Qu'y a-t-il de commun entre ce monument orchestral qu'est la « 9ème Symphonie » de Mahler et ces chansons bretonnes que l'on déroule en guirlandes aux soirs de fête en frappant des mains ou du pied ? Rien. Rien si ce n'est que toutes ont été programmées ce week-end au Printemps des arts.
Le moins qu'on puisse dire est que ce festival pratique l'éclectisme. Il faut de tout pour faire le Printemps des arts !
La Neuvième symphonie de Mahler, donc, était interprétée samedi soir en l'Auditorium, par le Philharmonique de MonteCarlo sous la direction de Gianluigi Gelmetti. L'orchestre et son chef ont cheminé pendant une heure trente, main dans la main, dans une œuvre qui est beaucoup plus qu'une simple symphonie : c'est un parcours initiatique qui nous conduit aux limites de l'âme humaine. Elle est indéfinissable, cette œuvre, avec ses fragments de thèmes qui s'entrechoquent, ses rythmes capricieux, ses emportements surprenants, ses fracas olympiens et ses murmures qui frémissent aux frontières du silence. Elle est dantesque et bouleversante, porteuse d'un message sacré.
Un grand moment musical
À la fin, lorsque tout a été dit, on a vu le chef incliner la tête comme dans une prière. La salle était figée dans le silence, bouleversée parce qu'elle venait d'entendre. Puis elle a explosé en applaudissements qui ont duré un bon quart d'heure. Après une heure et demie d'émotion et de concentration, la salle applaudissait l'orchestre et son chef, et les musiciens s'applaudissaient les uns les autres au fur et à mesure que le chef les faisait saluer. On venait de vivre un grand moment au Printemps des arts.
Hier, après Mahler, le Finistère ! Place à la Bretagne et à ses chants traditionnels ou sacrés. Sur la scène où, la veille, avaient pris place quelque cent musiciens, trois seules chanteuses a capella, Annie, Noluen et Marthe, membres du Trio Ebrel, vêtues en robes du soir comme à un concert classique, ont fait revivre en langue bretonne ces chants légendaires que l'on se transmet oralement de génération en génération.
Puis YannFauch Kemener - l'un des grands chanteurs de sa génération dans son domaine - a fait vibrer les chants sacrés de la Passion, ces chants traditionnels que l'on chantait durant la Semaine Sainte au pied des calvaires. Ils avaient belle allure ces chants intenses qui pleuraient la mort du Christ, et imploraient la pitié de Marie. Ils invoquaient « Guerhiez santel », autrement dit la Sainte Vierge. Ils étaient vibrants, ces alléluias bretons !..
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