Plus d’air et de libertés pour les personnes âgées et leurs familles
Les patients résidents du centre de gérontologie et des Ehpad peuvent désormais accueillir leurs familles en extérieur, voire sortir. Un pas de plus dans la stratégie de déconfinement progressif
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Thomas MichelPublié le 04/07/2020 à 09:21, mis à jour le 04/07/2020 à 09:29
Les patients et résidents ont désormais l’autorisation de recevoir leurs proches en extérieur.
Prudent, progressif et adaptable, le déconfinement de la filière gérontologique a débuté intra-muros et se poursuit en externe au centre Rainier-III et dans les résidences du Cap-Fleuri et A Qietüdine. Depuis le 21 juin, jour de la Fête des pères, les familles ont ainsi à nouveau le droit de rendre visite chaque jour aux patients résidents. À raison d’une visite après enregistrement à l’accueil et port du masque et désinfection des mains obligatoires.
La nouveauté, c’est que, depuis le week-end dernier, les familles peuvent quitter les chambres pour s’installer sur les terrasses et jardins. Et même y prendre leur repas, comme sous la tonnelle du Cap Fleuri. Bref, prendre un bon bol d’air ensemble pour la première fois depuis trois mois !
« On n’a pas fait un déconfinement brutal »
Des libertés retrouvées et des paliers franchis qui ont un impact sur le moral des patients, résidents et proches. « Chaque pas progressif a été ressenti comme une avancée, confirme le Dr Sandrine Louchart de la Chapelle, chef de service gérontologie au CHPG. On n’a pas fait un déconfinement brutal. Les rencontres avec les familles sont chargées d’émotion et il aurait été compliqué de les réinstaurer directement. Il fallait d’abord qu’ils puissent sortir de leur chambre, prendre des repas en commun dans le respect de la distanciation sociale et des règles barrières primordiales, reprendre les activités en petits groupes, qu’un peu de vie revienne dans les unités tout simplement. »
Un retour à la « vie normale » en douceur pour préserver l’équilibre psychologique avant tout. « On a toujours eu à cœur de faire attention à l’état émotionnel et psychologique des patients et résidents. D’ailleurs, on avait renforcé l’équipe de psychologues. »
L’équilibre physique, aussi. « Après le confinement, on a fait des évaluations de leur marche et de leur équilibre, pour s’assurer qu’il n’y avait pas un risque de chute plus important. Des évaluations par les kinés parce que c’est une chose d’être confiné quand on a 20 ans et de ressortir, c’en est une autre quand on est plus âgé et fragile. D’autant que l’environnement extérieur avait changé aussi. Ils voyaient les gens avec les masques et ont découvert toutes les mesures qui avaient été prises. »
« Une réponse aux attentes et aux besoins »
Les plus vaillants, en l’occurrence les pensionnaires d’A Qietüdine, ont même pu reprendre le chemin du marché de la Condamine ce mercredi. Vingt-trois résidents, dont dix accompagnés de leurs proches, ont eu la joie de renouer avec les odeurs et saveurs du marché et des restaurants. « On était surtout dans la réponse aux attentes et aux besoins. Ceux qui ont exprimé le plus rapidement ce besoin de sortir à nouveau étaient de facto les personnes les plus autonomes, dont les habitudes de vie étaient déjà celles d’aller régulièrement au marché et de sortir. » Deux sorties d’animation ont également été réalisées depuis le 24 juin.
Cet assouplissement de la liberté d’aller et venir est désormais possible pour l’ensemble des patients et résidents des établissements monégasques, sur accord médical et dans le respect des mesures de précaution, y compris de gestion de la canicule (lire ci-dessous).
À chaque sortie, le patient résident quitte sa chambre avec un masque chirurgical, remplacé à son retour après lavage des mains.
Depuis le début de la crise sanitaire, aucune contamination n’est à déplorer dans la filière gériatrie à Monaco. Un poids en moins pour le personnel soignant qui a permis de concentrer d’autant plus d’efforts sur le soutien psychologique.
« On ne va pas dire qu’on est les champions du monde [rires]. Mais on a tout fait pour qu’il y ait le moins d’anxiété possible, estime le Dr Sandrine Louchart de la Chapelle, chef de service gérontologie au CHPG. Toute l’équipe d’animation a notamment été redéployée dans les étages. Bien entendu, comme pour tout le monde, il y a eu des anxiétés face à cette maladie nouvelle et arrivée de façon brutale. On a fait en sorte de pouvoir repérer et accompagner. » « Au moment le plus fort du confinement, les effectifs d’animateurs ont été doublés sur les trois établissements de la filière gérontologique, grâce notamment au renfort des effectifs du centre Speranza-Albert II », ajoute Laure Santori, directrice adjointe du CHPG et directrice du Centre Rainier-III.
Un redéploiement des neuropsychologues a aussi permis « d’accompagner de façon la plus juste les proches et familles ». Des familles en contact permanent grâce à des tablettes et smartphones. « Les appels en vidéo (lire ci-dessus) ont été très importants et appréciés. »
Aucune situation de détresse psychologique n’a ainsi été détectée, selon Laure Santori. « En consultation, j’ai vu plus de difficultés sur des gens qui étaient à leur domicile. Certaines ont eu des décompensations anxieuses et ont même été hospitalisées. L’hospitalisation a été une réponse. Mais honnêtement, au sein du CRIII ou des Ehpad, nous n’avons pas vu émerger d’autres pathologies et on n’a pas eu de cas d’anxiété majeure ou aiguë qui auraient nécessité une prise en charge très spécifique. »
Les familles ont pu rester en contact permanent.
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