"Personne, et surtout pas le “patron” [SAS le prince Albert, ndlr] n’a envie que Monaco se transforme en Punta Cana pour le réveillon". La métaphore, Nicolas, le patron du 8&demi, la file au barbelé sur le mode humour noir.
A l’approche des fêtes, alors que la France est totalement sous cloche, l’appel d’air d’un déconfinement maîtrisé en Principauté - avec ses restaurants ouverts qui donnent l’impression d’avoir été téléportés dans un monde parallèle imaginaire - avait alimenté bien des fantasmes.
Sur l’air de si "on allait bambocher sur le Rocher?", la provocation de nombreux internautes sur les réseaux sociaux ne pouvait être prise à la légère.
Le spectre d’une Principauté prise d’assaut par des centaines d’Azuréens avait de quoi inquiéter. Mais ce jeudi soir, le prince Albert a sifflé la fin de ces extrapolations.
Depuis que Jean Castex a réappuyé sur le bouton "reconfinement", Monaco, avec ses restos et son ambiance de presque normalité est devenu le Graal. "J’ai honte, mais on n’a jamais aussi bien travaillé que depuis la fin octobre", avoue Eric, le patron d’un petit resto sur le Rocher.
"Du jamais-vu"
Aussi formelle, mais totalement transparente, Maggy, la cogérante du 8&demi balance les chiffres: "Malgré les contraintes - on ne peut être ouvert que de 11h30 à 15h et de 19h à 21h30, on a fait 10.000 euros de chiffre de plus en novembre que le même mois de 2019. On est plein tous les jours, c’est du jamais-vu. On a dû ouvrir le dimanche."
Privés trop longtemps de sorties, les clients se font encore plus plaisir qu’avant, dépensent beaucoup plus. Ce sont essentiellement des locaux - monégasques ou pas qui travaillent en Principauté -, mais aussi beaucoup d’Azuréens, de Varois, même de Marseillais qui viennent, ici, retrouver le goût de la vie d’avant.
Nicolas ainsi se souvient de trois Fréjusiennes, totalement désespérées quand il fallut leur annoncer que le resto était complet: "Elles nous suivent sur Instagram, et s’étaient motivées pour s’offrir un bon repas, une bonne soirée même courte - à 21h30 tout le monde est dehors - sans imaginer qu’en plein mois de novembre nous puissions être complets."
A l’approche des fêtes, ce désir de "resto entre amis" est encore plus fort. Pour le jour de Noël et le 1er janvier, les réservations flambent partout. Le sold out est annoncé. Une vraie bombe à retardement - en matière de sécurité publique autant que sanitaire - si le prince Albert n’avait pas fixé les limites strictes du "vivre ensemble un réveillon en Principauté": "Là, on va devoir fermer à 22h30 et tant mieux. Imaginez, sinon, des centaines d’azuréens venant réveillonner sans limite chez nous, mais restant bloqués en Principauté jusqu’au lendemain 6 heures du mat’! Une pure folie."
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