Il a fallu du temps pour que Boris Herrmann se remette du Vendée Globe, qui l’a classé 5e sur 33 concurrents engagés entre novembre 2020 et mars 2021. L’épreuve fut rude et la complicité du navigateur avec Pierre Casiraghi, vice-président du Yacht-club de Monaco, a été déterminante pour lancer un nouveau projet et envisager un autre tour du monde en solitaire en 2024.
Bien sûr, le classement de Malizia II et l’enthousiasme qu’il a fait naître ont été déterminants pour donner l’impulsion d’une nouvelle aventure. "Notre succès, mais aussi le succès général de la course alors qu’on était au début de la crise sanitaire du Covid, a permis à tous de rêver de voyages, de mer et de liberté, explique Pierre Casiraghi. Cela nous a donné envie de repartir et revivre ce projet en trouvant de nouveaux partenaires."
"Nous construisons pour la première fois notre bateau"
Ce lundi, les deux passionnés de voile ont présenté l’Imoca en construction à Vannes (Morbihan), déjà baptisé Malizia III, et qui devra donner un nouvel élan à leurs projets sportifs et environnementaux. Un bateau de plusieurs millions d’euros, financé par sept partenaires dont le Yacht-club et la banque EFG basée à Monaco.
Il y a quelques jours seulement, la coque a été démoulée. Une ligne arrondie, "en forme de banane", souligne Pierre Casiraghi, qui contraste avec celle du bateau précédent.
"Le bateau dessiné par Sébastien Josse a été fortement modifié", souligne Boris Herrmann. De nouveaux foils ont été installés. La structure a été modifiée. "Nous construisons pour la première fois notre bateau, avec nos idées et notre vision. Il est plus adapté à la mer. Les unités pour la course sont très plates et très difficiles à mener dans la mer agitée."
Le nouvel Imoca de 18 mètres aura donc des formes qui sont pensées pour mieux naviguer sur une mer moyenne, comme celle généralement rencontrée sur le Vendée Globe. La ligne de flottaison sera beaucoup plus courte. "Ça ne se voit pas dans les bateaux depuis au moins dix ans", note le navigateur.
"Boris a fait des choix difficiles, explique Pierre Casiraghi. Le bateau sera plus lourd, plus rond - ce qui est totalement innovant dans cette classe. Ça rend le projet encore plus enthousiasmant. J’essaie de soutenir Boris et de l’accompagner. Je pense que ses choix sont les bons."
Mais l’esprit de Malizia, c’est aussi participer à une autre course: celle de la lutte contre le changement climatique. "C’est un projet qui implique, depuis quatre ans, tous les enfants de l’école de voile du Yacht-club, souligne Pierre Casiraghi. Nous avons eu beaucoup de plaisir à échanger avec les enfants qui sont très curieux et ont envie de protéger leur environnement."
"Un mini-laboratoire à bord"
Le bateau dispose d’un mini-laboratoire à bord, de la taille d’une valise de 17 kg, pour mesurer en permanence et de façon très précise le taux de CO2 des océans. Dans des zones où très peu de données sont prises, comme en Antarctique, Boris Herrmann est quasiment le seul à fournir les informations aux scientifiques. "Nous allons faire deux tours du monde; soit deux fois plus de données récoltées ce qui permet les comparaisons", se réjouit le navigateur.
Le bateau est fini aux deux tiers de sa construction. La mise à l’eau sera le 19 juillet 2022 à Lorient (Morbihan). Il faudra ensuite se qualifier pour la Route du Rhum, qui sera la première grande étape sportive.
Le 15 janvier 2023, depuis Alicante, sur la côte méditerranéenne espagnole, ce sera le départ de l’Ocean Race, tour du monde en équipage durant six mois. "C’est un rêve pour préparer le Vendée Globe. C’est là où nous allons vraiment voir si notre concept fonctionne ou pas."
Le bateau sera ensuite amarré à Monaco en juillet 2023. De quoi faire rêver les Monégasques et amis de Monaco et du Yacht-club.
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