Mohammed travaillait au restaurant Bagatelle depuis un an comme plongeur. Il a été licencié selon les termes de l'article 6, c'est-à-dire sans motif.
Hier, une quarantaine de personnes rattachées à l'Union des syndicats de Monaco (USM), et plus spécifiquement au syndicat des hôtels-cafés-restaurants (HCR), se sont rassemblées à deux pas de la place du Casino, devant l'entrée du restaurant en question, pour soutenir le salarié, absent quant à lui.
Licencié sans motif
Pour les représentants de l'Union des syndicats de Monaco, qui lutte depuis de nombreuses années pour faire disparaître l'article 6 du Code du travail monégasque, la procédure de licenciement n'aurait, de surcroît, pas été respectée.
Jean-Marc Bénichou, secrétaire général adjoint des HCR : « Mohammed a été viré sans ménagement, sans entretien ni préavis. Les conditions de travail se dégradent. Les patrons ne respectent plus aucune loi. » À ses côtés, Jean-Pierre Messy, secrétaire général du syndicat des cuisiniers, souligne : « On ne pouvait pas descendre plus bas. Ce salarié a reçu une lettre manuscrite le dispensant de travailler. Ce cas symbolise à lui seul une dérive scandaleuse qui existait dans les petits établissements et qui touche toute la profession aujourd'hui. »
Les syndicats sont formels. Dans les tracts distribués dans la rue, devant la mine quelque peu étonnée des passants, ils indiquent que Mohammed s'est fait « injustement licencier », « de manière brutale, sans entretien préalable, sans préavis et surtout sans aucun motif, du jour au lendemain. »
Du côté de la direction, l'explication est tout autre. « Je comprends que cela puisse heurter les syndicats, mais l'article 6 fait partie du cadre juridique du droit du travail à Monaco, explique Maxime Bureau, directeur de Bagatelle. Nous lui avons envoyé une lettre RAR pour le convoquer à un entretien préalable. Le salarié n'est pas venu. Puis il a été convoqué de nouveau et nous avons eu une discussion. Je lui ai donné congés de son préavis d'un mois mais il a été payé. Tout comme il a reçu les indemnités prévues par la loi. Pour moi, le dossier est clos. »
Mohammed était retenu hier pour des raisons familiales. Joint par téléphone, il remercie les représentants de l'USM pour leur mobilisation. « Ça fait du bien. Je fais la plonge depuis cinq ans. À Bagatelle, on fait jusqu'à cent couverts par jour. C'est très dur. J'ai été payé et je veux maintenant trouver un nouvel emploi. »
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