la peine ou pas?
Hugues François, chercheur à l'Inrae (Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement), et Carlo Carmagnola, nivologue, sont les auteurs de cette étude menée par un consortium (Météo France / Inrae / Dianeige). Ils expliquent leur travail et ses résultats.
Pourquoi cette étude?
Les scientifiques ont travaillé avec les stations, piste par piste, vallon par vallon, pour donner des projections d'enneigement naturel, mais aussi artificiel, en fonction des équipements actuels ou à venir. Avec un scénario pessimiste, et un scénario optimal. "L’idée, c’est de dire: sur cette piste, vous aurez tant de jours de ski", résume Carlo Carmagnola. "Cette visibilité permet de justifier la pertinence des choix d'aménagement, avec cette question: est-ce qu’on va dans le mur?"
Pourquoi à l’horizon 2035-2050?
"Du point de vue des stations, les investissements lourds sont à 20 ans. C'est à cette échéance que les choix faits aujourd'hui ont un impact", développe Carlo Carmagnola.
2050 est, elle, une année référence pour les scientifiques du climat. Au-delà, les projections sont plus aléatoires. "Globalement, les difficultés d'enneigement qu'on rencontre une année sur cinq actuellement vont se reproduire une année sur deux d'ici à 2050, résume Hugues François. On va avoir une plus grande récurrence des saisons déficitaires. Il faudra augmenter la production de neige de 20% pour revenir aux niveaux d'enneigement naturels actuel, donc sans neige artificielle!"
Y a-t-il un seuil d'altitude?
Globalement, "en dessous de 2000mètres d'altitude, la tendance de l'enneigement est à la diminution". Mais les scientifiques insistent: il y a beaucoup de critères (orientation, topographie…). Les impacts peuvent être variables au sein d'une même station. Et les décisions compliquées à prendre. "Imaginez une station dont les pistes descendent jusqu’au village, souligne Carlo Carmagnola. Les gens aiment rentrer skis aux pieds. Que fait-on pour ces parties basses? Est-ce intéressant de maintenir de l’enneigement, ou pas?"
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